Zoom sur Trikar, à la veille de l’organisation d’une des soirées du collectif bordelais à l’IBOAT avec une des figures de la scène techno européenne, Phase Fatale.
Crédit photos : Tornadaw
C’est autour d’une volonté de « faire découvrir des styles sous représentés et d’explorer une nouvelle esthétique de la techno, plus sombre et plus sobre » qu’est née Trikar. Fruit de plusieurs voyages à l’étranger, le projet est inspiré des nombreux clubs et scènes alternatives découvertes par ses membres fondateurs. Qu’on pense à Berlin ou à des villes plus à l’Est du continent, de Tbilissi à Kyiv, le collectif puise ses influences du côté de l’univers de la techno, sombre et froide. Une esthétique et des valeurs alignées avec son identité visuelle.
« Un groupe de potes »
Comme bon nombre de collectifs musicaux, Trikar se présente avant tout comme un « groupe de potes ». Son équipe revient sur la philosophie du projet : « L’esprit familial est essentiel pour nous. Chacun apporte en autonomie sa sensibilité et ses compétences, ce qui enrichit le projet sur plusieurs aspects. » Derrière le collectif se cache plusieurs profils, aux rôles bien précis.

D’abord, une direction artistique, chargée de la cohérence visuelle et esthétique. Un programmateur, ensuite, qui sélectionne les artistes invité·es à jouer aux soirées Trikar, et qui façonnent ainsi l’identité musicale de l’entité. On retrouve également au sein de l’entité un sound designer, des photographes, un peintre, ainsi qu’une équipe dédiée à la gestion des bénévoles et à la réduction des risques. « On aime que tous les aspects d’un événement soient gérés en interne. Je dirais même que nous avons les talents en interne qui nous le permettent. En faisant cela, nous contrôlons tous les aspects de nos soirées. Rien n’est laissé au hasard et nous sommes sûrs que l’événement nous représente » explique des membres du collectif.
Scène locale effervescente en manque de lieux
Évoluant dans un climat positif et bienveillant, fait d’« effervescence et d’énergie », Trikar est enjoué à l’idée de croître et de se développer aux côtés d’autres organisations au sein de la scène électronique locale. Des collaborations sont ainsi mises en place, de sorte à créer des événements de plus grande ampleur, et rassembler un plus large public. Le collectif à d’ailleurs rejoint cette année le Bordeaux Electronic Week, festival rassemblant plusieurs collectifs de la scène électronique bordelaise.
La rareté des lieux à Bordeaux contraint le choix et tend à uniformiser l’offre musicale. Ça complique aussi la mise en avant de sonorités plus niches auxquelles on tient tant.
Trikar


Interrogé sur l’état de l’écosystème musical local, le collectif déplore malgré tout un « manque de clubs et de tiers-lieux » où s’exprimer. « Cette rareté des lieux contraint le choix et tend à uniformiser l’offre musicale et complique la mise en avant de sonorités plus niches auxquelles on tient tant. » À une échelle plus globale, les membres Trikar constatent la recrudescence de la fermeture de clubs et de lieux de culture. Pour le collectif, ce manque de terrain de jeu est considéré comme un « défi supplémentaire ».
Phase Fatale à Bordeaux
Samedi 15 février, Trikar accueillera à l’IBOAT Phase Fatale, DJ basé à Berlin. Selon les membres du collectif, l’artiste incarne la « plus fidèle représentation de notre style et aussi de notre évolution. C’est un mélange de techno corporelle, parfois deep et hypnotique parfois brute, allié avec une très grosse culture qui va de la techno de détroit et des classique EBM et newbeat. »

Véritable source d’inspiration pour le collectif, Phase Fatale et sa musique sont aussi à l’origine de la création du collectif. Un des membres explique : « il fait partie des artistes qu’on écoutait en boucle avant de créer le collectif, à une époque où son son était très indus. » À ses côtés, on retrouvera d’autres artistes qui représenteront d’autres esthétiques, tels que le résident de Trikar Lask et Pas de quartier dans le mini-club de l’IBOAT.
Perspectives 2025
Quand on demande au « groupe de potes » de quoi sera fait 2025, ils commencent par parler de l’IBOAT, ce club qu’ils « chérissent beaucoup » et qui leur offre un véritable « terrain d’expression ». Côté projet, un label semble être en préparation, avec une première compilation « pour poser les bases de notre identité sonore et mettre en avant des artistes qui nous inspirent » expliquent-ils. Les rangs du collectif vont aussi s’agrandir, avec l’arrivée d’une nouvelle DJ ayant pour but d’ « amener une palette sonore différente, résolument plus electro. »
Avec l’ambition d’élargir ses projets au niveau de la scène nationale, le collectif a par ailleurs l’envie d’organiser un événement avec un club réputé de la capitale, ville où la plupart des membres de Trikar sont maintenant résidents. Enfin, dans une volonté de continuer à mettre en avant le travail d’artistes en phase avec leur vision, des épisodes du podcast Trikar Series continueront d’être publiés sur la page SoundCloud du collectif.