Lancement de notre série d’articles pour mettre à l’honneur différents collectifs artistiques, toute discipline confondue, à Bordeaux et dans la région autour. On démarre avec Medusyne, projet associatif et collaboratif bordelais qui promeut l’égalité et la sororité dans le secteur culturel à travers la production d’événements, la médiation culturelle et la communication auprès de la jeunesse, avec un gros penchant pour les cultures hip hop. Portrait à l’occasion de la tenue de l’un des événements du collectif au Rocher de Palmer le 20 novembre.
Crédit photo : Medusyne
Medusyne est née d’une envie commune, celle de rassembler des artistes invisibilisé.es sur un même projet et de donner de l’impulsion aux projets locaux. C’est en 2018, à la Rock School Barbey, à l’occasion d’un premier évènement réunissant Blu Samu, Danitsa, Messkla et Cheeko que les bases de l’association et son ambition ont réellement été posées. Le collectif promeut les femmes, via des évènements pensés pour toutes. Son souhait : créer un véritable réseau d’entraide façon « safe place », rassemblant rappeuses, beatmakeuses, graffeuses, graphistes, réalisatrices, photographes… Medusyne entend favoriser la sororité et permettre à ses membres de se tirer collectivement vers le haut.
Une équipe ouverte
Le collectif est actuellement composé de trois femmes qui travaillent presque à temps plein sur le projet : Amelle (apprentie venant d’intégrer l’équipe), Jade et Morgane. Elles collaborent également avec certaines artistes locales comme Hanna Breuil en graphisme, Cassandre Magagnini à l’image/vidéo, ou encore DJ Donna, Sopycal, LaGronde, DJ Anh Onym en musique. Bien que l’accent soit mis sur la scène féminine, des hommes font également partie de l’équipe.
Finalement, chaque personne désireuse de jouer ou de performer par le biais de Medusyne est la bienvenue, tant qu’elle comprend les valeurs véhiculées et adhère à l’ADN de l’association, à savoir : le respect et la bienveillance avant tout. D’ailleurs, le collectif recrute pour élargir son réseau : graffeuses, danseuses, beatboxeuses, créatrices etc. A bon entendeur.
Pluridisciplinarité et interactivité pour resserrer le lien social
La pluridisciplinarité et l’échange sont les moteurs de Medusyne. En effet, c’est à travers l’interactivité que se créent les projets, chaque membre ayant voix au chapitre. Orientés culture hip-hop féminine à l’échelle régionale, nationale et internationale, les évènements du collectif ont une dimension multiple, éclectique et féministe. Ils sont pensés pour toutes et tous et appellent à une communication perpétuelle, en toute bienveillance.
Médiations en quartiers prioritaires, en milieu scolaire et festif : l’association œuvre par ailleurs à resserrer le lien social et à former les jeunes à l’autoproduction, en événementiel et en radiophonie. C’est autour du thème de la place de la femme dans la musique, et plus largement dans l’espace public, que Medusyne coordonne ses actions en visant un public particulier : la jeunesse.
Vision artistique
Le collectif défend une direction artistique avant tout : valoriser les talents qu’on n’entend et voit que trop peu sur le devant de la scène. Ainsi que la liberté d’expression pour toutes et tous. Ce qui est important chez Medusyne ce n’est pas forcément d’appartenir à un cadre mais plutôt de se sentir libre de créer comme on l’entend en se libérant du poids des dictats.
Être une meuf dans le rap c’est pas de tout repos et parfois il peut y avoir des incompréhensions et des amalgames. Je rappelle bien qu’on est une asso de musique avant tout.
Morgane, Medusyne
Les artistes invité.es par le collectif ne sont pas programmées car elles sont des femmes, mais bien parce qu’elles sont talentueuses, ce qui semble important à rappeler. Le salariat, la rémunération des artistes pour leur travail est également un point essentiel pour les membres de l’association pour qui la valorisation passe également par cet aspect. Malgré la jeunesse du projet, elles s’assurent de faire au mieux pour tout le monde, à la hauteur de leurs moyens. Comme l’explique Morgane du collectif, « Être une meuf dans le rap c’est pas de tout repos et parfois il peut y avoir des incompréhensions et des amalgames. Je rappelle bien qu’on est une asso de musique avant tout ».
Des projets à la pelle
La base de l’association repose sur la production d’évènements. Medu (de son diminutif) a pu faire venir à Bordeaux des beaux noms de la scène internationale comme Mina & Bryte, IC3PEAK, Danitsa et Blu Samu mais elle fait également jouer beaucoup de projets locaux, à tous niveaux de développement à l’image de BabySolo33, Sopycal, Ythemba, Lisa Bndy, Houreskova, Alma Mango, Bad4na, Maijay, Thaima, Chaima…
Depuis 2020, l’équipe a également développé un pan de médiation culturelle. Cette activité, inscrite dans ses statuts depuis le début, est accueillie avec beaucoup de joie par les membres, qui collaborent désormais avec les jeunes des quartiers de Bordeaux pour des projets toujours orientés sur l’égalité pour toutes et tous. Le rap sert alors de médian pour parler sexisme, discriminations et monter des projets innovants et fédérateurs.
De nombreux projets sont à venir pour Medusyne, et l’association met un point d’honneur à proposer aux jeunes des formats nouveaux, toujours originaux et imaginés conjointement. Ce sera le cas de POWAAA le 20 décembre au Rocher de Palmer, ou le vendredi 3 décembre avec le retour des programmations au Central do Brasil. Affaires à suivre !