Body Body : les subversions de Nina Childress au FRAC-MÉCA

Mercredi 15 décembre, une exposition sur le travail de Nina Childress s’est ouverte au FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA, intitulée Body Body. Une centaine de tableaux permettent de revenir sur le travail d’une artiste qui n’a cessé d’interroger et de repousser les normes. À voir jusqu’au 20 août prochain.

Des bottes argentées à paillettes, un pantalon bleu vif, et des petites lunettes sur le bout du nez. C’est ainsi que l’artiste Nina Childress nous accueille, en personne, à l’occasion d’une visite de presse organisée pour l’ouverture de l’exposition Body Body. C’est elle qui l’a entièrement pensée et conçue. Un moment forcément important pour l’artiste : c’est la première rétrospective française qui lui soit entièrement consacrée.

Depuis la mi-décembre 2021, les œuvres de Nina Childress ont investi le cinquième étage de la MÉCA. Intitulée Body Body, l’exposition renvoie à la fois à l’expression américaine « body of work » (qu’on pourrait traduire par « œuvre »), à l’importance de la représentation du corps dans ses œuvres, ainsi qu’au phénomène de répétition, de double. L’exposition reprend des œuvres de toute sa vie. L’artiste a sélectionné une centaine de ses créations, parmi les 1080 qu’elle compte à son actif. Quarante ans de création donc, à faire tenir dans une salle.

Tupperware, psychédélisme et Sylvie Vartan

À travers toute l’exposition, on croise des œuvres très variées, et d’époques très différentes. Aussi, on peut apercevoir dans une même salle ses peintures plus punk, datant de l’époque où, derrière son alias Nina Kuss, elle officiait au sein du groupe post punk Lucrate Milk. Ses créations sont alors très colorées, trash voire psychédéliques. Dans le cadre de Body Body, celles-ci cohabitent avec ses peintures plus récentes, à l’encre phosphorescente. Au cours de la déambulation au fil de l’exposition, on remarque plusieurs lignes directrices et sujets récurrents. Tout d’abord, la série et les déclinaisons, que l’artiste met en exergue à travers des objets du quotidien répétés plusieurs fois, (boîtes Tupperware, bonbons…) ainsi que des portraits (une version “positive” et une version “négative” d’un même portrait par exemple). 

Le portrait en tant que sujet est lui aussi récurrent. En effet, l’artiste présente dans Body Body une large sélection de portraits d’hommes et de femmes, généralement connus. Parfois, l’artiste se personnifie même à travers les gens qu’elle représente. On pense notamment à la chanteuse Sylvie Vartan, à qui l’artiste voue une réelle fascination. Ainsi, même si l’exposition présente des œuvres produites entre la fin des années 1980 et le début des années 2020, on remarque que le portrait occupe une place centrale dans l’œuvre de la peintre française, et ce tout au long de sa carrière.

Œuvre subversive mais pop et abordable 

Non dénuée d’humour et toujours en quête de subversion, Nina Childress emprunte ses sujets et ses nombreux modèles tant bien à la culture populaire qu’à son histoire intime. C’est une exposition très personnelle et haute en couleur qui fait entrer dans le cerveau d’une artiste récemment nommée chevalier de la Légion d’honneur. Ici, elle présente sa vision du monde ( et les critiques qu’elle formule à son endroit) au fil des années. Pour cela, elle reprend souvent des icônes de la culture pop : films, concerts, magazines, manuels de décoration, roman-photo, cartes postales, extraits télévisés, clips, pochettes de disques…

Body Body est une exposition abordable. L’artiste le reconnaît, elle qui se plaît à détourner les codes d’un milieu artistique parfois jugé trop élitiste. Body Body dit beaucoup du parcours d’une artiste à l’œuvre plurielle mais singulière, sur sa vision du monde et son approche artistique. Une exposition à découvrir jusqu’à la fin du mois d’août 2022, qui rappelle la force de l’art pour questionner la marche d’un monde qui ne tourne pas toujours très rond.

  • Body Body, par Nina Childress, à découvrir au FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA jusqu’au 20 août 2022.
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