Depuis le 2 juillet et jusqu’au 30 septembre 2024, La Forêt d’Art Contemporain propose des « œuvres-escales » dans le cadre du projet Escales Atypiques. Pouvant accueillir le temps d’une balade ou d’une nuit des personnes dans le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, ces œuvres participent d’une autre approche du tourisme.
Crédit photo : Barbara Fecchio
Comment conjuguer écologie, recyclage, aménagement du territoire, art contemporain et valorisation des milieux naturels ? C’est ce que La Forêt d’Art Contemporain, en partenariat avec le Parc naturel régional des Landes de Gascogne et la forêt de Knyszynska en Pologne, entreprend de réaliser depuis 2009. Cet été, deux « œuvres-escales » s’installent dans la région et pourront accueillir, le temps d’une nuit, toute personne souhaitant en faire l’expérience.
Une initiative du « faire ensemble »
Escales Atypiques est un projet coopératif issu de la collaboration entre la région de la Nouvelle-Aquitaine et de la région polonaise Podlachie. Ce projet, porté par les acteur·ices du territoire et des artistes, vise à valoriser les espaces ruraux qui sont souvent marginalisés au profit des plus grandes villes ou des espaces urbains en matière de création artistique. Comme nous l’explique la directrice de l’initiative, Lydie Palaric, « l’objectif est de construire des œuvres mobiles qui, d’années en années, se déplaceront dans des lieux différents. »
Pour ce projet, La Forêt d’Art Contemporain a aussi travaillé avec d’autres organismes et associations telles que Zebra3. Cette association bordelaise d’art contemporain développe des résidences de production artistique et accompagne les artistes dans la réalisation de leur projet depuis 1993. Dans ce projet, le directeur de l’association Frédéric Latherrade, a pour mission de sélectionner les artistes qui produiront des œuvres escales grandioses. Leur atelier a aussi servi aux artistes afin de concrétiser leur projet.
Une mission de valorisation et de respect des espaces naturels
L’objectif du projet ? Développer le tourisme culturel dans des zones naturelles denses, en priorisant la valorisation et l’aménagement de ces milieux. Une autre de ses missions est de créer du lien autour de valeurs environnementales tout en démocratisant l’art contemporain. Sous la forme d’un itinéraire régional, Escales Atypiques présente 2 œuvres sous forme d’escale ou il est possible de dormir, et 27 autres à contempler.
L’enrichissement de cet espace de vie des Landes se fait dans une démarche éco-responsable. Chacune des créations escales sont stockées et protégées durant l’hiver, pour être de nouveau exposées l’année suivante. Les autres œuvres sont fixes et installées de manière pérenne dans le territoire du parc naturel. Le point fort de l’initiative sont ces deux « œuvres-escales » faisant office d’habitation pour les touristes, conçues par les artistes Antoine Dorotte et Sara Favriau. Ces deux œuvres françaises s’axent sur une expérience touristique de type bivouac et mobile. Tandis qu’à l’inverse, la Pologne, qui développe son propre programme, a opté pour des « œuvres-escales » confortables et permanentes.
Escale dans un vaisseau spatial
Antoine Dorotte a élaboré une œuvre à mi-chemin entre un vaisseau spatial et un observatoire astronomique. Imaginé pour dormir sous les étoiles, le corps cylindrique du mobile repose sur des pieds inclinés afin de permettre aux voyageurs d’observer les étoiles. Le contact avec le ciel se fait aussi grâce au dôme en plexiglas placé à l’extrémité de l’œuvre. L’artiste emploie judicieusement la bonne qualité de l’air des Landes de Gascogne, et met en exergue l’infiniment grand de l’espace.
Pour ne faire qu’un avec le milieu, la construction est recouverte de 650 écailles en zinc gravées à la main par l’artisan, et chacune de ces écailles représente un motif appelé ocelle. Ce motif rond se trouve sur le pelage, l’écaille ou la peau de certains animaux ou insectes et sert de camouflage. L’objectif est de repenser les rapports entre l’homme et la nature, afin d’être en communion le temps d’une nuit.
Escale dans un village ouvert à la nature
Sara Favriau propose un ensemble de trois petites unités en bois sur pilotis, pouvant être agencé de manières diverses. Leur disposition forme une sorte de petit village tapi dans le creux de la nature. Îlot de sérénité, cette œuvre est propice à la méditation grâce à ses grands vitrages qui ouvrent sur la forêt.
Pour construire cette cabane aux pieds des arbres, l’artiste a réutilisé des matières nobles comme le bois local récupéré après les mégas incendies de 2022. En effet, après ces incendies qui ont ravagé plus 20 000 hectares, l’Office National des forêts a extrait les bois incendiés, mais sains, pour pouvoir assainir la forêt. En vue de recycler ce matériau, Sara Favriau a utilisé la technique japonaise du Shou sugi ban. Cette technique consiste à protéger naturellement le bois par la carbonisation de son bardage, ce qui lui donne une couleur noire mate.