Le collectif bordelais Ô Fantasme se livre sur 5 artistes ayant joué un rôle dans la construction de son univers artistique. Rendez-vous le samedi 19 avril à La Guinguette chez Alriq à Bordeaux pour en apprécier les contours.
Depuis sa création en 2021, le collectif Ô Fantasme offre un espace à Bordeaux où l’art queer s’affirme dans toute sa diversité. À travers ses événements, il mêle le drag, la danse, la musique électronique, les arts plastiques ou encore la scénographie. Inspiré·es par des figures pionnières et contemporaines, les membres du collectif revendiquent un héritage artistique et militant. De William Dorsey Swann, premier « queen of drag » à Alexis Langlois, en passant par la danse de Mariana Benenge, les mondes oniriques de Shona Heath et la culture ballroom, ces artistes nourrissent l’imaginaire d’Ô Fantasme. Zoom sur ces 5 artistes qui influencent l’esthétique et la vision du collectif.
William Dorsey Swann : queen of drag
« Né esclave vers 1858, William Dorsey Swann est une figure pionnière de la communauté LGBTQIA+ aux États-Unis. Reconnu comme la première personne à avoir organisé et dirigé un groupe de résistance queer, il est aussi l’un des premiers à s’être proclamé « queen of drag ». Dans les années 1880 et 1890, il a organisé des bals clandestins à Washington D.C. où des hommes, souvent d’anciens esclaves, se travestissaient et célébraient leur identité. Ces rassemblements, bien que festifs, étaient risqués et ont conduit à de nombreuses arrestations pour Swann et ses participants. Son héritage est celui d’un précurseur qui a osé défier les normes sociales de son époque, ouvrant la voie à la visibilité et aux droits des personnes LGBTQIA+. »
Nina Hagen : icône punk
« Nina Hagen est né en 1955. Elle est chanteuse, actrice et performeuse allemande, icône punk et excentrique de la scène musicale internationale. Connue pour sa voix puissante et théâtrale, capable de passer du lyrique au cri guttural, elle mélange rock, punk, new wave et opéra avec une esthétique flamboyante et provocante. D’abord révélée en RDA, elle fuit à l’Ouest en 1976 et explose avec The Nina Hagen Band (1978), fusionnant punk et cabaret berlinois.
Ses performances scéniques, exubérantes et théâtrales, en font une pionnière du punk européen et une influence majeure pour la culture alternative. Son imagerie baroque, son engagement politique et son univers mystique (OVNIs, spiritualité, provocation) renforcent son statut d’icône. À travers ses albums (NunSexMonkRock, Angstlos, Street), ses apparitions surréalistes à la télévision et son activisme (féminisme, écologie, droits LGBTQ+), Hagen a redéfini les frontières entre musique, performance et militantisme, laissant une empreinte indélébile sur la scène underground et la pop culture. »
Alexis Langlois : ciné queer
« Cet artiste queer a réalisé quatre courts-métrages à succès dont De la terreur, mes sœurs !, Grand Prix du FIFIB 2019 et Les Démons de Dorothy qui remporte le Léopard d’Argent, le Grand Prix du Jury Jeune à Locarno en 2021 et qui circule dans plus d’une centaine de festivals à travers le monde. Les Reines du Drame est son premier long métrage mettant en scène une histoire d’amour lesbiennes dans les années 2000. Un univers camp, rock et queer aussi divertissant que politique. »
Mariana Benenge : waacking, la danse de l’émotion
« Marianna est une artiste pluridisciplinaire, membre de la légendaire House of revlon. Elle est danseuse, chorégraphe, styliste, entrepreneuse et militante. L’esprit d’équipe, de communauté, de famille : cette artiste a le don de créer des « nous » partout où elle passe, mettant en avant les personnes oubliées, marginalisées, violentées. Elle se rappelle avoir toujours dansé, parce qu’en République démocratique du Congo, où elle est née, « tout le monde danse, c’est la plus belle manière d’exprimer notre joie, notre souffrance ».
Lorsqu’elle découvre le waacking, c’est la révélation. Inventé dans les années 1970 par « les mecs gays afro-latinx de Los Angeles, des gens qui ont souffert, qui voulaient se reconnecter à leur corps, à leur sexualité, pour combattre », le waacking est une danse de l’émotion. Plus tard, le voguing lui permet de découvrir, dans les balls, la fierté d’être racisé·e et LGBTQIA+. »
Shona Heath : inventeuse de monde
« Scénographe et directrice artistique britannique, Shona Heath est reconnue pour ses décors oniriques et surréalistes dans le cinéma, la mode et la publicité. Elle ne crée pas juste des décors, elle invente des mondes. Son travail mélange glamour et étrange, un équilibre que l’on recherche dans les décors d‘Ô Fantasme : des scénographies immersives, où la beauté semble sortie d’un rêve – ou d’un cauchemar.
Shona joue avec les proportions, les matières et les illusions pour faire du décor un personnage à part entière, un élément narratif qui capte, trouble et fascine. Loin des conventions, l’esthétique oscille entre onirisme et mystère, entre élégance et étrangeté, créant des espaces qui perturbent la perception et stimulent l’imaginaire. En tant que femme évoluant dans un domaine où les défis sont nombreux, Shona Heath incarne une source d’inspiration. Son parcours illustre la capacité à repousser les limites de la créativité et à imposer une vision artistique singulière. »