Rencontre avec le producteur SMIB, entre Bordeaux et Marseille

Rencontre avec SMIB aka Matthieu, producteur bordelais récemment installé à Marseille. Ses inspirations artistiques, les artistes et les labels qu’il affectionne, son regard sur la scène dce Bordeaux et son ressenti sur sa nouvelle ville d’adoption : l’artiste se dévoile à l’occasion de la sotie de son deuxième EP récemment paru sur un label russe. Entretien.

Le Type : Salut SMIB, merci de répondre à nos questions. Peux-tu commencer par te présenter en quelques mots ?

SMIB : Hello Le Type, déjà pour commencer merci pour cet entretien. Je m’appelle Matthieu Vaudeville, mon nom de scène c’est SMIB, en référence aux initiales des prénoms de ma famille, un blaze de graffiti à l’époque où je faisais du skate aussi ! Je suis DJ depuis maintenant 4 ans dans le Sud Ouest. J’ai commencé avec mes potes en soirée dans un atelier dans mon jardin où ma mère donnait des cours de peinture. Puis, au fil du temps je me suis professionnalisé… Le temps passe vite ! J’ai fais ma première date en janvier 2017 au BT59 si je dis pas de bêtise, et depuis j’ai pu m’exprimer dans les différents spots, club, bar de la région.

La production, c’est plus récent. Ça fait 2 ans que j’ai débuté de manière plus sérieuse et à sortir des tracks sur label. La situation actuelle m’a permis de me focaliser davantage aussi sur la production. Ce qui est un mal pour un bien pour le coup. 

Mon penchant pour les synthés et les mélodies avec des vocaux s’extériorise de plus en plus je trouve, surtout dans mes productions actuelles.

SMIB

Comment décrirais-tu ton univers musical ?

Mon univers musical a beaucoup évolué depuis que j’ai commencé. Je pense que dans la musique on évolue d’ailleurs toujours. Il est rare de rester sur un style. Actuellement, je suis très orienté italo-disco, mais il y a quelques mois j’étais penché sur la house pour tout vous dire… Et j’ai commencé par la techno ! Je ne me bloque pas dans un style tant que je kiffe le son, la vibe, je prends. Je peux très bien mixer du disco avec de la techno. Je reste dans un style solaire et qui donne le smile, on peut dire. Mon penchant pour les synthés et les mélodies avec des vocaux s’extériorise de plus en plus je trouve, surtout dans mes productions actuelles. 

Tu as produit ton deuxième EP lors du premier confinement ; quel était ton état d’esprit à ce moment-là ?

Effectivement la création de mon 2ème EP a commencé en mars dernier. Je venais de sortir Feel It mon 1ER EP en totale indépendance, et qui figure d’ailleurs dans votre playlist de mars 2020 ; merci encore au passage ! Ensuite, j’ai directement voulu commencer un nouveau projet, j’étais dans mon studio au fond de mon jardin à Talence, super motivé à proposer un nouvel EP joviale en cette période difficile. Le fait d’être confiné m’a vraiment permis de me centrer sur moi-même et de peaufiner mon style.

Je l’ai construit petit à petit pour le terminer en décembre, j’ai mis plus de temps que le premier car je voulais aboutir sur quelque chose de plus pointu et harmonieux. Il est très mélodieux et raconte une histoire je trouve, je me suis vachement amusé avec des plugins de Roland, KORG, Yamaha, 100% Italo pour le coup. Les machines coûtent tellement chères, c’est de l’investissement que je compte bien m’approprier par la suite. J’ai invité un ami de longue date à faire un remix dessus : Adrien Calvet. Je vous invite à aller voir son travail, il fait un super travail. Puisque on se connaissait, la connexion s’est faite sans soucis, il est passé à mon studio et le tour était joué.

L’EP sort sur le label russe Soviett Records ; peux-tu nous en dire plus sur ce label et comment la relation s’est construite avec eux ?

Soviett Records c’est un label de Russie basé à Saint-Pétersbourg, il est orienté nu-disco, disco, synthwave, italo-disco, electro. J’aime beaucoup leurs releases, ça ressemble à mon style de production, c’est en partie pour ça que je les ai contactés. La connexion s’est faite par email ; avec le décalage horaire il fallait souvent que j’attende le lendemain pour la réponse, mais ça valait le coup d’attendre !

Je leur ai envoyé ma maquette, ils ont apprécié, et m’ont laissé une liberté totale pour l’artwork. C’est aussi pour ça que je les ai choisis, car je voulais vraiment avoir une identité visuelle personnelle. C’est pour ça que j’ai travaillé avec Margot Lavigne, une graphiste en devenir qui est à l’ECV à Bordeaux avec qui j’avais déjà fait un artwork. J’aime travailler avec des gens que je connais et qui me comprennent.

L’EP est aussi composé du morceau « C3PO » car je suis un grand fan de Star Wars. C’est le morceau le plus electro de l’album qui va vous emmener dans l’espace à bord du faucon millénium.  

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L’EP est composé de 5 morceaux avec un remix, le premier morceau est au nom de mon EP « Rise up », il met direct dans le bain et porte bien son nom, un rythme énergique et mélodique parfait pour danser. « Lullaby time », c’est un morceau plus calme qui fait voyager. Le remix est différent, c’est une version plus club. « Je veux l’Amour » est le morceau le plus nostalgique, le seul avec un vocal, et enfin « C3PO » car je suis un grand fan de Star Wars. C’est le morceau le plus électro de l’album qui va vous emmener dans l’espace à bord du faucon millénium.  

Tu viens de Bordeaux mais tu vis à Marseille ; tu t’y plais ? Comment est la scène là-bas ?

Je viens de m’y installer depuis septembre pour les études. Je n’ai pas eu le temps de découvrir les différents spots et la scène de la ville. Il y a eu le couvre-feu rapidement ici, j’ai pu quand même voir Bwi-Bwi, un artiste house marseillais au Chapiteau. Il y avait une super ambiance, ça me fait penser à Darwin avec de la bière artisanale, des terrains de pétanque, une petite guinguette, le spot en plein air est cool. J’ai un super disquaire : Extend & Play, à 5 min à pied de chez moi, les gars sont super cool je digg pas mal là-bas. Je pense qu’il y a de quoi faire à Marseille !

Tu viens de Bordeaux, une ville dont la scène électronique est de plus en plus active ; comment observes-tu cette effervescence et comment y participes-tu ?

La musique électronique a clairement pris de l’importance dans la ville ces dernières années. Il y a vraiment beaucoup de spots différents pour jouer, c’est super cool en tant que DJ, de l’open air aux Vivres de l’Art ou à Darwin, aux caves intimistes comme le BB25 ou le One Percent, il y a plusieurs clubs comme l’IBOAT évidemment, le format after du Parallel est top aussi, sans oublier la grande salle du Hangar FL. Mais c’est vrai qu’on a la sensation parfois qu’il manque un autre club un peu différent, je trouve. Le public reste hyper réceptif à la musique underground. En 4 ans j’ai vu pleins de collectifs se créer et avoir le choix entre différentes soirées, c’est le pied quand même. 

Sans parler des 2 radios ; Ola Radio et Le Protocole, qui font rayonner la scène bordelaise. Réunir 200 DJ aux Vivres de l’Art c’était quelque chose, ça a vraiment montrer le poids de Bordeaux dans le reste de la France. C’était un super souvenir d’avoir pu jouer un morceau aux côtés de toute la scène locale.

L’évènementiel de la ville de Bordeaux est dirigé par les collectifs qui s’invitent entre eux et je trouve que ça peut poser problématique quand on est en solo

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J’ai pu y participer aussi en mixant aux seins de différents collectifs/organisateurs pour lesquelles j’ai joué régulièrement comme Maitika, La Clank, Musart, Bruit Rose. Malgré tout, l’évènementiel de la ville de Bordeaux est dirigé par les collectifs qui s’invitent entre eux et je trouve que ça peut poser problématique quand on est en solo. Après, j’ai toujours chercher des giggs en solo, le but c’est de réussir à avoir des résidences. Pendant un an en 2019 j’étais résident au BB25 et au Redgate j’avais une date par mois là-bas c’était bien cool.

Quelles sont les scènes, les courants ou les artistes qui t’inspirent artistiquement ?

Le courant actuel qui m’inspire est celui des années 1980 avec l’italo-disco, c’est un mouvement qui revient au goût du jour c’est super quand je vois le travail du toulousain Kendal avec son label Ritmo Fatale ou du British Rees avec Paradiso Records je me dis que l’italo n’a pas dit son dernier mot. Plein d’autres labels m’inspirent tels que Bordello Parigi, Midnight People, Blanco Y Negro…

Les artistes que je suis beaucoup sont Bicep, David Vunk, Lauer, Skatebård, Palms Trax… Je pourrais en dire pleins d’autres, il y en a tellement ! Tous sont accès sur les mélodies et les synthés, ce que j’adore complètement.

Un disque à recommander ?

Une de mes dernières trouvailles de mon bac, italo/disco, synth/pop, complètement mon style c’est Waterloo Sunset de Affairs of the Heart datant de 1983 sur un super label qui hélas n’existe plus Heartbeat Records.

Quels sont tes projets pour les semaines, mois à venir ?

Mon projet c’est continuer la production à fond, commencer mon 3ème  EP. J’aimerais bien commencer à faire des remixes aussi, un exercice qu’il faut que j’apprenne. J’aimerais aussi retrouver la scène bordelaise le plus rapidement possible; ainsi que découvrir la scène marseillaise, puis élargir ma communauté évidemment. J’espère que d’ici cet été tout sera rentré dans l’ordre, pour pouvoir continuer de kiffer ma passion, retrouver le public, peut-être refaire quelques lives d’ici là…

 Lorsque les clubs rouvriront, quel artiste aimerais-tu voir jouer en premier, et dans quel club tu rêverais de passer tes premiers disques après ces mois de privation ?

J’aimerais bien voir David Vunk il est complétement barjot ce type, il a une vibe de fou furieux, c’est un énorme digger. Ses différentes Boiler Room sont incroyables, tout comme son label Moustache-Records. C’est un artiste à suivre pour ceux qui ne le connaissent pas. Je l’avais raté à l’IBOAT en 2018, j’étais dégouté.

Pour répondre à la deuxième question : juste retrouver le public dans n’importe quel club, retrouver la sensation de transpiration, l’ambiance club, les gens qui crient pendant les drops avec un verre à la main, ça serait super. Je n’ai pas de lieux précis, ça m’est égal, je pense qu’on est tous nostalgique en ce moment.

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