L’artiste bordelais Milos Asian a récemment lancé un espace en ligne afin d’offrir à sa communauté un contenu exclusif. On a voulu en savoir plus : le chanteur nous explique les raisons de cette initiative.
Crédit photo : Pierre Wetzel
Le Type : Pourquoi avoir lancé cet espace exclusif pour tes membres ?
Milos Asian : C’était une façon de proposer quelque chose de différent et de se démarquer par rapport à tout ce qui est proposé en ligne aujourd’hui. Aussi, je me rendais compte qu’à chaque fois que je postais une chanson ou vidéo, elle se retrouvait noyée dans la toile : pas mal de personnes qui me suivent ne l’avaient pas vue. L’espace exclusif me permet d’interagir avec mes fans et ça leur permet de ne rien louper de mes sorties, j’y partage du contenu avant les sorties officielles ainsi que des raretés qui ne seront visible que sur l’espace membres.
À l’image des sites actuels comme Patreon, Clap Your Band, etc., l’idée était d’en créer un sur mon propre site internet, en mode DIY. Pareil pour les streaming live payants et gratuits : ils sont diffusés directement sur mon site et il faut avoir un compte pour les visionner.
Il ne faut pas s’empêcher de proposer d’autres modèle économiques que les plateformes streaming comme YouTube, Deezer, Spotify… C’est une façon de militer, c’est symbolique.
Milos Asian
À l’heure de la profusion des contenus gratuits en ligne, ce modèle peut-il fonctionner ?
Tout est relatif ; pour les artistes ayant beaucoup de fans, ça fonctionne – j’imagine très bien. Pour les artistes indépendants un peu moins connu, c’est un peu plus difficile… Néanmoins, il ne faut pas s’en empêcher de le faire, proposer d’autres modèle économiques que les plateformes streaming comme YouTube, Deezer, Spotify… C’est une façon de militer, c’est symbolique.
En quelques mois, j’aurais reçu plus d’argent grâce à cet espace membre que toutes les années réunies en ayant mis ma discographie sur les plateformes de streaming. Je ne crache pas dessus, ces plateformes m’ont quand même aidé pour me faire connaître et trouver des lieux ou jouer. Mais à l’époque, il n’y avait que ça à proposer. Aujourd’hui, nous disposons de tellement d’outils, je pense qu’il faut se diversifier et tester voir ce qui marche le mieux pour chacun.
Comment ce modèle va-t-il évoluer ? Que va-t-on pouvoir y trouver à l’avenir ?
À l’avenir, je ne sais pas comment ça va évoluer… C’est au jour le jour pour moi.
Comment faire pour continuer de proposer des livestreams, alors que les audiences sont exposées à une quantité de flux vidéos énormes depuis le début de la crise sanitaire et du premier confinement notamment ? Comment rendre ça interactif ?
Pour que quelque chose soit interactif, normalement, il faut que les internautes puissent réagir & participer, il y a des applications avec lesquelles l’internaute peut même parler avec l’artiste. Et pendant ce temps-là, tout le monde écoute leur conversation… Mais chacun son style, on peut aussi faire des livestream et n’interagir avec le public qu’à la fin du concert, un peu comme sur scène, où l’on peut être très bavard comme réservé.
Comme je disais, il faut tester et voir ce qui vous correspond le mieux. Lorsque vous êtes en plein streaming et que vous voyez qu’il n’y a personne ou peu de connectés, plein de trucs peuvent passer par votre tête et vous déstabiliser… Ne vous laissez pas déconcentrer : les livestreams, les gens peuvent les voir plus tard en rediffusion. Donnez le meilleur de vous-même et restez naturel !
Le meilleur système économique reste le circuit-court.
Milos Asian
Peut-il y avoir un modèle économique vertueux pour les artistes qui sollicitent leur communauté comme tu le fais ?
Je pense qu’il n’y en a pas qu’un, mais plusieurs modèles et que c’est dans l’ensemble qu’ils peuvent agir en faveur de l’artiste. Comme des outils, chaque modèle sert à telle ou telle chose ou but à atteindre. Le meilleur système économique reste le circuit-court, de mano à mano, un lien direct entre l’artiste et le fan. Le modèle que j’utilise est équitable et peu coûteux, c’est en fonction des moyens de tout le monde, car ça commence à 1 € par mois minimum. Tout le monde a droit au même contenu, c’est utopique et solidaire.
Les artistes semblent aujourd’hui devoir se transformer eux-mêmes en « médias » (à travers de la création de contenus notamment) : qu’est-ce que cela t’évoque ?
Je pense qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien, si tu le fais, fais-le parce que tu aimes le faire, produire de nouvelles chansons et les partager. C’est toujours sympa et ça fait du bien à tout le monde. Avec l’arrivé du Covid, sans scène et public live, on a dû tous s’adapter ou « se réveiller ». Nous, les artistes, sommes nourris par le public, nous en avons besoin, qu’il soit virtuel ou réel. Le streaming moi ça me fait du bien, mais c’est aussi un choix… Par exemple, j’ai des amis musiciens et fans qui sont contre les streamings et se refusent d’y participer.
De nos jours, internet est un outil redoutable de communication, tout comme les débuts de la radio, la télé… Dès qu’une nouvelle invention à vu le jour, les artistes n’ont fait que s’adapter. Tout dépend pourquoi on le fait, pour moi ça été un moteur pour produire de nouvelles chansons, j’ai de quoi sortir 3 albums depuis le début du confinement…
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