Le collectif bordelais de musiques électroniques Hill Billy fête ses quatre ans le 26 février prochain lors d’un événement étalé sur 20 heures, dans deux lieux différents. À cette occasion, on est allés à leur rencontre pour évoquer leur vision sur la scène locale, l’évolution de leur crew et ce qu’ils préparent pour leur date anniversaire.
Crédit photos : Douceur Nocturne
Le Type : Vous vous apprêtez à souffler votre quatrième bougie ; quel bilan faites-vous de ces quatre années de festivités à Bordeaux ?
Hill Billy : Même si l’on doit retirer presque 2 ans de Covid à ces 4 années, on retient surtout qu’il faut prendre le temps d’apprendre, de faire des erreurs et se remettre en question pour durer dans le temps.
Le public est de plus en plus lassé par le modèle classique des clubs.
Hill Billy
Votre première teuf a eu lieu dans un barber shop cours d’Alsace et Lorraine à Bordeaux. Pour vos 4 ans vous allez investir un bateau et ce que vous appelez une « warehouse« . Est-ce que Bordeaux est un bon terrain de jeu selon vous, avec suffisamment d’espaces, de lieux, de clubs…?
Bordeaux a tout pour être une ville avec une scène aussi grosse (voire plus) qu’à Lyon par exemple. On a vu ces dernières années la multitude de nouveaux collectifs qui se sont créés, ce qui est un bon signe quant aux ressources de la scène. En revanche, le gros problème de cette ville c’est la proposition de lieux. En termes de clubs, à part l’IBOAT, le Parallel ou le Hangar FL, il n’y a pas vraiment d’autres lieux avec un bon système son, une programmation intéressante proposant une expérience qualitative.
Le problème est le même avec les warehouses ou les open air. Pour organiser une soirée légalement dans une warehouse à Bordeaux c’est souvent complexe : le choix de lieux est assez maigre. Pourtant on constate aussi bien à Bordeaux qu’à Paris que le public est de plus en plus lassé par le modèle classique des clubs. Il y a une réelle recherche d’une expérience réelle, avec une forte volonté de liberté, et de nouveauté.
En ce qui concerne les formats en plein air, le manque de lieux propices souvent couvés par la mairie se fait sentir. On remarque d’ailleurs que ce sont toujours les trois ou quatre même entités qui ont toujours accès aux espaces en priorité, et qui bénéficient aussi très souvent de subventions importantes pour produire leurs événements, le tout alloué par les élus… Pour résumer, la scène bordelaise a beaucoup de potentiel mais a cruellement besoin de trouver des solutions à ses quelques tares qui l’handicapent fortement.
En 4 ans, comment l’équipe de Hill Billy a-t-elle évolué?
L’équipe qui compose le cœur du collectif est toujours la même. Nous avons accueilli en novembre un sixième membre, Arthur (Lawtus). Il est notamment à la tête d’une page de mise en avant de disques sur Instagram. C’est un véritable dénicheur de pépites en tout genre, il a déjà joué lors de sets au Distill Mini Festival cet été ou au Parallel.
Vous avez un certain nombre d’événements organisés à votre actif en 4 ans : avez-vous noué des relations privilégiées avec des artistes, labels ou autres clubs (autant à l’échelle nationale ou internationale ?)
En quatre ans nous avons eu l’opportunité de rencontrer beaucoup de personnes, d’artistes de promoteurs et d’agences qui nous sont chers, comme par exemple le label parisien Yoyaku, Jonas de High Ends, notre pote Legri de chez Rings of Neptune Agency, Pieces…
Et à Bordeaux, quels sont vos liens avec les autres acteurs et actrices de la scène électronique ?
Nous sommes assez proches des gars de chez Distill. Ils ont réussi à s’imposer sur la scène bordelaise en peu de temps, et sont tous les quatre d’excellent djs ; ce qui fait d’eux le collectif incontournable du moment à Bordeaux. Leur “DMF” est le résumé parfait de ce qu’est une teuf avec une vibe parfaite : pas trop de monde, une excellente programmation d’artistes, un bon spot et le tour est joué !
Les Viatiques sont également des acteurs de la scène que nous affectionnons particulièrement. Ayant plus d’expérience que nous, ils ont pris le temps de nous conseiller, nous dire quelles conneries éviter etc… Nous leur devons beaucoup. Par ailleurs, depuis que nous organisons des événement en warehouse, nous travaillons étroitement sur la technique avec Peyo de Bruit Rose qui est très doué dans tout ce qu’il fait. Il est vraiment bluffant, c’est un très gros bosseur, il sait tout faire. C’est un réel couteau suisse !
La scène locale a besoin de plus de lieux où produire ses événements.
Hill Billy
Quel regard portez-vous sur l’évolution de cette scène locale ?
La scène locale a besoin de plus de lieux où produire ses événements. Elle a besoin de prendre confiance en elle, monter en intensité, se professionnaliser et ne pas essayer de copier ce qui se fait déjà ailleurs.
Comme vos confrères et vos consœurs de la scène électronique locale et d’ailleurs, vous avez été contraint de mettre vos activités en pause ces deux dernières années. En quoi cette période a-t-elle impacté le collectif Hill Billy ?
La période du Covid nous a fait du bien, même si évidemment on aurait préféré continuer travailler. Le fait de prendre du recul tout en sachant que tout le monde est dans la même situation est assez apaisant et unique. En temps normal, quand la machine tourne à fond, c’est assez dur de faire un pas en arrière, se remettre en question, souffler et faire autre chose. On était un peu à bout de notre résidence à l’IBOAT, on manquait d’inspiration, de motivation, et le break forcé du Covid nous a permis de nous recentrer pour repartir dans la bonne direction.
À quoi s’attendre pour la fête de vos 4 ans ?
On ne va pas vous spoiler les surprises qu’on vous a préparé, mais on vous conseille de bien vous reposer avant et de poser votre lundi 28 février !