Focus collectif : Mates

Mise en lumière d’un nouveau venu au sein de la scène électronique bordelaise : Mates. En pleine préparation de son festival estival, le collectif défend une vision bienveillante et défricheuse de la fête.

Un « joyeux traquenard ». C’est ainsi que l’un des membres du collectif qualifie l’aventure Mates. Une aventure née en 2020, d’une frustration musicale, d’une incertitude : quand est-ce que la fête, impactée par la pandémie de COVID-19, allait pouvoir reprendre ? Lassée d’attendre la réouverture des clubs, le groupe de potes décide de prendre les devants. « On a décidé d’organiser une fête privée dans un parc laissé à l’abandon au mois d’août 2020 » raconte l’un d’entre eux. Il faut croire qu’ils ne sont pas les seul·es à vouloir se dégourdir les jambes : ce sont au total 400 personnes qui se joindront à la danse.

Le début d’une belle aventure : « Suite à cet évènement on a développé ce fameux virus qui est celui de l’organisation d’événements… ». Dans les semaines et mois qui suivront, Mates investira parcs abandonnés, anciennes banques, bureaux d’entreprises pour organiser ses soirées. Celles-ci commencent alors à faire parler d’elles du côté de Bordeaux. Les fêtes grossissent, le public aussi. Puis vient le grain de sable qui fait dérailler la machine. « C’était propre jusqu’au jour où les forces de l’ordre sont arrivées. La quantité de personnes mobilisées nous a fait prendre conscience que ça allait se corser. Heureusement, après quelques minutes de discussion, ils ont compris la vibe de l’événement et une relation assez cool s’est mise en place. On leur a dit sur un ton bienveillant qu’on allait désormais passer sur des événements complètement légaux » raconte un membre de l’équipe. Pas de quoi pour autant décourager Mates, qui profitera de cette occasion pour officialiser les choses, rentrer dans les clous, entrer dans la légalité.

Partage, déconnexion, découverte : la fête selon Mates

Au-delà de la fête, Mates est un collectif qui défend certaines valeurs et une vision sur le milieu événementiel. Une dimension importante de partage émane ainsi de ses soirées, avec une volonté affirmée de créer du lien entre sa communauté. La déconnexion fait également partie des principes qui régit les événements du collectif bordelais : « On a toutes et tous un rythme de vie plus ou moins éprouvant ; mais on sait qu’une fois passée la semaine, peu importe que tu sois ingé ou saisonnier, il y a cette même envie de déconnecter. Et c’est là qu’on intervient avec Mates : on travaille nos évènements pour que chacun et chacune puisse s’évader le plus sereinement possible. » Pour cela, le collectif accorde une place importante à sa scénographie, ainsi qu’aux programmations de ses fêtes.

C’est d’ailleurs une autre spécificité de Mates : une direction artistique soignée et très ouverte. Ici, pas question de sectarisme musical ni d’enfermement dans une esthétique précise. « On ne se cantonne pas à un seul style musical. Pour nous, chaque moment a sa musique. En journée, ça peut osciller entre downtempo et house, la nuit ça peut vriller entre trance, techno et minimale » explique un des membres de l’équipe. Cette dimension se retrouve dans le choix des artistes, avec une tendance à programmer des artistes souvent émergent·es mais plein de talents. L’équipe est par ailleurs attentive aux vinyles, d’où l’invitation récurrente de « selectors d’ici et d’ailleurs ».

Mates Attack Festival

Parmi les actualités du collectif, l’annonce récente de la mise en place de la seconde édition de son festival, le Mates Attack Festival, qui se déroulera sur 3 jours cet été, du 21 au 24 juillet (par ici pour se joindre à la fête). L’année dernière, il s’agissait d’un mini-évènement sur deux jours dans un château médiéval près de Cahors. Pour 2022, l’équipe prévoit plus gros. Elle a trouvé pour ça un lieu à 3 heures de route de Bordeaux, à Payra-sur-l’Hers. L’un des membres du collectif précise : « Il s’agit d’une grande clairière de plus de 30 hectares gérée par une famille de bons vivants hyper cool. Ce lieu a servi pour des mariages mais aussi pour des résidence d’artistes, on peut y voir quelques œuvres sur le site que les artistes ont préféré laisser. Le propriétaire du lieu est un féru de troc et il a déniché plein de choses, un chapiteau ramené des pays de l’Est, une yourte Mongole… Ils se sont aussi amusés à créer des petits logements insolites, comme un ancien frigo d’hypermarché transformé en appart, des petites cabanes en bois avec vue sur les Pyrénées. Bref le lieu est somptueux. »

Le visuel du festival Mates Attack

Deux scènes sont prévues, ainsi qu’un espace camping, des espaces détentes, de quoi se nourrir, s’hydrater. Pour l’instant, déjà plus de 30 artistes, de tout horizons, sont invité·es à jouer au festival, entre house, musiques progressives, minimale, techno… Mates met par ailleurs un point d’honneur à ne pas uniquement proposer un événement festif, et mettra ainsi en place « des structures ludiques, relaxantes, sportives et gustatives » sur le site du festival.

Projets à venir

Non content de travailler ce projet ambitieux de festival, Mates continue d’être très actif et de préparer la suite. Sont ainsi prévus pour 2022 des évènements « classiques » en warehouse, sur péniche afin de maintenir un lien avec sa communauté bordelaise. Une nouveauté est par ailleurs prévue pour septembre prochain : l’organisation de Mates in the mountains, « un évènement type mini festoche » selon l’un des membres du collectif. « Des personnes sont venues à nos soirées et nous ont mis en relation avec des gars qui tiennent une brasserie pommée au pied des Pyrénées. Du coup on a échangé avec eux pour organiser un événement sur leur domaine, et ils sont carrément chauds. Ça nous motive bien car le spot a l’air magnifique encore une fois, avec une vue imprenable sur la montagne, une rivière, etc. On a vraiment hâte d’organiser ça ! »

Autre projet en cours pour Mates du côté de Bordeaux : l’organisation d’after le dimanche, avec leurs amis du collectif Distill. Intitulé RESET, les événements se dérouleront sur « différents lieux encore tenus secrets ». Un format encore peu exploité en ville et qui ne devrait donc pas avoir de mal à trouver son public.

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