Focus collectif : TAPE

Zoom sur TAPE, nouvel acteur de la scène électronique bordelaise. Porté par une vision mêlant générosité et expérimentation, le collectif souffle un vent de renouveau au niveau local. Il sera à L’Entrepôt vendredi 24 janvier.

Né il y a un an et demi, le collectif TAPE regroupe une bande d’amis soudés par un amour des musiques électroniques. Au départ une simple consommation festive, le projet s’est transformé en une exploration des coulisses et une maturation de leurs goûts musicaux. Chacun·e de leur côté, ils et elles ont exploré plusieurs facettes de la culture électronique (du mix à la production musicale), jusqu’à vouloir organiser leurs propres événements.

Bases solides

C’est au One Percent, lieu phare de la vie nocturne bordelaise, que le collectif fait ses premiers pas. Pas moins de sept événements y ont été organisé par ses soins. Toujours investis, ses membres ont abordé cette aventure avec discipline et détermination, à l’image de Joris, l’un de ses fondateurs, qui explique : « Tape a été envisagé dès le départ comme un projet structuré sur le court, le moyen et le long-terme. J’ai expliqué à tout le monde que l’idée était de prouver notre savoir-faire, d’affirmer nos ambitions, de viser l’excellence dans notre domaine. La rigueur étant au cœur de notre démarche, il était primordial pour nous de commencer sur des bases solides. C’est ainsi que nous avons décidé de nous imposer des objectifs clairs. » 

Le projet est structuré autour de deux axes principaux. D’une part, une organisation composée de huit membres dont Amir, Antony, Prune, Martin, Joris, Emiliana, Emma et Jean, réparti·es en divers pôles (trésorerie, communication, bénévolat…). « Nous gérons l’organisation de manière professionnelle, à l’image d’une entreprise. Chaque membre est autonome dans son rôle, avant, pendant et après les événements » précise Martin, alias Suave, cofondateur de TAPE. Par ailleurs, sept DJs résident·es gravitent également autour du projet, avec des artistes comme Shanixx, Hortense de Beauharnais ou FC Kabagar.

« Un travail constant pour réaliser nos ambitions »

Dans les collectifs, les départs et arrivées font partie intégrante de la vie de ce type d’organisation. Au fil du temps, le groupe a souvent vu certain·es de ses membres partir pour explorer de nouvelles voies. Dans un même temps, il reste prêt à intégrer de nouveaux talents, comme Shanixx, arrivée en juillet dernier. Un processus d’intégration qui met en valeur l’humain et l’artistique, sans chercher à capitaliser sur l’élan d’un artiste.

Nous ne cherchons pas à tirer parti du talent ou de la popularité d’un DJ pour promouvoir notre projet.

Collectif TAPE

L’un des membres de TAPE raconte : « On n’admettra jamais un membre dans TAPE qui ne fasse pas déjà partie de notre entourage proche. De plus, il faut que sa vision artistique et son état d’esprit soit en harmonie avec les nôtres. Nous ne cherchons pas à tirer parti du talent ou de la popularité d’un DJ pour promouvoir notre projet. La véritable politique de TAPE, c’est un travail constant pour réaliser nos ambitions. »

Fusion hard dance

Au début, l’organisation souhaitait avant tout promouvoir l’éclectisme, en couvrant une large variété de styles musicaux. À l’époque, chaque DJ jouait un genre différent : de la trance à la hard techno, en passant par la psy trance. Ls membres se sont rapidement aperçu·es des limites de cette fusion lors de création d’événements, et la transition s’est faite de manière tout à fait naturelle.

Aujourd’hui, TAPE, solidement implanté dans le milieu des nuits électroniques bordelaises, a pour objectif principal de partager et de valoriser les genres musicaux tels que la hard dance, la bouncy et la trance.

Les terrains de jeu de TAPE

Avec le temps, Joris et Martin ont voulu franchir un cap en organisant des soirées d’une ampleur plus importante. Rapidement, les fondateurs ont orienté leur choix vers l’Entrepôt, autre lieu emblématique de la vie nocturne bordelaise, dont la programmation est orchestrée par Davy Torres.

C’est sur la base d’une date par mois dans ce club que TAPE acquit de l’expérience, dans un cadre plus vaste et plus en phase avec leurs ambitions. En un temps record, le collectif a réussi à fidéliser une large partie de son public tout en attirant de nouveaux adeptes de ce type d’événements.

L’IBOAT joue également un rôle essentiel dans le parcours artistique de TAPE. Ses membres décrivent ce lieu comme « l’espace parfait pour déployer nos styles musicaux et notre vision de l’événementiel ». Le tout en bénéficiant d’une liberté totale dans la fabrique de leurs événements. 

Le 31 octobre 2023 est une date clé dans la vie de TAPE. En collaboration avec l’équipe bordelaise Munera, le collectif organise une soirée iconique à l’espace DS. L’événement (dont tous les billets auront été vendus), a été conçu de A à Z en deux mois. De la mise en place du système son à l’aménagement extérieur, en passant par la gestion du bar. Grâce notamment à Munera, l’expérience permet à TAPE de passer un cap significatif sur les plans organisationnels, financiers et administratifs, tout en constituant un puissant levier pour leur visibilité et leur rentabilité.

Expériences sonores

En termes d’expériences sonores, chaque DJ de TAPE apporte sa touche. De la trance et sa dimension émotionnelle, en passant par l’esthétique hard-dance et son énergie maximale, jusqu’à la techno et son ambiance introspective : le collectif déploie une palette musicale assez large. Pour compléter, il considère comme prioritaire les jeux de lumière et un système sonore haut de gamme « pour revenir à l’essentiel et placer la musique au cœur de l’événement » ajoutent Joris et Martin.

Influencé par le label et l’agence de booking allemande 240 kmh.k, TAPE continue de se réinventer et a déjà lancé trois soirées Versus, dont la dernière a eu lieu le 28 décembre dernier, afin de clôturer l’année. Le concept ? Deux DJs se confrontent directement au centre de la foule. « La particularité de ce format réside dans le fait que, étant face à face, tu n’as pas accès à la table de mixage de l’autre, ce qui t’oblige à être beaucoup plus attentif à ce qui se passe musicalement. L’objectif est donc de réussir à effectuer une transition fluide avec lui. Le public a particulièrement apprécié car la confrontation de deux genres musicaux offre une expérience sonore plus agréable, bien loin de l’énergie d’un B2B. C’est un moment de partage beaucoup plus marqué, un véritable échange entre les deux DJs, où il faut être en parfaite harmonie avec celui ou celle qui se trouve en face. »

Label et production musicale : les nouveaux enjeux de TAPE

Les membres de TAPE sont également tourné·es vers la production musicale. Début juillet, ils ont décidé d’apporter un nouvel élan à leur organisation en créant le label Tape, inauguré avec le morceau « 666 Fan Service » de FC Kabagar. Avec des influences eurodance et techno, cette première sortie offre une musique immersive à l’énergie brute, teintée de kicks, de synthés et de vocaux.

Avec un label, on gagne en crédibilité auprès des gros promoteurs étrangers

Collectif TAPE

Dès janvier 2025, le projet prendra véritablement son essor avec le lancement d’une première compilation intitulée Various Artists, réunissant 8 artistes, dont Suave, Inso.ence, FC Kabagar et quatre autres talents européens. Une seconde viendra rapidement lui emboîter le pas, confirmant que la machine Tape est lancée. Et qu’elle entend se faire une place de choix dans l’univers sonore de la culture Bouncy.

Pour le collectif, cette étape logique dans leur parcours constitue un levier essentiel pour les prochains mois : « Avoir un collectif, c’est intéressant, mais avec un label, on gagne en crédibilité auprès des gros promoteurs étrangers lorsque l’on propose d’organiser un événement. C’est primordial pour nous de produire du contenu à travers notre label et de prouver l’existence d’une communauté forte derrière notre projet. » 

En créant leurs propres morceaux, les artistes du collectif ajoutent donc une dimension unique à leurs sets, avec des titres inédits qui les démarquent des autres DJ’s, du même univers musical. C’est également une bonne façon de juger l’impact et la fluidité d’un morceau. « Lorsque nous jouons nos morceaux, nous pouvons observer les réactions du public, ce qui nous aide à affiner nos tracks. Souvent, travailler sur mes productions après les avoir jouées donne un résultat final plus abouti. » explique Martin.

Développement international

Bien que Bordeaux soit un bon point de lancement, l’équipe affirme aujourd’hui ses ambitions et prévoit d’étendre ses soirées et sa musique à l’échelle nationale, européenne, et au-delà. C’est en appliquant les mêmes schémas qui ont fait leurs preuves dans la capitale girondine que le groupe compte poursuivre son développement : « Pour débuter, nous souhaitons concentrer nos efforts sur l’Espagne et l’Allemagne, des pays où notre style musical est en parfaite adéquation avec la scène locale. Des projets sont déjà en cours en Europe, notamment avec les allemands d’Onyx Berlin et les autrichiens de Radio Rudina. »

Avec une vision globale, les membres souhaitent donc amplifier leurs projets en s’investissant dans l’événementiel, le booking et la gestion d’un label, en tirant parti de tous les moyens à leur portée. Toujours en quête de nouveaux défis, ils prévoient désormais d’organiser des open airs pour élargir leurs champs d’action. Le groupe a également intégré le Bordeaux Electronic Week-End, un festival itinérant qui rassemble plusieurs collectifs de la métropole. C’est donc avec persévérance et sérieux que TAPE prévoit de s’investir pleinement dans ses futurs projets, dès 2025.