Créé en 2021 avec comme objectif la promotion des cultures de différentes communautés, La Pangée multiplie les collaborations locales et les projets à Bordeaux pour célébrer la diversité artistique de plusieurs « peuples ». Zoom sur ce jeune collectif à l’occasion de son prochain événement La voie des peuples, les 20 et 21 mai, dédié au Japon.
« Bordeaux est une ville monde, où on ne voit pas les gens ». C’est de ce constat qu’est née l’idée de La Pangée, dans la tête de deux étudiants en ingénierie culturelle, Médéric et François. Ville cosmopolite, multiculturelle, dans laquelle de nombreuses langues se font entendre, Bordeaux n’a pour autant pas une offre culturelle reflétant et célébrant cette diversité, constatent alors les deux amis. C’est pour répondre à ce manque que l’association La Pangée verra le jour en juin 2021. Son but ? Créer du lien entre citoyen·nes, favoriser l’accès à la culture pour toutes et tous, et fédérer différents publics autour de projets communs.
Équipe pluridisciplinaire et multiculturelle
Dans leur aventure, François et Médéric seront rapidement rejoints par de nouveaux membres, dont Anaïs, présidente de l’association ; Bernie, marraine de l’association et co-fondatrice du Collectif Bienvenu ; Clément, Jade, Émilien, Pierre… Un noyau dur se constitue et devient la « Tribu de la Pangée », comme ils et elles aiment l’appeler. Ce collectif comprend aujourd’hui une trentaine de personnes de divers horizons : professionnel·les de la culture, acteur·ices sociaux, citoyen·nes engagé·es, artistes, artisan·es, intervenant·es, qu’ils ou elles le soient de manière ponctuelle ou de façon plus régulière… Animée par l’amour de la rencontre et du voyage, créant l’union autour des valeurs du partage, l’équipe de la Pangée entend créer des espaces de sociabilité et rassembler les gens.
Dès septembre 2021, date de son premier événement La voie des Peuples, La Pangée se fait alors connaître au sein de la scène artistique et culturelle locale. À raison d’une à deux fois par an, le collectif revient avec ce temps fort, devenu un véritable festival sur 2 jours, lors duquel il célèbre la culture d’un ou plusieurs peuples, différents à chaque édition, en co-construisant avec les communautés de la région. Pour se faire, le collectif explore une variété de pratiques artistiques : danse, musique, cinéma, exposition, gastronomie… Avec comme résultat une pleine immersion dans la diversité culturelle des communautés célébrées pour l’occasion de l’événement. Comme l’évoque son équipe: « L’idée est de valoriser nos différences pour chercher ce qu’il y a de commun en l’humanité. »
« Passion du partage »
À l’image d’une toile d’araignée, La Voie des peuples fait son maillage au fur et à mesure des rencontres et crée des liens, professionnels et amicaux, solides, qui évolueront à leur tour vers de nouveaux projets, accompagnés par La Tribu. « C’est la passion du partage qui permet de créer des liens solides » raconte ainsi des membres du collectif. Pour exemple : la mise en place d’ateliers de philosophie à destination des enfants des communautés bulgares et turques, à La Fabrique Pola, a pu se mettre en place à la suite du premier événement de la Voie des Peuples, lors duquel les peuples Roms ont été mis à l’honneur.
Dans cette même dynamique, La Pangée ne se contente pas de proposer ses propres actions et projets, l’équipe étant aussi très ouverte pour soutenir et s’investir auprès des autres. Avec le collectif Ta Mère la Mieux, ses membres ont notamment participé à une scène ouverte axée sur le slam. Ils ont également co-organisé, avec l’association Ukraine Amitié, la projection d’un film, témoignage d’un réfugié Syrien, Unbroken paradise qui a été suivi d’une prise de parole sur l’histoire du mouvement et des migrations. L’équipe est actuellement en pleine préparation de la journée mondiale des réfugiés avec Coop’R, le projet d’Unis-Cité.
Un chemin vers le peuple
Après le sixième volet de son événement La Voie des Peuples qui aura lieu les 20 et le 21 mai prochain, le collectif prépare une autre édition, dédié aux cultures lusophones (de langue portugaise) qui se déroulera les 19 & 20 août, à Blonde Venus. Et puisque la Pangée a pour habitude de changer de lieu à chaque édition, à l’image du mouvement des peuples, cette fois-ci le collectif pousse la réflexion encore plus loin. Pour cette septième édition, le collectif souhaite étendre les liens entre Bordeaux et le Portugal avec l’idée ambitieuse de créer un spectacle ambulant mélangeant plusieurs disciplines (danse, peinture, musique).
En partenariat avec la compagnie des Lucioles, un spectacle de danse sera performé depuis un voilier puis celui-ci prendra le large pour poursuivre son aventure, avec une partie de l’équipe artistique, jusqu’à… Lisbonne ! Durant la traversée, le « bateau-spectacle » diffusera sa représentation dans les deux ports de Viana Do Castelo et de Porto. Il est prévu que le voyage s’achève par une soirée au Mà Lingua, dans le quartier emblématique de Graça où une exposition participative sera proposée. Le label toulousain de CULTE sera invité à clôturer cette aventure en musique. Une nouvelle occasion pour La Pangée d’illustrer sa capacité à tisser des liens multiples à travers l’Europe, et au-delà.
Les liens que La Pangée construit sont aussi d’ailleurs ceux que son équipe noue, d’événements en événements. Pour célébrer la fin de chacun d’entre eux, la Tribu a par exemple développé un rituel, hérité de la quatrième édition de son événement La Voie des Peuples, qui était dédié à l’Inde. Dans les dernières minutes au sein des lieux, les membres se retrouvent autour d’un repas partagé qu’ils et elles concluent par un « Hare Krishna » (mantra hindouiste et bouddhiste où se mêlent danse et chant pour entrer en connexion). Le collectif voit dans ce moment « une farandole des célébrations » comme l’équipe l’explique : « Ce temps marque la fin, qui peut démarrer sur quelque chose de nouveau entre les participant·es. »