Rencontre avec le collectif Distill qui a récemment fêté ses quatre ans à l’IBOAT et qui y retourne le vendredi 16 février pour une soirée aux côtés d’artistes tels que Z@p et HeavyDance. Bien implantés à Bordeaux et Paris, Hermann, Helios, Louis, Lucie et Pablo ont fait évoluer leur vision artistique et apportent une nouvelle énergie à l’échelle locale et nationale.
Au sein de l’écosystème des collectifs de musiques électroniques bordelais, Distill s’active depuis maintenant quatre années à travers de nombreuses activités. Composé de quatre DJs et d’une chargée de bookings, le projet se démarque par sa ligne artistique et les liens entre ses membres.
Après 4 ans de travail et de développement au niveau local, le collectif juge son action avec « un bilan plutôt positif » comme ses membres le confient. Si la pandémie du Covid-19 a paralysé beaucoup de structures culturelles dans le paysage musicale local, elle a néanmoins permis à Distill de « prendre du recul et se recentrer artistiquement. » C’est ce qu’évoque Louis, DJ du collectif : « On a suivi une évolution assez classique. Au début, on voulait tout faire et on ne se posait pas de barrières, mais maintenant, on veut être dans les meilleures conditions pour pouvoir s’exprimer au mieux. »
Nouvelle équipe, nouvelles ambitions
Au départ, les soirées Distill se caractérisent par des befores « plus club », grâce à la production d’événements dans divers lieux bordelais. Après plusieurs prestations y compris en dehors de Bordeaux, ses membres notent une difficulté à garder le cap et proposer des prestations plus qualitatives. En effet, l’organisation d’événements ainsi qu’une proposition artistique toujours différente « demandent beaucoup de ressources humaines, logistiques et financières. »
C’est dans une perspective de croissance plus organisée, qu’ils affinent leur projet en se concentrant sur l’aspect artistique. Autrement dit : faire moins de productions d’événements pour se focaliser sur une « patte Distill », identifiable et fidèle aux convictions de ses membres. Après un tissu resserré de membres, le collectif s’ouvre avec l’arrivée de Lucie, qui intègre l’équipe en tant que chargée de gestion booking, en termes de logistique et d’administratif. Cette nouvelle recrue va assurer alors la concrétisation des idées de Distill, impliquant un nouveau fonctionnement, alignées avec les ambitions du crew.
Changements locaux et engouement national
Témoin des évolutions de la scène électronique locale, Distill collabore avec un certain nombre d’acteur·ices de celle-ci. C’est le cas du Parallel, club aujourd’hui fermé au sein duquel le collectif tenait une résidence. Ou d’Ola Radio, où là aussi l’équipe jouait régulièrement, avant que la radio ne déménage à Marseille.
On observe un écosystème nocturne très dynamique à Bordeaux.
Louis (membre de Distill)
Malgré une certaine nostalgie de ces anciennes collaborations, « qui permettaient des échanges de grandes qualités avec d’autres acteur·ices », Distill envisage un futur ouvert pour de nouveaux formats au sein de la scène artistique bordelaise. Louis indique ainsi observer « un écosystème nocturne très dynamique ! » au niveau local.
Une scène qui se démarque par l’arrivée de plus ou moins récentes structures et lieux, comme l’évoque Pablo, de Gimme Sound au nouveau bar culturel Tapage en passant par l’incontournable IBOAT. Trois lieux aux fonctions différentes, aujourd’hui bien ancrés dans le paysage électronique bordelais. L’équipe du collectif indique d’ailleurs travailler en étroite collaboration avec l’IBOAT, « référence de la vie nocturne à Bordeaux », avec notamment une résidence sur l’année 2023. Localement, le collectif est par ailleurs fortement impliqué sur l’organisation du Bordeaux Electronic Week-End, initiative réunissant plusieurs autres acteurs de la scène électronique locale pour laquelle Hermann, membre DJ de Distill, est responsable de production. Le projet vise à faire rayonner la scène bordelaise et à unifier les collectifs locaux. Une version hivernale de l’événement verra le jour les 23 et 24 février.
Distiller sa musique en dehors de la Nouvelle-Aquitaine : un collectif à la vision pluridisciplinaire
Le collectif Distill ne se limite pas à Bordeaux en terme de terrain de jeu. Bien qu’elle privilégie une approche locale, l’équipe entretient des relations à l’échelle nationale voire internationale, avec une approche pluridisciplinaire. Grâce à un système d’invitations (lors de ses dates à l’IBOAT), de résidences ou de co-programmation, le collectif partage sa vision de la scène électronique en France et n’hésite pas à collaborer, nouer des liens avec les collectifs d’autres villes.
Les projets à venir sont nombreux pour Distill ; ils s’insèrent dans une dynamique de progression constante pour le collectif. On peut noter la création d’une chaîne de podcasts, qui donne la voix à divers artistes pour qu’ils et elles s’expriment librement sur SoundCloud, offrant un espace de partage de morceaux finement sélectionnés, des exclusivités ou les mix des membres du collectif. Ou encore une chaîne Youtube, Distilled, qui « permet d’uploader des tracks qui ne sont pas présents sur Youtube ou sur internet, pour faire découvrir de la musique aux auditeur·ices, mais aussi promouvoir des sorties des artistes qui composent actuellement » confie un membre de l’équipe.
Parmi les prochains projets de Distill figure ses dates à venir dans le cadre de sa résidence à l’IBOAT. C’est le cas le vendredi 16 février à l’IBOAT, avec l’artiste uruguayen Z@p qui jouera un live set : « une performance rare et peu connue à Bordeaux » explique le crew.
Autre artiste conviée à cette occasion : Anthea, DJ anglaise « qui déborde d’énergie et présente une proposition musicale incisive aux vibes groovy . » C’est lors du Dimension Festival en 2022, que le collectif l’a rencontré, avant de l’inviter à l’un leurs événements à la Java Paris. Une façon d’illustrer une fois encore la capacité du collectif à créer des ponts et des échanges avec des artistes de la scène électronique à l’échelle européenne.