9 temps forts de la nouvelle Saison de l’Institut des Afriques

Comme chaque année, l’Institut des Afriques propose un programme semestriel autour des nouvelles dynamiques artistiques africaines et diasporiques. En opérant au plus près des acteurs et actrices du secteur culturel afin de valoriser le continent, l’« IdAf » participe à la promotion des initiatives artistiques de l’Afrique. Cette année, la pluralité des récits, les différents narratifs créatifs sont au cœur du programme. Entre spectacles, concerts et rencontres littéraires, on a listé 9 temps forts de la nouvelle saison de l’Institut des Afriques qui se déploiera entre mars et juin, de Bordeaux à Poitiers, La Rochelle, Bègles, Bassens, Lormont ou Floirac.

Crédit photo : Mamadou Dembele – BAO (à découvrir lors du spectacle de contes De bouche à oreille) © Cassandre Ecrabey

Musiques et littératures d’Afrique du Sud d’hier et d’aujourd’hui (parcours musical) / complet

L’Afrique du Sud a souvent fait l’objet de débats en raison de l’époque de la ségrégation raciale : l’apartheid. C’est l’une des périodes de l’époque contemporaine lors de laquelle la population sud-africaine a été fractionnée avec la fabrique de catégories sociales aux conséquences identitaires lourdes. Au-delà de cette sombre page de l’Histoire, l’Afrique du Sud renferme une richesse culturelle encore peu connue du grand public. Siècle après siècle, en dépit de l’apartheid, les différentes communautés sud-africaines ont perpétué leurs traditions et leurs multiples cultures. C’est autour de ces formes de vie créatives que la chercheuse au CNRS, Chloé Buire et la fondatrice du web média OKINKA, Daniela Da Fonseca (autrice de ces lignes, ndlr), échangeront sur quelques parcelles de l’histoire de l’art en Afrique du Sud.

Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde (rencontre littéraire théâtralisée)

Dans sa pièce de théâtre, Wole Soyinka brosse un portrait ironique de la corruption au sein du gouvernement nigérian dans les Chroniques du Pays des gens les plus heureux du monde. Cette œuvre illustre le désir insatiable de pouvoir des dirigeants nigérians, mais aussi celui des élites africaines. En effet, on retrouve des faits similaires à travers tout le continent et même au-delà de ses frontières. Dans le cadre de l’Escale du livre et de la Saison 2024 de l’IdAf, Beata Umubyeyi Mairesse, David Fauquemberg, Fabienne Kanor, Isabelle Fruleux et Eric Delphin Kwégoué échangeront sur cette œuvre qui décrit une réalité politique universelle, dans le cadre de la Saison de l’Institut des Afriques.

De bouche à oreille (spectacle de contes)

Malgré le passé colonial très présent, une tradition de chants a survécu au Sénégal et est parvenue à se transmettre aux générations suivantes. Boubacar Ndiaye est l’un des rares jeunes griots sénégalais à maintenir cette pratique en wolof (la langue sénégalaise) en vie. Accompagné de son musicien, Mamadou Dembele, Boubacar Ndiaye, partage la profondeur du chant Griot dans son spectacle De bouche à oreille. Autrefois, les griots se déplaçaient de village en village pour y raconter des histoires. Aujourd’hui, Boubacar et Mamadou parcourent le monde pour présenter ce spectacle hors du temps et accessible à tous et toutes. Si à travers son spectacle il rend hommage à sa grand-mère, Ngoné Gueye Samb, cet héritage constitue en même temps un outil de reconstruction identitaire.

La sortie de résidence de Nathalie Hounvo Yekpe : Agodjiés (théâtre musical)

Nathalie Hounvo Yekpe, autrice et lauréate du prix de la résidence d’écriture francophone Afriques-Haïti 2024, présentera des extraits de son œuvre Agodjiés. Cette pièce de théâtre scénarise trois femmes fortes et puissantes à des époques distinctes. Dans cette œuvre, les femmes ont du pouvoir, ce qui casse l’image universelle des « femmes africaines ». Le récit est ainsi plus pluraliste, valorisant l’unicité de chacune des ces femmes.

« Gouvernementalité des papiers » en Afrique (exposition)

L’exposition Gouvernementalité des papiers interroge le système d’identification en Afrique. Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au CNRS et membre du site Aubervilliers de l’Institut des Mondes africains ainsi que Richard Banégas, professeur à Sciences Po et chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri), propose un regard différent sur la vie sociale et politique des papiers d’identification en Afrique. Alors que les systèmes de documents d’identité se développent partout dans le monde et qu’ils font face à une technologie hautement efficace, certains pays du continent africain ont du mal à suivre le rythme. Ainsi, l’exposition humanise les démarches administratives des Africain·es et traduit la place de l’identité individuelle au sein d’un processus collectif.

Carte blanche à Tartit : la Caravane Touareg (film documentaire)

Caravane touareg est un film documentaire réalisé par Marlène Rabaud et Arnaud Zajtman, sorti en 2016. Les deux réalisateur·ices figent dans le temps l’exode douloureux de Disco, une chanteuse touareg qui, avec sa caravane, partage ses mélodies avec les autres réfugié·es. En raison des affrontements au Nord du Mali, les populations touarègues se sont réfugiées dans les pays limitrophes. Le film emporte avec lui une culture riche et puissante, dont la musique mélancolique raconte les souffrances, mais aussi la fierté d’un peuple entier. Si ce long métrage met en lumière une culture peu connue en Europe, il souligne aussi l’importance des liens entre les peuples et l’Humanité, même au cœur d’une guerre.

Le groupe musical malien et touareg Tartit partagera également son répertoire « du désert » lors d’un concert à la Guinguette Chez Alriq, vendredi 31 mai.

Tartit

Rencontre littéraire avec Guillaume Blanc (rencontre littéraire)

L’écrivain Guillaume Blanc décrit dans son livre La nature des hommes, paru en 2024, les conséquences « d’une mission écologique pour sauver l’Afrique ». L’auteur y explique que les nations colonialistes ont créées des zones extrêmement protégées, expulsant ainsi plusieurs milliers de personnes de leurs terres. Si l’UNESCO ou le WWF sont connus dans le monde entier pour la protection du patrimoine naturel et culturel, leur mode de fonctionnement dissimule une réalité moins éthique. Les coutumes, les traditions et les cultures de diverses populations africaines ont été bafouées au nom d’une « responsabilité environnementale ». Dans le cadre d’une rencontre littéraire en partenariat avec la librairie Mollat, Guillaume Blanc parlera des dessous de la bien-pensance écologique occidentale. En raison du fait qu’il est perçu comme un nouvel « El Dorado », le continent africain doit être préservé en excluant les Africain·es elles ou eux-mêmes.

Brunch littéraire avec Hemley Boum (brunch littéraire)

Née à Douala au Cameroun, l’écrivaine Hemley Boum interroge avec brio les réalités de son pays. Son livre Le rêve du pêcheur oppose deux générations qui font face à leurs propres choix au sein d’un environnement en constante évolution. D’un côté, un homme qui, pour s’émanciper professionnellement dans un monde moderne sans pitié, abandonne ses racines. De l’autre côté, un vieux pêcheur s’inquiète des vices des grandes entreprises dans sa terre massivement exploitée. Finalement, ces deux histoires décrivent un fossé qui s’élargit de génération en génération et entraînent des conséquences fâcheuses dans le temps.

Hemley Boum

Hommages aux victimes du génocide des Tutsi au Rwanda (projection)

Le génocide du peuple tutsi au Rwanda en 1994 constitue l’un des crimes les plus graves perpétrés dans l’Histoire. Il s’est déroulé sous le regard indifférent d’une communauté internationale qui aurait pu intervenir. Que s’est-il passé ? Comment les survivant·es se sont-ils reconstruits après tant de violence ? Des questions essentielles, assez peu abordées dans le discours public contemporain. Pour rendre hommage aux victimes tutsies, le documentaire Rwanda, vers l’Apocalypse sera projeté au cinéma Utopia, en partenariat avec les associations CAURI et Survie Gironde. Réalisé par Michaël Sztanke, Maria Malagardis et Seamus Haley, le documentaire relate l’orchestration de ce drame glaçant et la reconstruction d’un peuple anéanti. Maria Malagardis et l’écrivaine Beata Umubyeyi Mairesse participeront à une discussion animée après la projection du film.