« Apporter un nouveau regard sur l’Afrique » : la nouvelle saison de l’Institut des Afriques

Dans le cadre de la Saison 2023 de l’Institut des Afriques, on a rencontré Dana Khouri, chargée de coordination et de programmation au sein de l’organisation basée à Bordeaux. Pour sa nouvelle saison l’IdAf met à l’honneur la danse, la littérature ou le cinéma : un programme éclectique qui raconte les nouveaux récits du continent africain.

Crédit photo : Jean Doucet (Salamata Kobré. Week-end corps engagés La Rochelle)

L’Institut des Afriques – ou IdAf – est une plateforme régionale basée à Bordeaux mettant en place différentes actions autour des dynamiques africaines tout au long de l’année. La structure impulse des collaborations hybrides dans un contexte de reconstruction culturelle, mémorielle et d’initiatives locales. Différent·es acteur·ices œuvrent au sein de la structure pour donner vie aux missions, notamment des associations issues de l’immigration, des partenaires éducatifs, collectivités territoriales et acteurs de la solidarité. L’ensemble de ces facteurs font de l’Institut des Afriques un organisme innovateur et fédérateur, qui s’inscrit dans l’ère du renouveau africain.

Une organisation plus que polyvalente pour « montrer le pluralisme et l’innovation à l’œuvre sur le continent africain »

En tant que plateforme, l’Institut des Afriques propose de multiples outils pour s’informer sur les Afriques ou rechercher des acteur·ices culturel·les engagé·es dans les dynamiques africaines en France. Plusieurs outils ont ainsi été déployé par l’IdAf, tels qu’un un centre de ressources, une cartographie en ligne ainsi qu’un espace de partage d’informations liées à aux activités culturelles africaines en Nouvelle-Aquitaine ou à l’étranger.

L’ensemble de ces dispositifs répondent selon Dana Khouri, coordinatrice de l’Institut, à un besoin de « décloisonner les approches culturelles, artistiques et sociales pour apporter un nouveau regard sur l’Afrique »D’autres actions viennent appuyer cette démarche « afin de montrer le pluralisme et l’innovation à l’œuvre sur le continent. »

Débat avec le lauréat de la résidence d’écriture francophone Afriques-Haïti 2023 porté par l’IdAf, Patrick Erwin Michel.

Depuis deux ans, l’Institut des Afriques réalise des actions de médiation auprès des jeunes publics en Nouvelle-Aquitaine. Celles-ci ont été conçues pour sensibiliser les jeunes aux contextes africains, aux enjeux de développement durable ou encore d’appréhender des notions telles que la citoyenneté mondiale. Par ailleurs, une résidence d’écriture en collaboration avec l’ALCA Nouvelle-Aquitaine permet à l’IdAf de mettre en lumière des nouveaux et nouvelles auteur·ices africain·nes et d’Haïti.

Une résidence cinéma et création documentaire en partenariat avec Fidadoc à Agadir permet également à l’organisme bordelais d’explorer les premières réalisations documentaires africaines. Ces actions illustrent parfaitement l’ADN de l’Institut des Afriques : un « investissement sur le public de demain », à savoir la jeunesse locale et celle au-delà de nos frontières. L’Institut des Afriques porte aussi le festival Afriques en vision, dont la dernière édition s’est déroulée en décembre dernier. Cet événement vise a découvrir les nouvelles formes narratives des cinéastes africains. « C’est un lieu de débat ouvert, d’aujourd’hui et de demain d’un point de vue africain » raconte Dana Khouri.

Partenariats historiques et maillage local

Bien implanté localement à Bordeaux, l’Institut des Afriques a noué de nombreux partenariats avec d’autres structures du territoire. Pour mener à bien ces différents projets et actions, l’IdAf collabore étroitement avec ces opérateurs tels que le Musée d’Aquitaine, ALCA Nouvelle-Aquitaine, le FRAC, l’association Lettres afro-caribéennes ou encore des personnalités comme Thierno Dia.

L’ensemble de ces partenaires s’engagent à penser et bâtir un programme annuel sur mesure. « Cette co-construction est consacrée à la facilitation et valorisation des initiatives voulues par les acteur·ices afro-descendants » explique Dana Khouri. D’une part, ces partenariats consolident une unité territoriale et collaborative ; de l’autre, leur diversité facilite la circulation des idées d’un espace à un autre et assure un travail abouti.

La Saison 2023 de l’Institut des Afriques : programme varié mais récit commun 

S’étalant de janvier jusqu’à juin prochain, la Saison 2023 de l’Institut des Afriques explore plusieurs thématiques, qui peuvent se regrouper en trois catégories. Tout d’abord celle du corps en mouvement, qui met en relief les œuvres des artistes africain·nes dans lesquels le corps est vecteur d’un message de liberté et de création.

L’affirmation de la parole est un autre axe de programmation de l’IdAf, qui se traduit par la libération de l’expression des africain·nes et afro-descendants. Des voix qui doivent « aujourd’hui être exprimées, écoutées et dites comme il le faut » pour Dana Khouri de l’Institut. Ces deux thématiques se rejoignent en une seule ; l’engagement citoyen des africain·nes et des diasporas.

Parmi les événements à venir on notera l’exposition photographique à la bibliothèque des Capucins African Workplaces, mettant à l’image le travail en Afrique de l’Ouest. Sur un autre sujet, celui de la mémoire de l’esclavage et de la traite négrière à Bordeaux, la réalisatrice Fabienne Kanor présentera son film Les Contes de la cale au Musée d’Aquitaine le 16 mai. Le lendemain, elle y commentera les collections Bordeaux, le commerce Atlantique et l’esclavage.

Outre le passé, l’IdAf est déterminé à en finir avec les stéréotypes encore en vigueur dans la région dès lors qu’on évoque nos liens avec l’Afrique. Cette nouvelle saison accentue ainsi l’importance de repenser l’avenir en incorporant les visions africaines, pour « montrer aux Bordelais·es qu’un universel africain existe » insiste Dana Khouri.

Si la majorité des événements de cette nouvelle saison de l’Institut des Afriques se déroule en Nouvelle-Aquitaine, l’IdAf maintient malgré tout un lien permanent fort avec le continent africain. D’abord grâce à ses partenariats avec des structures basées en Afrique, comme Fidadoc ou Documentary Africa au Kenya. Mais aussi via des « personnes relais et ressources » qui se déplacent pour les événements et sont en mesure de rapporter un récit authentique, riche et palpable. « On besoin de regarder le monde autrement et ne pas tout regarder d’un point de vue franco-français. Il y a plein de choses qui peuvent nous inspirer, c’est dommage de passer à côté » conclut Dana Khouri. Rendez-vous aux prochains événements de l’IdAf pour le constater !

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