9 formats à découvrir au festival Trente Trente en 2024

Dans la métropole bordelaise, le festival Trente Trente dédie 3 semaines aux arts performatifs et aux formats courts dans la création contemporaine. Pour sa 21e édition, l’événement réunit du 16 janvier au 2 février une programmation éclectique, mêlant danse, théâtre, cinéma, cirque et de nombreux autres formes artistiques, de Bègles et Boulazac. Pour l’occasion, zoom sur 9 formats à découvrir lors du festival.

Crédit photo : Sadboi : Panos Malactos © Pavlos Vrionides

Gaston Core — The Very Last Northern White Rhino (danse déconstruite)

L’histoire de The Very Last Northern White Rhino est née lorsque Gaston Core prend connaissance de faits relatés par Sam Anderson, journaliste du New York Times, au sujet de la mort du dernier mâle de rhinocéros blanc du Nord. C’est en collaboration avec Nico Yao Dapre alias Oulouy qu’il travaille le mouvement dans sa plus pure expression. Ensemble, ils prennent comme point de départ une alliance des danses urbaines, dans la lignée du hip hop, ainsi que des danses à forte influences africaines, afin de créer une chorégraphie hybride et expressive. 

Toujours dans cette recherche d’expression du mouvement, la mise en scène est minimaliste, laissant juste la place à l’observation et à la capacité à construire des images évocatrices. The Very Last Northern White Rhino est une célébration dérivée de la vie s’incarnant dans une liberté d’expression corporelle.

The Very Last Northern White Rhino — Gaston Core}

Christophe Schaeffer — La doublure du réel (films expérimentaux)

Christophe Schaeffer a un parcours pluridisciplinaire qui évoque une réelle passion pour tout ce qui l’entoure, entre philosophie, musique, scénographie et poésie. C’est au cœur de ce condensé artistique que commence la réalisation d’une trentaine de films depuis septembre 2023. La doublure du réel reflète ce croisement pluridisciplinaire lui permettant d’explorer une nouvelle approche entre écriture et image. Ces films expérimentaux sont une hymne à la vie où tout peut devenir source d’étonnement et de ré-enchantement.

La doublure du réel — Christophe Schaeffer

Panos Malactos — Sadboi (performance 3.0)

Format court mêlant danse et performances de 30 minutes, Sadboi met en scène Panos Malactos, danseur chypriote au parcours remarquable. Avec cette pièce, celui-ci se met à nu pour livrer une autofiction en proie à ses émotions. Il travaille à exprimer l’amour dans un monde entièrement technologique et sexualisé. C’est une performance authentique et généreuse, où la physicalité croise le monde virtuel, les réseaux sociaux, les mèmes et les applications de rencontres. Une alliance parfaite entre l’expression du mouvement, la beauté du corps et les émotions qui prennent place dans notre société, et dont Trente Trente sera le reflet.

Sadboi : Panos Malactos © Sita Messer

Tzor Edery & Tom Prezman — Maurice’s Bar (court-métrage queer)

L’histoire de Maurice’s Bar se déroule dans les années 1940 : on se balade dans les souvenirs d’une ancienne drag queen qui se remémore une nuit de son passé dans l’un des premiers bar queer de Paris. L’accent est mis sur l’expression du corps, de la jeunesse, de la féminité. La tension se joue de la musique, des couleurs mais aussi de l’équilibre des bruits et du silence. C’est un court-métrage qui dénonce des problématiques d’époque, qui résonnent encore comme actuelles. Un film réalisé en hommage de Maurice, propriétaire du 2e bar queer de Paris. 

Meytal Blanaru — Rencontre (danse fathom high)

Partons à la rencontre de Meytal Blanaru, danseuse et fondatrice de Fathom High, une technique de danse liée à la méthode Feldenkrais. Par sa curiosité et sa passion, elle a cherché à comprendre et développer une nouvelle recherche personnelle sur la notion de mouvement, entraînant chez elle une innovante manière de s’exprimer et de percevoir son corps. La chorégraphe établit ses recherches sur la méthode Feldenkrais qui permet de connecter les corps d’une manière profonde en associant mouvement et proprioception. Cette méthode se base sur la douceur, le confort, les sensations et l’écoute de son corps. Inspirée par cette méthode, Meytal Blanaru la croise avec la danse, menant à la construction lente de la technique de mouvement Fathom High, qui sert de base à ses différentes expressions artistiques.

Mélissa Guex — Rapunzel (one woman show trash et punk)

Mélissa Guex présente son travail de chorégraphe et performeuse d’abord au Théâtre de Sévelin. Elle se fait remaquer avec Sous Sol, une forme courte, suivie de Rapunzel, sa dernière création. Elle jongle entre le monde de la nuit et celui du théâtre pour expérimenter différentes formes de performances. Avec la compagnie Sumo, Mélissa et son équipe développe depuis 2019 un travail basé sur des esthétiques élaborées, non dénuées de noirceur. 

En évoquant la figure de la princesse, Mélissa Guex bouleverse sa dimension emblématique, elle se montre au public comme une créature usée par la solitude et l’attente. Avec Rapunzel, un one woman show trash et punk, elle vient défaire les codes et s’attaquer aux clichés féminins ancrés dans l’imaginaire collectif. Toujours dans cette démarche de démanteler les généralités, elle sépare le destin statique d’une femme à celui de son prince aventureux et courageux. Le mot d’ordre à découvrir à Trente Trente : « no need to be saved ».

Melissa Guex : Rapunzel ® Julie Folly

Nicolas Meusnier — Storytelling (théâtre spirituel)

Nicolas Meusnier revient avec un nouveau chapitre, Storytelling, de la grande saga familiale qui a débuté par Sitcom. Il cherche dans cette nouvelle performance théâtrale à aller jouer avec les fantômes comme dans une sorte de séance de spiritisme. Pour lui, la scène de théâtre est l’endroit typique des fantômes, il aime convoquer des voix de gens qui ont été proches de lui tant physiquement que spirituellement. Il soulève également le rapport à la mort et la question de ce qu’il reste après la disparition. Storytelling est une performance théâtrale unique et pourtant universelle qui fait réfléchir à « comment survivre à ce qui nous manque. »

Storytelling © Nicolas Meusnier

Marica Marinoni — Lontano (performance corporelle)

Marica Marinoni se forme au CNAC où elle travaille la discipline de la roue Cyr.  Après une tournée organisée par le CNAC et dirigée le collectif Galapiat Cirque, elle participe au développement de plusieurs projets dont la création de la compagnie Scome, qui présente Trait(s) mais aussi à la création du spectacle space Toro. C’est aux côtés de la compagnie 7bis, qu’elle co-crée son solo avec Juan Ignacio Tula intitulé Lontano

Lontano est une performance qui porte sur la question du corps. L’acrobate qui joue avec la roue cyr repousse les limites du corps en soulevant plusieurs questionnements : quelle est la place de notre corps aujourd’hui ? Pour quelle raison choisit-on d’engager notre corps ? Que veut un corps ? C’est avec cette dualité entre chair et roue que Marica Marinoni nous rend un langage poignant et hypnotique. À Trente Trente, Lontano fait prendre conscience de son corps par les mouvements, les risques et les chutes de l’acrobate qui cherche à déconstruire la vision du corps.

LONTANO Cie 7bis : Marica Marinoni et Juan Ignacio Tula © Alain Julien.JPG

Chiara Marchese — Wonderwoman (marionnettes, violence et tendresse)

Wonderwoman est une célébration de la femme, de sa sexualité, de son parcours d’apprentissage et de sa force dans la société. C’est un spectacle qui parle de violence par le biais de la tendresse par le biais de plusieurs disciplines. Tout commence dans un espace étrange où il ne reste que décombres et gravats, dans lequel Wonderwoman évolue en équilibre sur des fragments de métal en suspension. Elle prend vie et se transforme, en mettant l’accent sur le corps et ses mouvements, en passant par plusieurs états, celui de Femme puis celui d’objet à nouveau.

Le titre de ce spectacle est évocateur, il tend à montrer la ténacité, le courage de la femme malgré le poids de la société dans laquelle elle évolue. Cette performance qui mêle cirque et marionnettes est un véritable hymne à la femme.  C’est avec la WoW Compagnie, fondée par Chiara Marchese elle-même, que le spectacle est produit. La compagnie a pour but de promouvoir les arts du cirque, les arts plastiques et les marionnettes par le biais de rencontres et représentations. 

Wonderwoman Chiara Marchese © Jordi Arqué
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