Les coups de cœur de l’équipe du festival des arts militants Le Bruit des Printemps

Les 10 et 11 juin, la première édition du festival des arts militants le Bruit des Printemps se déroulera à Montlieu-la-Garde, en Charente-Maritime, organisé par la compagnie Les mille Printemps. Pour l’occasion, l’équipe de cette manifestation pluridisciplinaire livre ses coups de cœur de programmation, entre rap, spectacle jeune public et création sur le genre.

Boubsi (le choix de Louise Fafa, co-directrice du festival)

« Le samedi 10 juin à 23h30, nous avons le plaisir d’accueillir Boubsi. Le rap est un milieu encore dominé très largement par les hommes. Les personnes sexisées ont du mal à s’y faire une place. Il suffit de regarder la nouvelle saison de La Nouvelle École pour le comprendre. Finalement dans cette forme d’expression là – pourtant souvent anti-système – la revendication, la révolte, la radicalité, le pouvoir n’incluent, encore une fois, pas les personnes sexisées.

Symptôme de toute une société où la culture est loin d’être épargnée. C’est pour cela qu’il est important pour nous de programmer des artistes comme Boubsi. Sa ligne artistique et son propos sont parfaitement dessinés, son flot et son écriture incisifs. Il faut des espaces pour qu’émergent ces artistes de talent qui vont révolutionner l’ordre établi. Il faut donner la place à une parole sexisée en colère et révolutionnaire. Il  faut faire de la place. Et ça commence comme ça. Il est aussi important d’amener toutes ces propositions à la campagne, afin d’en finir avec le monopole des villes sur la culture et l’art. »

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Jimmy et ses sœurs de la Compagnie de Louise (le choix de Sarah Coulaud, co-directeurice du festival)

« Le dimanche 11 juin à 11h, la Compagnie de Louise (de La Rochelle), vient présenter son spectacle jeune public, Jimmy et ses sœurs. Nous tenions absolument à programmer un jeune public engagé, et plus particulièrement, pour cette première édition, autour du genre. La difficulté était de trouver un spectacle créé pour les enfants qui n’édulcore pas trop le cœur du sujet, qui dit les choses assez frontalement, et qui, tout en s’adaptant évidemment à l’âge de son public, ose une certaine forme de radicalité.

Le spectacle raconte l’histoire de trois sœurs qui vivent dans un monde où, pour les protéger, on empêche les femmes de sortir de chez elles. Pour échapper à cette règle, l’une d’entre elle décide un jour de devenir Jimmy, un garçon. Elle découvre alors la sensation de liberté que lui offre cette nouvelle peau. De leur côté, ses sœurs tentent de trouver leur place. Dehors, leur père et des garçons disparaissent et les loups se multiplient. Elles entendent bientôt la rumeur que les garçons et les hommes deviendraient ces loups… Comment vont-elle faire bloc et résister à la peur qui se répand ? Jimmy mêle poésie et onirisme à une vraie réflexion sur la quête de liberté à travers la déconstruction des genres. C’est beau, drôle, émouvant et résolument badass ! »

Jimmy et ses sœurs de la Compagnie de Louise

Faire Genre de la troupe Dégenrée (le choix de Gabrielle Chalmont, co-directrice du festival)

« Le dimanche 11 juin à 16h45 aura lieu la restitution d’un projet de territoire mené sur l’année par Les mille Printemps avec les habitant·es. Chaque année la compagnie propose, aux habitant·es du territoire, un sujet à aborder ensemble sur l’année (20-21 L’âgisme, 21-22 l’écologie, 22-23 le genre). Les artistes de la compagnie dirigent des ateliers d’octobre à janvier auprès de toutes les classes du collège de Montlieu-la-Garde, mais aussi auprès des résident·es de l’EHPAD Les 2 monts. Dès janvier, une vingtaine de volontaires, sans limite d’âge, se réunissent (pendant les week-ends ou les vacances scolaires) pour créer ensemble un spectacle sur mesure nourri par les réflexions récoltées lors des ateliers.

C’est avec un enthousiasme communicatif que la Troupe Dégenrée a créé « FAIRE GENRE » une création originale sur le genre et ses injonctions. Durant les six derniers mois, ce groupe composé de dix-sept comédien·es et autrices volontaires âgé·es de 10 à 60 ans encadré par Gabrielle Chalmont et Sarah Coulaud ont échangé sur le genre, le sexisme et ces fameuses cases dans lesquelles il est souvent difficile de se retrouver. C’est un véritable cadre de confiance et de bienveillance que chacun·e a pris soin d’installer durant de ces cercles de paroles. Chacun·e a eu l’occasion d’exprimer son ressenti quant à son genre, son rapport aux luttes anti-sexistes sans jamais perdre de vu que chaque génération à sa particularité, chaque âge son urgence.

Faire Genre de la troupe Dégenrée

Faire Genre c’est l’histoire d’une classe d’un collège rural invitée par l’éducation nationale à « monter à Paris » pour participer à un concours de talents en groupe sur la thématique « filles/garçons un numéro qui vous ressemble ». Léo, un petit garçon réservé propose de se lancer dans l’élaboration d’un « show de Drag Queen » comme ceux qu’il a vu un jour à la télé. Au début réfractaire, toute la classe finit par accepter et se lance à corps perdu dans la répétition d’un numéro haut en couleur (et en perruque !). Cela devient surtout l’occasion pour les élèves de se questionner honnêtement sur leurs identités, et à leurs parents de comprendre réellement les tenants et aboutissants de ce sujet d’hyperactualité dont tout le monde doit s’emparer pour un monde que l’on aimerait beaucoup plus juste, beaucoup plus gentil. »

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