Le cinéma bordelais Utopia lance une campagne de financement participatif pour son nouveau projet de salle de proximité, alternative et vivante au cœur du Parc Palmer à Cenon. Pour l’occasion, on a rencontré Nicolas Guibert, programmateur du cinéma bordelais.
Utopia est un réseau de cinéma indépendant initié au début des années 1970. À Bordeaux, c’est place Camille-Jullian qu’une de ses salles a ouvert ses portes en 1999, installé dans l’ancienne église Saint-Siméon qui a connu de nombreuses fonctions (garage, squats…) avant de devenir le cinéma que l’on connaît. Aujourd’hui, le réseau ambitionne de s’exporter de l’autre côté de la Garonne, du côté de Cenon, et plus précisément au cœur du quartier de Palmer.
Le projet est initié dès 2018 avec des projections « Hors les murs », d’abord réalisées au Rocher de Palmer. L’idée d’un cinéma implanté à Cenon fait alors son chemin, la rive droite ne possédant pas de cinéma labellisé Art & Essai. « Quand, on dit rive droite, ça englobe Lormont, Floirac, Cenon, l’Entre-Deux-Mer et jusqu’à Libourne en fait » précise Nicolas Guibert, programmateur du cinéma bordelais et investi sur le projet de Palmer depuis ses débuts.
« Une alternative au cinéma du centre-ville de Bordeaux »
Utopia Palmer apparaît pour l’Utopia comme une alternative au cinéma du centre-ville de Bordeaux s’inscrivant dans un quartier populaire et métissé. Un ancrage territorial en phase avec l’ADN de l’Utopia, comme le rappelle Nicolas Guibert : « L’Utopia c’est un cinéma du monde, un cinéma qui vient de partout dans le monde et qui reflète des problématiques sociales ou culturelles. C’est aussi le reflet de ce qui peut se passer sur la Rive Droite, et qui peut intéresser beaucoup de monde au-delà. »
L’Utopia Palmer agira en commun avec l’Utopia Bordeaux, partageant une gazette et une ligne éditoriale commune. Le nouveau lieu se veut complémentaire et autonome au cinéma de la Place Camille Jullian. Le lieu veut être un laboratoire social où le cinéma pourra notamment travailler avec les associations locales et organiser par exemple des soirées débats. La proximité avec le Rocher de Palmer permettra également d’accroître le nombre de collaborations et les synergies entre ces deux acteurs majeurs de la vie culturelle locale. De plus, le cinéma étant dans localisé dans le parc Palmer, des projections en plein air pour l’été pourront être envisagées.
Lieu ouvert qui pense son empreinte écologique
Le cinéma installera ses quartiers au château de Palmer, un lieu de passage et d’échange qui sera ouvert sur l’extérieur. Un café y sera installé, permettant aux habitant·es de Cenon et des alentours de venir côtoyer l’endroit à toute heure. Les publics scolaires seront également accueillis dans cet espace, comme le propose déjà son grand frère place Camille-Jullian.
Ancré dans son quartier, ce nouveau cinéma sera aussi à l’écoute des défis de son époque, à travers une démarche architecturale écoresponsable et une volonté d’avoir un « impact minimal sur l’environnement » indique Nicolas Guibert. Le cinéma travaille ainsi avec le cabinet Shalumo Architectes et le bureau d’ingénierie environnemental indépendant 180 degrés afin de maîtriser cette empreinte.
Un financement participatif nécessaire
Pour mener à bien son projet et finaliser sa phase de conception, Utopia Palmer a décidé de lancer une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. Une initiative nécessaire selon Nicolas Guibert qui explique ; « Si on veut faire attention à ne pas fragiliser l’économie d’Utopia Bordeaux, on a besoin de nos spectateur·ices. C’est pour ça qu’on a mis en place un financement participatif. »
Premier pallier pour l’Utopia Palmer : 20 000 euros, de quoi permettre de participer à la phase de conception architecturale du projet. En fonction de l’engouement, d’autres étapes seront dévoilées, permettant au futur cinéma de bénéficier d’un budget plus conséquent, notamment pour être accompagné sur sur des préconisations écologiques. Avec, quoi qu’il arrive, une ouverture prévue pour 2025.