Une exposition pour documenter la mobilisation étudiante en école d’architecture

Partout en France, des étudiant·es se mobilisent actuellement contre la réforme des retraites portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. À Bordeaux, certain·es ont voulu donner un écho à ce mouvement social, dans le cadre d’une exposition à arc en rêve. Portée par les étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux (ENSAP), « PAYS[A]RCHI En Lutte » (Paysagistes et Architectes) s’intéresse plus particulièrement à l’implication actuelle des écoles d’architecture dans la mobilisation en cours.

Le point départ de l’exposition « PAYS[A]RCHI En Lutte » (Paysagistes et Architectes) remonte au 6 février 2023. Les étudiant·es de l’ENSA (École nationale supérieure d’architecture) Normandie voient à ce moment la date de leur rentrée scolaire décalée, pour cause de manque de moyens financiers. Ces dernier·es décident alors de se mettre en grève, en sollicitant leurs homologues en France d’autres ENSA (20 au total en France) de faire preuve de solidarité et de se mobiliser. L’école à Bordeaux, l’ENSAP, située sur le campus de Talence, votera le soutien à la mobilisation le 9 mars.

Documenter le présent, exposer la précarité étudiante

C’est dans ce contexte que les étudiant·es de l’ENSAP ont décidé de faire part du « ras-le-bol » national et de leurs inquiétudes concernant leur futur dans cette exposition « PAYS[A]RCHI En Lutte » (Paysagistes et Architectes). Installée à arc en rêve jusqu’au mercredi 5 avril, elle entend « ne pas attendre 30 ans pour prendre la mesure du bouleversement en cours » et donc alerter sur l’état de la vie étudiante en France, plus particulièrement celles en école d’architecture.

La précarité étudiante actuelle s’inscrit dans un contexte plus long. Fragilisé·es par la crise du Covid-19 en 2020, beaucoup d’étudiant·es doivent travailler à côté de leurs études (25,3% occupent un emploi à temps plein ou temps partiel à l’Université Bordeaux Montaigne par exemple selon une étude réalisée par Le Poing Levé, l’organisation EBM, la FSE et l’UNEF). D’autres chiffres permettent de prendre la mesure de cette situation : 20,8% des étudiant·es vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 1026€ par mois (INSEE, 2017) ; 1 étudiant sur 5 a déjà renoncé à un besoin primaire (nourriture, soins, etc.) à cause d’un manque de ressources financières (INSEE, 2017) ; 50,8% des étudiant·es déclarent avoir dû se restreindre au moins une fois dans l’année (Observatoire national de la Vie Étudiante, 2016).

Discuter de la place des paysagistes et architectes de demain

« Dans 30 ans il y aura peut-être des expositions et des écrits consacrés à la mobilisation qui secoue depuis plusieurs semaines le monde académique et étudiant, et plus particulièrement les écoles d’architecture » évoque la communication autour de « PAYS[A]RCHI En Lutte » (Paysagistes et Architectes). Celle-ci se veut immersive et interactive ; les visiteurs et visiteuses peuvent en effet discuter et échanger avec les étudiant·es de l’ENSAP présent·es de l’avenir des études d’architecture et de paysagiste. La scénographie a été mise en place sur deux semaines, pour pouvoir interroger et mettre au centre des débats la place des paysagistes et architectes de demain.

L’inauguration de l’exposition a eu lieu le mercredi 29 mars en présence des étudiants de l’ENSAP. Un débat était ensuite organisé sur les mobilisations étudiantes avec le sociologue de l’architecture Jean-Louis Violeau, l’architecte Virginie Gravière ainsi qu’Yvan Detraz, architecte et cofondateur du collectif de création urbaine Bruit du Frigo.

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