Trente Trente, la création courte et engagée à l’honneur

Du 18 au 31 janvier, la seizième édition du festival Trente Trente se déploiera en Nouvelle-Aquitaine. À coup de performances, workshops, concerts, expositions et installations qui mettent à l’honneur des formats courts (une trentaine de minutes) et radicaux, l’événement « propose une résistance à la pensée générale dominante » à travers des formes d’expression et des écritures nouvelles. Étalé dans le temps et sur le territoire, Trente Trente devrait bousculer plus d’un spectateur, tout en offrant à chacun un terrain de découverte foisonnant.

Trente secondes, trente minutes, une trentaine de propositions

Manifestation culturelle singulière dans un paysage artistique un peu trop convenu, Trente Trente introduit la contradiction et le désordre au cœur de sa programmation depuis sa création en 2004. « Susciter des émotions, provoquer des réactions, ne pas avoir à faire à une forme de normalité et d’uniformisation » : le projet du directeur artistique, Jean-Luc Terrade est affiché. Également metteur en scène de la compagnie de théâtre Les Marches de l’Été, à l’origine du festival, ce dernier espère ainsi « créer les conditions afin que la poésie puisse advenir ».

Pendant Trente Trente, le public est convié à découvrir une multitude d’artistes émergents – avec pas moins de 32 équipes artistiques – ayant tous pour point commun la réinvention du paysage artistique contemporain. Invité à se plonger au cœur de chacune de ces propositions, le public est considéré comme partie prenante du processus créatif. Oscillant entre 5 minutes (diffusion d’un court métrage) et un peu moins d’une heure (spectacle de danse), la plupart des créations sont des formes courtes, radicales et hybrides. La programmation est à bien des égards surprenante sur la forme, ainsi que par la diversité de ses formats et son déploiement relativement inédit sur le territoire régional.

Workshops, résidences & concerts de Bordeaux à Limoges : une manifestation protéiforme et régionale

Si Trente Trente entend surprendre par la forme prise par chacun de ses (courts) actes, la singularité du festival réside également dans la pluralité des formats proposés. Workshops, projection de courts-métrages, performances, installations, danse, improvisations visuelles et sonores, expositions photos, accueil d’artistes en résidence… Tout les médiums et les arts sont employés afin d’offrir aux spectateurs une expérience multisensorielle et totale. Là encore, Trente Trente fait figure de quasi exception par ce croisement des disciplines, qui peinent parfois à partager l’affiche de manifestations culturelles similaires.

Ersilia d’Alvise Sinivia, version performée, musique & mouvement

Au-delà de cette dimension protéiforme, le festival investira un grand nombre de lieux de Bordeaux et de la région (14 au total). De Limoges au Bouscat (siège de la compagnie de théâtre Les Marches de l’Été) en passant bien évidemment par Bordeaux (à la Manufcature CDCN, au Glob Théâtre, à l’Espace 29 ou au cinéma Utopia) mais aussi Boulazac, Cognac, Pau ou Bègles : c’est toute la Nouvelle-Aquitaine qui accueille les différentes propositions artistiques de Trente Trente, lui conférant ainsi un solide ancrage territorial. Ce maillage est renforcé par des navettes qui desserviront notamment Boulazac (gratuitement au départ de Bordeaux le 22 janvier pour l’Agora) ainsi que les différentes lieux bordelais lors du parcours dans la ville (le 26 janvier, entre la Halle des Chartrons, le Glob Théâtre, Le Performance…).

Du live jazz-psyché analogique d’Étienne Jaumet à la performance sonore corporelle Poings liés d’Eddie Ladoire : un programme riche ultra diversifié

Sur le contenu pur, là encore Trente Trente fait figure d’OVNI en croisant les genres et jouant la carte de la pluridisciplinarité à fond. En musique, on aura par exemple le plaisir de (re)découvrir le live jazz-psyché du prodige français Étienne Jaumet (le 18 janvier au Centre Culturel Municipal Jean Moulin de Limoges). Ou encore un concert de Justin Taylor, grosse pointure du clavecin qui reprendra trois pièces courtes de Gyorgy Ligety (à base d’un jeu de 18 notes par secondes au Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan).

Cette diversité s’exprimera également à travers le spectacle de danse « Ecce (h)omo » de Paul / a Pi, artiste d’origine brésilienne qui propose une réinterprétation du travail de la chorégraphe allemande Dore Hoyer (le 30 janvier à l’Espaces Pluriels de Pau). En danse toujours, l’installation chorégraphique pour un corps sur un plan d’eau « Gravité » de Fabrice Lambert vaudra également le détour (le 18 janvier à Limoges). Plusieurs performances sont également prévues, avec, entre autre, « Farci.e » interprété et pensé par Sorour Darabi qui interroge les notions de genre, d’identité et de religion à l’aune du langage (le 25 janvier au Glob Théâtre à Bordeaux) ou encore « La prophétie des Lilas » de Thibaud Croisy et Sophie Demeyer, quête pour retrouver le médecin ayant mis au monde le metteur en scène (le 25 janvier à la La Manufacture CDCN de Bordeaux).

Des workshops sont aussi intégrés à la programmation, avec un premier atelier à destination des danseurs avec le chorégraphe Brice Noeser qui proposera un travail « sur le mouvement, la pensée et la parole ». Jeux sonores et explorations rythmiques seront également au rendez-vous d’un autre atelier ouvert à tous le 30 janvier au théâtre des Quatre Saisons de Gradignan. Masques d’argile et danse, en compagnie de la chilienne Marcela Santander Corvalán, viendront également compléter cette belle offre de workshops. Au total, pas moins d’une trentaine d’actes artistiques très variés : une diversité bienvenue à l’heure où certains tendent à cloisonner les disciplines en chapelles hermétiques.
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