Shifty, la première école post-bac française dédiée au skate ouvre à Bordeaux

En septembre 2020, une formation peu commune ouvrira ses portes sur le campus de Sup de com à Bordeaux : Shifty. Un bachelor (équivalent international de la licence universitaire) mêlant cours de communication, métiers de l’image et… skate !

Crédit photo : tomcaptures

La culture skate, sous-culture bankable ?

Bien plus qu’un simple sport, le skate est souvent perçu par celles et ceux qui le pratiquent comme un lifestyle, une culture parfois alternative et de plus en plus populaire. Si les skateurs ont pu être marginalisés à l’émergence du phénomène, celui-ci a vite pris un essor considérable au sein de la société. Dès les années 1970 skate et mode se sont par exemple côtoyés. Plus la discipline se professionnalise – de l’athlète aux magazines spécialisés, en passant par le fabricant de planche – plus la culture et l’esthétique associées au skate deviennent des outils marketing. La preuve, tout le monde porte du Trasher, peu de gens tiennent sur une planche.

Le skate à l’école, un modèle suédois

Il n’est donc pas étonnant que les écoles de commerce et de communication rident la tendance. Bordeaux présente un panel assez fourni d’établissements d’enseignement supérieurs privés principalement dans les secteurs du digital et de la com’. Il leur faut donc rivaliser d’ingéniosité pédagogique et médiatique pour se démarquer les unes des autres. C’est ainsi que Shifty naîtra à la rentrée scolaire 2020. Si on se penche sur la proposition pédagogique de l’école, celle-ci semble assez complète :

Management et stratégie de communication , création visuelle (vidéo, Pao, photographie, Design 3D), digital (code, création de site, Social media, référencement),événementiel, commercial (relation client, Négociation…)

Là-dedans, le skate prend tout son sens comme l’explique Arnaud Dedieu, directeur de Shifty : « Cette formation permet aux étudiants de révéler leur potentiel grâce à leur passion. C’est en pratiquant ce qu’ils aiment qu’ils s’impliquent et apprennent. Nous pensons que c’est le meilleur moyen d’obtenir de bons résultats. C’est en tout cas un modèle qui fait ses preuves depuis plus de 10 ans au lycée Bryggeriets de Malmö en Suède. La plupart de nos intervenants sont des experts reconnus dans leur domaine, qui partagent cette passion pour le skateboard avec les étudiants. L’ensemble des compétences acquises sont validées par des projets professionnalisants. »

Crédit photo : @tomcaptures

Il ajoute : « Shifty est un projet pour les skateboarders par les skateboarders. En tant que Directeur de Shifty, le skateboard est ma passion depuis maintenant 31 ans. J’ai toujours été un activiste de cette culture et un soutien pour la scène, notamment à travers ma carrière professionnelle, que ce soit en créant des médias, en produisant du contenu et des événements, ou en développant le skate-urbanisme en France ». Conférences, cours collaboratif, ou encore études de cas seront les outils mis en place autour de la culture du skateboard, le tout accompagné d’une initiation aux rudiments de cette activité physique. L’admission au bachelor ne demande aucune connaissance ou pratique du skate, mais de répondre à un QCM d’analyse de publicité, de compréhension de texte et d’anglais.

Une formation pour les ambassadeurs de la street culture

En somme, il s’agit d’une formation de communication et management assez commune dont l’atout principale serait de permettre à ses étudiants d’accéder à un secteur professionnel bien définit. La mise en avant de la citation suivante sur la plaquette de Shifty aide à se faire une idée du secteur visé :

« Les recruteurs sont désormais à la recherche de profils agiles et créatifs bercés dans les nouveaux usages digitaux et culturels. Être skateboarder, ambassadeur de la street culture qui repense en permanence l’approche de son environnement, est devenu un atout valorisé et valorisant que ce soit pour les marques, les agences, les organisateurs et les médias » comme l’indique Ludovic Pouilly, directeur marketing de Nike.

Une note d’espoir : l’insertion par la gentrification ?

Le skate a longtemps été marginalisé.  Par le passé, nombre de cultures alternatives et populaire se sont démocratisée entraînant tour à tour reconnaissance professionnelle de leurs acteurs voire insertion sociale pour les populations qui y sont liées après être passé par le prisme de la hype et du mainstream. On pense à la réappropriation du  Street art par le marché de l’art, ou à l’utilisation des codes du hip-hop au profit de diverses industries par exemple.

Crédit photo : @tomcaptures

Le bachelor proposé par Shifty est onéreux (il faut compter au total 21 865 euro de frais de scolarité ) cependant l’école se veut inclusive et prévoit de mettre en place un système de bourse au mérite, à cela s’ajoute la possibilité de financer sa formation grâce à l’alternance à partir de la deuxième année. À la mention du décalage entre la culture skate, populaire et longtemps underground, et l’image que renvoient les établissements supérieurs privés souvent formatant et chers, Arnaud Dedieu nous rétorque : « Et selon vous cela serait moins incongru si nous avions un partenariat avec l’Université ? »

Il est encore tôt pour se prononcer sur les tenants et aboutissant de la floraison de ce type de formations alternatives. Influenceront-elles le secteur public offrant ainsi un champ éducatif plus large, plus inclusif à un panel varié d’étudiants ? Ou resteront-elles le privilège d’une classe moyenne voire aisée ?
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