Il vient de sortir son premier EP, Overdose, mais n’est pas pour autant un newcomer de la scène rap. Loryas est un artiste de 20 ans originaire de Périgueux, où il y est très actif en développant de nombreux projets en vue d’encourager le développement de sa scène. Inspiré autant par le rap d’Outre Atlantique que par ce qu’il se passe en France, le rappeur fait son petit bonhomme de chemin, au point d’être passé sur les ondes de Skyrock et d’avoir été auditionné pour le Printemps de Bourges. Rencontre avec Loryas pour en savoir plus sur son parcours personnel.
Crédits photos : @lutzroom
Le Type : Salut Loryas ! Après avoir sorti ton premier EP en solo, Non Identifié, tu reviens sur la scène pour nous parler de ta nouvelle sortie Overdose. Peux-tu nous présenter le projet dans les grandes lignes ?
Loryas : Overdose est un EP composé de 5 titres, dans lequel j’essaie de mettre l’accent sur la direction artistique, de mettre en avant les choses positives qu’on a retenu sur les sons précédents, et essayer d’adapter l’univers avec ma personnalité. On a remarqué que sur pas mal de mes sons, je parlais beaucoup de déception, que ça soit avec les relations amicales, amoureuses – voire même envers le système. Du coup, on est restés sur cet axe-là, et on a essayé d’explorer plusieurs facettes mélodiques. Par exemple, au niveau des drums on a gardé des sonorités qui tapaient un peu, pour que ce soit cohérent avec le propos.
Est-ce que tu as fait des featurings sur cet album?
Sur ce projet-là, il n’y a aucun feat, parce que je l’ai écrit pendant le premier confinement. Comme j’avais laissé mon home studio à Bordeaux, j’ai seulement pu écrire, c’était assez compliqué. Quand je suis sorti de cette période-là, il fallait que le projet se termine rapidement, et donc que j’aille directement en studio. Je n’avais donc pas forcément le temps pour les feats. À l’avenir il y en aura, je pense, j’en suis même sûr. Mais pour le moment non, et puis même pour travailler mon univers aussi, je pense que c’était plus intelligent et plus judicieux de commencer comme ça.
Tu alternes entre des titres décontractés avec ton titre « Absent » et des sons plus énervés comme « Non identifiés », que l’on peut assimiler à de l’ego trip. Quel est le fil rouge que tu as choisi pour ce nouvel EP ?
Il y a de l’ego trip, mais très survolé. On a essayé d’aborder des sujets sur lesquels un grand nombre de personnes peuvent se reconnaître. Dans mes derniers titres, quand il y avait de l’ego trip il y avait toujours un message derrière, une dénonciation du système par exemple. Et en fait, dans cet EP, chaque titre est différent, il y en a qui sonnent un peu plus américanisés, d’autres qui sonnent un peu plus rap français, d’autres plus mélodieux. Après on a gardé cette touche egotrip parce qu’on fait du rap quoi !
Qu’est-ce que tu entends par « rap américain » ou « rap français » ?
Oui, alors en fait c’est au niveau des productions de l’EP. J’ai collaboré avec des producteurs, notamment un en particulier. Ils sont tous étrangers, à part un qui est français et qui a collaboré avec Koba LaD. Au niveau des beatmakers il y en a un qui est de Corée du sud et un autre originaire de Californie. Sur les sonorités, ça sonne vraiment très trap américaine. Ce sont des sonorités que l’on n’a pas forcément l’habitude d’écouter dans le rap français. Au niveau du délire, je suis resté vraiment axé sur le rap français, parce qu’en France on n’est pas très habitué à entendre ça pour le moment. Je trouve que c’est assez avant-gardiste.
On a eu l’idée de créer cette Appart production pour aider les artistes locaux de musique urbaines, pour la production de leurs projets.
Tu fais partie d’un label associatif, peux-tu nous le présenter ? Comment les as-tu rencontrés et quels sont les projets à venir avec eux ?
Le label s’appelle Appart production. Je fais partie des membres fondateurs de l’association. On l’a créé il y a bientôt deux ans. Le président actuel, qui s’appelle Anthony Terrade – qui est mon manager maintenant – a eu l’idée de créer cette association pour aider les artistes locaux de musique urbaines, pour la production de leurs projets notamment. Quand on débute, c’est souvent assez compliqué niveau budget pour produire, parce qu’on a pas forcément les moyens et le matériel.
En dehors de l’association, j’ai bossé essentiellement avec mon ingénieur du son Laurent Lapierre, l’ancien régisseur de la salle de concert de Périgueux et avec qui je bosse depuis le début. Appart production m’aide plutôt sur le côté administratif et financier.
Tu fais partie d’une nouvelle génération de rappeurs, tu as tout juste 20 ans et tu es déjà apparu sur des grosses radios françaises, des émissions telles que Planète rap sur Skyrock voire même France 3. Comment es-tu arrivé sur ces médias ? Cela a-t-il permis d’obtenir des collab et de créer des contacts ?
Pour Skyrock en fait j’ai été repéré sur mes freestyle, on m’a invité parce que Dinos avait vraiment apprécié ma prestation par téléphone. J’ai traversé toute la France pour aller à Paris, c’était une vraie expérience, un objectif que je m’étais fixé. Pour moi, passer dans les studios de Skyrock c’était vraiment un rêve de gosse. Je savais que c’était faisable, même si je sais que dans la région on n’est pas beaucoup à y être passé. Mais c’était quand même un rêve, et j’ai tout fait pour le réaliser. Ça s’est fait plus vite que prévu d’ailleurs, j’étais assez surpris.
Je suis très content de cette expérience, surtout que Dinos est un rappeur que j’apprécie énormément. Concernant France 3, je pense que ce qui m’a aidé c’est mon accompagnement au Sans Réserve, la salle de concert de Périgueux. Le premier clip que j’avais fait en solo avec Joysad y a contribué également, puisque pas mal de gens le connaissent ; il est originaire de chez moi aussi. C’est aussi avec lui que j’ai commencé le rap. Ce clip a été réalisé dans un musée gallo romain, c’était vraiment original et atypique. C’est ce qui a attiré la presse locale, et France 3 est venu faire ce reportage sur nous.
Ce n’est pas parce que j’ai fait un Planète Rap que je suis forcément arrivé là où je voulais.
Plus globalement, qu’est-ce que ces expériences t’ont apporté ?
Peut-être que Skyrock m’a apporté un peu de crédibilité aux yeux de l’industrie musicale. Mais franchement, c’est trois fois rien. Ce n’est pas parce que j’ai fait un Planète Rap que je suis forcément arrivé là où je voulais. Mais personnellement, ça m’a vraiment motivé et ça m’a bien prouvé que je pouvais réaliser et atteindre certains objectifs.
Tu es originaire de Périgueux ; peux-tu nous citer d’autres rappeurs que tu apprécies et originaires de cette même ville (ou de la région autour) ?
Quand j’étais au collège, je regardais pas mal les rappeurs qui étaient à Périgueux et qui à l’époque freestylaient sur Facebook. Il y a Daryl qui est vraiment doué et quand Une minute de rap est arrivé, Joysad a percé et Daryl a bien buzzé aussi… Un peu moins que Joy, même s’il est à plus de 20 000 abonnés aujourd’hui. Il a gagné un concours de rap avec Deezer. Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer. On a plein de relations en commun, mais on ne s’est jamais croisés ! Depuis, il est à Paris parce qu’il a signé dans un label. Après, pour citer d’autres rappeurs que j’apprécie, on peut citer Dabrowski ou Rismouz.
As-tu eu l’occasion de faire des collaborations avec eux ?
Joysad est un artiste avec lequel j’ai sans doute fait le plus de collaborations, mais il y en a beaucoup qui ne sont jamais sorties. Avec Rismouz et Dabrowski qui font tous les deux partie de l’association, on a réalisé une compilation, en résidence d’artiste. On a loué une villa avec Appart production et on a fait deux séjours. Le premier a duré trois jours et l’autre cinq. La compil’ devait normalement sortir au printemps 2021.
D’ailleurs, peux-tu nous en dire plus sur ton projet de studio mobile que tu comptes mettre en place avec cette association ?
On attend les retours de ceux qui nous subventionnent, on a prévu de commander le matériel nécessaire entre fin février et début mars. Ce sera faisable quand on aura les ressources qu’on a demandé.
On va se déplacer dans tout le département avec du matériel de très bonne qualité qu’on aura chargé dedans. Pour celles et ceux qui prendront rendez-vous avec nous sur le site de l’association, on va les enregistrer gratuitement, après pour ce qui est du mixage ou mastering je pense qu’on fera payer, mais à moindre coût. C’est un projet 100% solidaire.
On ferait les prises de voix sur place, et pour ce qui est du mixage on ira en studio. Si les gens veulent un mixage de qualité on les fera payer. Mais s’ils veulent de la bonne qualité vraiment studio, on les renverra vers mon ingénieur du son avec qui je travaille pour que lui soit gagnant aussi. Pour que les gens puissent faire quelque chose de grande qualité.
Comment as-tu géré la production de ton EP dans le contexte actuel ?
Je me suis entièrement consacré à l’écriture pendant le premier confinement. Au début, c’était super compliqué parce que je ne savais pas quoi raconter… Du coup, je me suis forcé, j’ai considéré ce confinement comme une opportunité pour créer. J’ai écrit cinq titres comme ça. En réalité, j’en ai écrit une dizaine mais on en a gardé cinq pour l’EP. J’ai fait un travail au niveau de la sélection des prod, des toplines, des refrains… Dès qu’il y a eu le déconfinement, je suis parti en studio et on a tout enregistré sur trois jours.
Quels sont tes projets pour la suite ? As-tu prévu des concerts ? Des représentations alternatives en ligne ?
J’ai récemment été pris pour le tremplin du Printemps de Bourges. Pour les Inouïs, je crois que l’année dernière nous n’étions que 6 dans la région à avoir été pris. Le 26 février j’ai eu les auditions à la Rock School Barbey. Pour les concerts, on va essayer de réfléchir à des livestream dans les mois à venir…
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