La Mobilisation du collectif Bienvenue pour aider les réfugiés

Le collectif bordelais Bienvenue organise une mobilisation pour aider SOS Méditerranée dans le processus de sauvetage des réfugié·es en mer Méditerranée. On a eu l’occasion de nous entretenir avec Anouk, Irène et Vanille de l’association bordelaise ainsi qu’avec deux membres de SOS Méditerranée pour comprendre les enjeux de la mobilisation qui a débuté le 4 avril. 

Crédit photo : Musiques Métisses @ Slow Life Photography

Le collectif Bienvenue est né il y a 6 ans d’une volonté d’agir face « à la crise migratoire sur la côte méditerranéenne » depuis Bordeaux. En menant diverses actions tout au long de l’année, l’association éveille les consciences et active la solidarité à l’échelle locale. Du 4 au 14 avril, ses membres proposent une mobilisation citoyenne pluridisciplinaire afin de soutenir une structure œuvrant quotidiennement pour sauver des réfugié·es en mer : SOS Méditerranée.

Un réseau au service de la solidarité

Au départ, Bienvenue se veut être une association d’acteur·ices du secteur culturel ainsi que de militant·es de droits sociaux de Bordeaux et de la Nouvelle-Aquitaine. Ses membres constatent alors partout l’accroissement des inégalités couplé à un manque d’ambition politique pour les résorber.

L’engagement de Bienvenue est résolument citoyen : c’est le réseau, les compétences et les savoirs de chaque membre du collectif qui fait sa force. Ainsi, l’association noue régulièrement des partenariats en région Nouvelle-Aquitaine qui, chacun, contribue à une dynamique de solidarité. L’artiste Irène, membre de Bienvenue, évoque ainsi un « réseau fou, qui valorise l’entraide, la prise de conscience sur les situations locales et le bien-être d’autrui ».

Combattre la précarité

Au sein de l’association, le volet social vise les personnes ayant besoin d’aide dans des squats ou des endroits délabrés, où les circonstances de vie sont difficiles. Par exemple, alors que plusieurs structures ont rencontré des difficultés à accomplir leur mission d’action sociale pendant la vague de la COVID-19 en 2020, Bienvenue a pu malgré tout redistribuer des repas grâce aux donations effectuées via une cagnotte en ligne.

L’aspect solidaire et social du collectif renforce ainsi le désir d’améliorer les conditions de vie de toutes et tous. Tout en venant à bout d’une précarité de plus en plus prégnante localement.

Mobilisation artistique

Au mois d’avril 2024, Bienvenue lance une mobilisation pour soutenir financièrement SOS. Méditerranée. Depuis 2018, le collectif a récolté près de 50 000 € et rassemblé pas moins de 250 artistes. Si, pour l’édition précédente en 2023, la mobilisation s’est étalée sur tout le mois d’avril, cette année, la programmation est intensive, variée et engagée, réduite sur deux semaines. Elle s’adresse à un vaste public et se compose d’artistes issu·es de milieux très divers. L’occasion d’augmenter l’impact de la campagne.

Sisymbre lors de la Mobilisation 2021 du collectif Bienvenue

Le collectif Bienvenue axe aussi ses objectifs sur l’aspect artistique. D’abord, les artistes participent bénévolement à la mobilisation. De plus, le réseau des membres de la collégiale et de tous les bénévoles est mis à profit pour les actions du collectif. La mobilisation est organisée dans un contexte véritablement solidaire et ancré localement.

Si la demande des artistes voulant participer est constante, le collectif partage l’affiche avec des « événements amis » qui portent les mêmes valeurs de solidarité. Par ailleurs, comme l’explique Vanille, co-gestionnaire des bénévoles du collectif : « On ne fait pas d’appel d’offres, on ne contacte pas les gens, ce sont les artistes ou les compagnies qui se proposent. »

Sensibiliser pour mieux aider : mobilisation pour SOS Méditerranée

Si le message d’entraide passe beaucoup auprès du public, les bénévoles sont aussi formé·es et sensibilisé·es aux actions requises par le Collectif et les structures collaboratrices. Ainsi, Vanille confie : « C’est aussi une formation humaine. L’association a été pour moi une manière d’en apprendre beaucoup et de pouvoir partager ces informations autour de moi. »

Émeline et Emmanuelle, deux membres de SOS Méditerranée, saluent les collectifs comme Bienvenue, qui s’investissent sincèrement dans une cause urgente, mal documentée par la plupart des médias.

Émeline, bénévole et co-référente de l’antenne SOS Méditerranée Bordeaux ainsi que Emmanuelle Ruano, déléguée territoriale à la mobilisation citoyenne chez SOS Méditerranée France, sensibilisent et partagent les actualités de leur structure associative. Elles rappellent qu’une bonne partie de la Méditerranée se trouve en France : « C’est là ou moi et plein d’autres personnes allions en étant petit·es. La Méditerranée, c’est parlant. » Chaque année, des milliers de personnes meurent au large des plages bondées et touristiques, dans l’indifférence généralisée.

Humaniser les victimes et écouter les survivants

En outre, les deux membres de SOS Méditerranée soulignent l’importance d’humaniser les victimes et de raconter les histoires de celles et ceux qui sont en situation de détresse. De même, dans le cadre d’une opération de secours comme une ambulance des mers, il y a une véritable évaluation des besoins logistiques, financiers et sociaux. C’est pourquoi d’autres structures comme la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge assurent l’accueil, l’aide médicale et le suivi psychologique des rescapé·es.

Témoignage de Luka, jeune originaire du Sierre Leone secouru par S.O.S Méditerranée

Ainsi, Émeline confie : « Ce qu’on veut c’est que les gens sachent, qu’ils soient au courant de ce qui se passe et qu’ils puissent agir à leur échelle. Notre rôle est d’éveiller les consciences et de transmettre les témoignages de ces personnes en mer. Mais aussi rendre hommage aux personnes qui ont péri en mer. »

D’où l’importance de mobilisations telles que celles proposées par Bienvenue. Elle permet de « toucher d’autres publics qui ne sont pas au courant ou qui ne sont pas conscients de la situation » indique Émeline. Mais aussi de réunir l’ensemble des structures culturelles et d’autres secteurs qui sont sensibilisées à cette cause et prêtes à faire preuve de solidarité.