« La zic avec les veines » : un update sur le parcours de Khali

En 2020, alors que le rappeur de Palmer Khali entamait une collaboration avec Myth Syzer, nous l’interviewions pour mettre en lumière son travail. Deux ans plus tard, mise au point sur la trajectoire ascendante de ce talent du rap français, quelques semaines après la sortie de son projet musical Il me ressemble pas non plus.

Visuel : Cover de l’album IL ME RESSEMBLE PAS NON PLUS de Khali

« Depuis quelques temps, j’ai l’impression que seule la musique me motive vraiment. C’est la seule chose que je serais prêt à faire gratuitement, avec plaisir, et sans gagner d’argent directement. », avouait Khali dans un entretien que nous menions avec lui en 2020. Animé par une redoutable passion pour le rap depuis ses débuts, l’artiste originaire de Cenon a poursuivi son ascension, incarnant aujourd’hui une des figures majeures de la scène rap new wave.

https://www.youtube.com/watch?v=Au_YHTWoSFI

En 2017, Khali découvre la production et sort des morceaux sur SoundCloud. Après le lycée, il se met au rap et publie deux projets, dont l’EP Palmer Wild story. Un travail qui plaît à Myth Syzer et fait naître une collaboration avec son label Try to live. Les choses s’accélèrent après la parution de l’EP Le tournesol en 2020, un projet en 4 titres qui esquisse les traits de son identité musicale future. On y retrouve ses thèmes de prédilection : l’expression de la douleur et sa sensibilité pour raconter son quotidien, sublimés par une babyvoice, en particulier sur le morceau « Anéantie ». Des choix artistiques touchants qui vont permettre la montée de l’artiste.

Ascension

Sur cette seule année 2020, Khali se produit aux côtés d’S-Tee, La Fève et Dundy pour un passage mémorable chez Grünt. Il feat avec La Fève sur le morceau « Vilain », dans le projet Kolaf. Un an plus tard, le jeune rappeur déploie ses ailes, prêt à se faire une place dans l’industrie. Le 21 mai 2021, Khali dévoile Laïla, le projet le plus abouti qu’il aura réalisé jusqu’alors, avec une production notamment menée par Nash Beat, Kosei, Bloody, 99 et Odd Kyla. Khali révèle alors sa puissance artistique, pressentie dans ses précédents projets. À travers ses textes, il mobilise les coloris et les lumières, faisant explicitement référence aux sens : la vue « J’avais mis beaucoup de vert et de blanc » (sur « La toile »), l’ouïe « la voix des sirènes » (sur « Le chant des sirènes »), le goût « Yeah, j’ai cherché à t’donner un goût de bonbon » et le toucher « il fait froid ici » (dans « Bonbon »).

La dimension multisensorielle des prods propose un voyage marqué par des sons mélodiques de violons et guitares, ainsi que des changements d’instru fréquents. En offrant ses sentiments sans concessions, de l’amour jusqu’à la haine, Laïla touche les auditeurs et le projet explose. En parallèle, son passage dans les projets Up ! de Bricksy & 3g et Tambora du média 1863 renforce son poids dans l’industrie du rap parfois qualifié d’« underground ».

Validation

2022, c’est l’année de la confirmation pour Khali, présent sur les remarquables projets de Rounhaa, J9ueve, JMK$, STU et bien d’autres. Après un silence sur sa carrière solo, il supprime toutes les publications de son compte Instagram. Le 6 novembre, l’artiste partage un extrait vidéo de son single « Le monde est à toi », un teaser du clip complet qui annonce son projet musical Il me ressemble pas non plus le 25 novembre 2022. Les auditeur·ices trépignent d’impatience. 24 heures après sa sortie, c’est une réussite : selon le compte Twitter Ventes Rap, la mixtape totalise 970.000 streams sur Spotify en seulement 24 heures.

 
« Notre idéologie c’est « la rage pour réussir » », déclarait Khali dans notre interview en 2020, à laquelle peut s’ajouter aujourd’hui le mantra : « la zic avec les veines », prononcé dans son morceau « Entre palmer et Paris Zoo ». L’honnêteté inébranlable qui suit Khali depuis ses début, omniprésente dans la mixtape, en fait un projet profondément marquant. Contrairement à Laïla aux instrumentales électroniques, l’heure est au mélange entre un piano classique, instrument brut et mélancolique, et de multiples sons expérimentaux. Comme une autre facette de Laïla, moins centrée sur l’amour, plus engagée encore sur les souffrances de son quotidien et de sa condition, plus fédératrice pour les individus qui vivent une vie similaire à la sienne. Un projet pensé à la fois comme un exutoire regorgeant d’anecdotes intimes, mais aussi comme un hymne pour parler au plus grand nombre.

Sa présence dans le rap se poursuit, quand Khali participe à « Que de l’amour », une initiative musicale du producteur Ghost Killer Track, qui reverse les fonds récoltés à une association. Il se produira en concert le 14 janvier à l’Olympia aux côtés des rappeurs qui participent au projet.

Nouvel adepte des formats longs et travaillés comme Laïla et Il me ressemble pas non plus, Khali reste fidèle à SoundCloud, publiant certaines versions qui n’entrent probablement pas dans la D.A de ses mixtapes, comme « Ligiditriste », produit par Yeeshy en 2021 et « Amusez vous dans nos larmes », produit par Bkh en 2022. De quoi ravir les plus grands fans. Depuis notre rencontre en 2020, le rappeur a su construire une direction artistique solide et touche de plus en plus d’auditeurs rap, au-delà des férus de la new wave : le rookie de la scène rap française a bien grandi. Khali a incontestablement de beaux jours devant lui.

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