La création artistique en période atypique : COLISION (3/8)

À travers les artistes et leurs œuvres, il est possible de pressentir le reflet d’une société et de constater le spectre d’une époque. Cela vaut d’autant plus lorsque celle-ci fait face à une période de crise. C’est pourquoi Le Type a décidé de jeter l’ancre dans leur intimité, afin d’essayer de comprendre leur rapport à la société et à la vie mais aussi d’aborder leurs innombrables façons de créer. Et pour cela, quoi de mieux que La Pépinière, l’incubateur d’artistes de musiques actuelles qui se terre dans les profondeurs du Krakatoa ? Chaque année, elle réunit une fine sélection des artistes les plus prometteurs de la scène bordelaise, où ils sont accompagnés au profit du développement de leurs projets musicaux. C’est donc une série de huit interviews que nous présentons, avec aujourd’hui l’interview de Simon, chanteur et guitariste du groupe COLISION ; du rock, du grunge, du vrai. Baigné de rage, de mélancolie et de riffs massifs.

Crédit photo : F. A-D

Le Type : Selon toi, c’est quoi le rythme de vie d’un artiste confiné ?

Simon : Personnellement, je n’ai pas de routine ou de rythme, je suis bien trop désordonné pour ça. J’envoie des mails, je lis des livres et j’essaye d’écrire des chansons. J’essaye d’apprendre des trucs que j’ai toujours voulu faire, aussi. Là, je suis en train d’apprendre à réparer des guitares.

Le fait de ne pas pouvoir jouer fort et boire quelques coups ensemble commence à nous peser.

Quels avantages et inconvénients tires-tu de la création sur une temporalité modifiée ? Trouves-tu des inspirations ou des façons de créer différentes ?

C’est compliqué, habituellement je produis quand je suis stimulé par des rencontres, des situations… Là, c’est calme plat. J’ai dû m’imprégner d’autres choses, comme le climat anxiogène actuel par exemple. La frustration de ne pas pouvoir soutenir des proches qui ont vécu des disparitions m’a aussi beaucoup nourri pour écrire. D’un point de vue général, le fait de ne pas pouvoir jouer fort et boire quelques coups ensemble commence à nous peser.

© Simon Mehalleb. « Ce n’est pas mon espace préféré, j’aime bien être dans une pièce assez grande avec mes amplis. Mais je suis à peu près à la campagne donc je crois que je suis chanceux. »

Aujourd’hui, quelles sont tes craintes et doutes sur le fait d’avoir une activité réduite ?

Je n’en ai pas pour moi, pour COLISION… Actuellement on est loin d’en vivre, donc à part une tournée annulée on est pas vraiment impactés par tout ça.

Je me sens mal placé pour me plaindre. Des gens sont en train de mourir dans des hôpitaux, d’autres se battent pour les sauver. Pas mal de nos potes ne pourront probablement pas renouveler leur intermittence à cause des annulations… On est plutôt chanceux, pour le coup.

Il n’a jamais été aussi important d’écrire et de se rassembler.

Est-ce que cette crise te fait imaginer le futur différemment et donc ta carrière d’artiste post-confinement d’une autre façon ?

Absolument pas. On sait très bien qu’être artiste est une situation instable de base, et que le futur est toujours changeant. On jouera avec les règles du jeu. De toute façon, on s’aperçoit de jour en jour que le monde est complètement en train de partir en vrille, et ce n’est pas près de s’arrêter. Je crois qu’il n’a jamais été aussi important d’écrire et de se rassembler.
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L’extrait du groupe

Le documentaire « UxÅ : A journey to the heart of the Umeå Hardcore scene » de Gianni Manno, Romain Masse et Théophile Pillault, amis d’enfance et passionnés par les scènes punk.

« C’est un documentaire qui traite de l’explosion du punk hardcore à Umeå en Suède, par le biais de groupes comme Refused ou Cult of Luna. C’est vraiment intéressant de voir comment l’Europe s’est approprié ce mode de vie, et comment la population d’une ville peut-être influencée par une contre-culture. » Simon

 

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