Depuis mars, l’Institut des Afriques propose une saison culturelle dense sur le territoire néo-aquitain. À travers une programmation pluridisciplinaire mêlant arts, mémoire et réflexion critique, l’« IdAf » invite à repenser les héritages coloniaux. Zoom sur une partie de la programmation de cette saison.
Crédit photo : Apah Benson
Dans un contexte social et politique tendu, l’édition 2025 de la Saison de l’Institut des Afriques affirme un positionnement fort ; désamorcer les imaginaires figés liés à un passé douloureux pour mieux réinventer le vivre-ensemble. En abordant des sujets tels que l’appropriation culturelle ou la mémoire postcoloniale, l’Institut entend fédérer différentes communautés autour de thématiques essentielles. Une façon de mettre en lumière les mouvements culturels africains et afro-diasporiques, tout en travaillant activement à la construction d’un avenir décolonial sur le territoire néo-aquitain.
Bordeaux, ville marquée par un passé colonial longtemps occulté, est aujourd’hui confrontée à cette histoire, pour bâtir un vivre-ensemble plus juste. La saison de l’IdAF est ainsi une invitation à cet effort collectif, portée par Dana Koukri, coordinatrice de la structure, qui rappelle que « La Saison de l’Institut des Afriques s’inscrit dans ce mouvement. Elle se veut un outil et un espace de dialogue rendus possibles grâce à l’engagement collectif de celles et ceux qui œuvrent à faire entendre les Afriques et ce qu’elles nous disent de nos héritages, de notre présent et de sa projection dans le futur. »
Pluridisciplinaire, politique, inclusive : la saison 2025 de l’Institut des Afriques dépasse la simple programmation événementielle. Elle propose une véritable réflexion sur nos héritages communs et sur la manière de bâtir une mémoire collective plus consciente.
Palimpseste d’Isabelle Fruleux : réécrire la mémoire par l’art (sortie de résidence)
En s’inspirant du concept du « palimpseste » – ce manuscrit réécrit sans jamais effacer totalement les textes antérieurs, Isabelle Fruleux offre une performance sensible où les blessures de l’Histoire deviennent les pierres d’un futur plus solidaire.
La comédienne refuse les conventions artistiques pour mieux faire entendre les voix invisibles. Ainsi, elle rappelle que, si le passé est douloureux, il peut aussi être moteur de transmission et de résilience.
- Quand ? Jeudi 15 mai 2025 à 16h30
- Où ? Musée d’Aquitaine

La Bible du Déboulonnement : décoloniser l’espace public (représentation)
Le 8 juin, dans le cadre du Festival Chahuts, l’auteur et metteur en scène Guy Régis Jr présente La Bible du Déboulonnement. À travers une performance et une causerie décoloniale, il questionne la mémoire urbaine de Bordeaux et son rapport aux figures coloniales.
Dans une ville longtemps silencieuse sur son histoire esclavagiste, Guy Régis Jr propose d’imaginer un espace public débarrassé de ses récits glorifiant l’oppression. À travers la figure d’une « ville sans nom », il invite à réfléchir. Faut-il déboulonner pour mieux se reconstruire ? Comment réconcilier mémoire et présent sans éluder les blessures ? Dans ce travail critique, la création artistique devient un outil d’interrogation collective et de relecture du passé.
- Quand ? Dimanche 8 juin à 17h00 et 17h30
- Où ? La Chapelle du Crous à Bordeaux

L’appropriation culturelle : comprendre pour mieux dialoguer (rencontre)
Autre moment clé de la saison : la rencontre avec Khémaïs Ben Lakhdar, le 14 juin au CAPC de Bordeaux, autour de son ouvrage Appropriation culturelle. Historien de la mode, il analyse comment l’orientalisme et les pratiques coloniales ont façonné des dynamiques de domination culturelle dans l’industrie textile.
Dans un monde où la culture des minorités est souvent exploitée sans reconnaissance ni restitution, Khémaïs Ben Lakhdar invite à déconstruire les mécanismes invisibles de l’appropriation et à repenser le respect culturel dans un cadre véritablement équilibré.
- Quand ? Samedi 14 juin 2025 à 11h00
- Où ? CAPC
Cinéma et musique : When We Were Kings, une célébration de la résistance (ciné plein air et DJ set)
Pour clore la saison sur une note festive et engagée, l’IdAf propose le 26 juin une projection en plein air du documentaire culte When We Were Kings, suivie d’un DJ set par DJ Koyla, percussionniste et artiste d’origine burkinabé.
À travers l’histoire du légendaire combat entre Muhammad Ali et George Foreman à Kinshasa, le film célèbre la fierté noire, la lutte pour la dignité et la portée révolutionnaire du sport et de la musique.
DJ Koyla prolongera cette célébration par un set vibrant, tissant des ponts entre rythmes traditionnels africains et beats contemporains. Un événement co-organisé avec la Villa Valmont, le cinéma Utopia, le Rocher de Palmer et La Belle à l’Ouest, à la croisée de la mémoire, de la résistance et de la fête, à l’image d’une saison qui cherche à transmettre autrement.
- Quand ? Jeudi 26 juin 2025 à 20h00
- Où ? Villa Valmont