L’impact du Covid-19 sur les musiques actuelles en Nouvelle-Aquitaine

Le Réseau des Indépendants de la Musique en Nouvelle-Aquitaine (RIM) vient de publier une enquête sur l’impact de l’épidémie du coronavirus sur le secteur des musiques actuelles en Nouvelle-Aquitaine. Portant sur la période du 16 mars au 1er avril, l’étude a récolté les données de 181 acteurs d’une filière lourdement affecté (comme beaucoup d’autres) par les conséquences du covid19.

Crédit photo : Luna Omer-Verny

En guise d’introduction de son étude, le RIM précise que « les chiffres qui en ressortent ne sauraient (…) rendre compte de l’impact réel et bien plus important, que la crise aura sur le secteur musical ». Ne courant que sur une quinzaine de jours, l’étude reste limitée par sa dimension temporelle, de la même façon qu’elle ne prétend pas à l’exhaustivité puisque tout les acteurs de la filière de la région n’y ont pas répondu.

Crédit : RIM

Les 181 structures qui se sont prêtés à l’exercice évoluent toutes dans le secteur des « musiques actuelles », dans des champs tels que l’action culturelle, la production de spectacles, les festivals, l’enseignement, les lieux de diffusion… L’enquête se veut simple et « minimaliste » pour pouvoir rapidement identifier des chiffres clés : un peu plus de 4 millions d’euros de perte de chiffres d’affaire, 883 emplois permanents impactés, 2778 contrats intermittents touchés et 492 équivalents temps plein sont menacés par l’arrêt des activités conduisant, au total, près de 948 salariés du secteur en chômage partiel.

Production de spectacle et booking lourdement impactés

Selon l’enquête, ce sont les activités de production de spectacles et de booking qui subissent le plus de dommages. Logique dès lors que tout les événements de spectacles vivants (concerts, pièces de théâtre…) sont annulées depuis le début du mois de mars. Ce secteur reposant sur les ventes de billets, il subit de facto les conséquences des diverses annulations.

Le manque à gagner pour ces activités serait de l’ordre de 1,4 millions d’euros. C’est par ailleurs au sein de cette activité qu’on retrouve le plus grand nombre d’intermittents affectés, avec 1047 contrats recensés.

Les emplois permanents des lieux de diffusion et d’enseignement artistique les plus touchés

Les lieux qui accueillent ces événements ayant fermés, leurs équipes ont naturellement vu leur activité réduite, faisant peser une menace sur leurs emplois. Le RIM estime ainsi que 203 emplois permanents sont impactés au sein des lieux de diffusion (des postes de communication, administration, programmation, etc.). Côté enseignement artistique, on compte 247 emplois permanents touchés. À noter que les lieux d’enseignement continuent de proposer des cours en ligne à leurs élèves.

Inquiétude sur les festivals

À l’heure où le RIM dévoile son enquête, la plupart des festivals de la région n’ont pas encore pris la décision d’annuler leurs événements d’été. D’où des chiffres moins important que pour d’autres branches ; on compterait ainsi une perte d’environ 500 000 euros pour les festivals sur la période prise en compte par l’étude.

Source : RIM

Néanmoins, comme le souligne le RIM, l’annulation probable de plusieurs festivals sur la saison « engendrerait des pertes financières bien supérieures ». À l’heure actuelle, cette incertitude se manifeste par une difficulté à boucler les programmations, notamment d’artistes américains qui annulent pour la plupart leurs tournées européennes.

Les labels, même galère

Partie prenante de la chaîne de valeur de l’industrie musicale et du spectacle vivant, les « structures de production et d’édition phonographiques » sont aussi secoués par le contexte. Avec les concerts et festivals qui s’annulent, c’est tout une stratégie de promotion des sorties qui se voit remise en question… et des chiffres d’affaire qui se réduisent « considérablement ».

Les craintes sur les intermittents

Maillon essentiel de cet écosystème du spectacle vivant, les intermittents du spectacles subissent de plein fouet eux aussi la situation. 2778 personnes dans la région seraient ainsi touchés.

Source : RIM

Un certain nombre d’interrogation voient le jour à leur égard. » Comment seront-ils soutenus ? la date anniversaire sera-t-elle décalée, de combien de temps ? Faut-il honorer les contrats déjà signés pour des dates annulées ? Faut-il signer des contrats pour des dates à partir de mai ou juin ? Quel impact sur la création ? ». Autant de questions listées par l’enquête et qui font craindre pour la situation de ces contrats.

Et après, quel avenir pour les musiques actuelles ?

Si peu d’acteurs ayant répondu à l’enquête semblent émettre des inquiétudes quant à la survie de leur structure, celle-ci reste conditionnée à la durée de la crise. Dans l’état actuel des choses, « la plupart estiment pouvoir tenir un mois ou deux dans ce contexte mais n’ont pas de garantie au-delà. »

Quid également de la fin du confinement ? Si celui-ci venait à se faire par paliers, avec des jauges réduites, quel serait l’impact pour les acteurs ? Cette hypothétique reprise de leurs activités de façon progressive fait légitimement craindre le pire aux acteurs ayant pu répondre à l’enquête.
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  • L’enquête du RIM est à consulter dans son intégralité ici
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