Rassemblant de nombreux·ses artistes tatoueur·euses, photographes, vidéastes, le collectif Nuit Chromée propose une diversité de formats artistiques à Bordeaux. Entre expositions sauvages, graffitis, soirées musicales : zoom sur cet acteur singulier de la scène culturelle locale.
Genèse d’un collectif né à l’heure où le pays était à l’arrêt
Nuit Chromée est né pendant la période charnière du confinement. À l’heure où toutes formes d’activités culturelles et de rassemblements était proscrite, une jeune équipe murit le projet. Une période de réflexion, lors de laquelle ses futurs membres dessinent les contours du collectif, « avec pour but de proposer une nouvelle alternative culturelle, libre et sauvage. »
Réuni·es à l’origine autour de la pratique du graffiti, les membres fondateurs de Nuit Chromée vont progressivement poser les bases de leur projet. « C’est Stame et Naser qui en ont eu l’idée, s’appuyant sur Moha et Protez : ces 4 membres fondateurs ont construit les bases puis nous avons agrandi le collectif par la suite avec de nouveaux artistes. » retracent-ils. Avant même l’émergence de cette réflexion, Stame et Naser travaillent ensemble sur un autre projet dont ils vont créer l’identité : Fugitiv’.
Ayant l’habitude d’exploiter des lieux alternatifs tels des hangars et autres usines désaffectées pour peindre et exprimer sa créativité, l’équipe de Nuit Chromée souhaite aller plus loin pour partager à un public curieux sa vision de l’art, à travers des expositions éphémères. « Nous avons décidé de tester notre premier format d’événement dans un lieu où nous avions l’habitude de venir peindre : la Chartreuse de Bel Sito, sur la commune de Floirac, à une dizaine de minutes de Bordeaux. » retrace-t-ils.
Potentiel inexploité
Aujourd’hui, 7 membres composent l’équipe de Nuit Chromée : Stame, tatoueur, peintre et directeur artistique ; Naser aussi tatoueur et peintre ; Moha, photographe, vidéaste et graphiste et Protez, illustrateur et peintre. Ce sont les membres initiateurs de Nuit Chromée. Ils ont depuis été rejoint par Mauvaise Brise, photographe ; Lysandre, peintre et graffeur ; ainsi que de Ofthebridge, DA, graffeur, typographe et graphiste.
C’est cette pluralité qui a mené Nuit Chromée à un objectif commun. Celui de « donner vie à des espaces oubliés en les transformant en scènes captivantes où l’art prend une nouvelle dimension. » Ils et elles ajoutent même : « Nous croyons fermement que ces lieux abandonnés sans activité possèdent un potentiel inexploité et offrent une toile vierge idéale pour l’expression artistique et la créativité. »
Le nom « Nuit Chromée » reflète notre engagement à explorer les nuances de la créativité dans l’obscurité et à illuminer les espaces sombres avec des éclats artistiques.
Nuit Chromée
Le premier événement porté par Nuit Chromée à la chartreuse Bel Sito, lieu bien connu des graffeur·euses et autres amateur·ices d’urbex, incarne bien leur état d’esprit. Ils en ont réhabilité une partie pour inviter des artistes de la scène locale de divers horizons à venir s’exprimer à travers une exposition sur fond de musique, dans un cadre mêlant béton et végétation. Lorsque les membres du projet reviennent sur le nom de leur entité, ils et elles expliquent : « Le nom « Nuit Chromée » reflète notre engagement à explorer les nuances de la créativité dans l’obscurité et à illuminer les espaces sombres avec des éclats artistiques. »
Approche innovante
Cette première exposition fut un succès pour Nuit Chromée, et reste aujourd’hui un modèle alternatif face aux raves « classiques ». C’est une équipe multi-talents qui compose le collectif et une passion commune qui l’anime pour proposer de véritables expériences immersives. « Que ce soit à travers des expositions, des performances artistiques, des installations interactives ou des projections visuelles, nous cherchons à éveiller l’imagination et à repousser les frontières de l’art conventionnel. » raconte ses membres.
En travaillant avec des partenaires locaux, des institutions culturelles ou d’autres associations, Nuit Chromée aspire à être un moteur de changement culturel et donne le pouvoir de revitaliser certains espaces du territoire, en mêlant végétation et béton. « L’Éclipse », événement culturel datant de 2022, a ainsi par exemple rassemblé plus de 70 artistes visuels, sonores et vivants en redonnant vie à une usine. C’est le cas aussi du Molkkans, pétanque ou molkky 2.0, méga tournoi organisé dans une hangar abandonné à deux pas de Bordeaux.
Investir la ville, proposer de nouveaux projets
Aujourd’hui, Nuit Chromée a beaucoup de projets à venir à Bordeaux. Une prochaine exposition dans un nouveau lieu est par exemple prévue pour bientôt. Néanmoins, le collectif entend préserver la confidentialité de telles informations comme il l’indique : « Le principe est de garder la même recette que nos précédents événements, nous n’en disons pas plus pour le moment. »
L’équipe a également répondu à un appel à occupation d’une ancienne usine désaffectée mais n’a pas été retenu, par crainte des nuisances sonores. Malgré ce refus, le collectif cherche à diversifier ses ressources, conscient de la fragilité de son modèle économique : « Nous sommes auto-financés à 100%. Nous avons une trésorerie de ce fait fragile. Nous sommes à la recherche de lieux oubliés, abandonnés ou en cours de réhabilitation permettant d’accueillir nos expositions de manière plus pérenne. »