Entretien : La Lanterne, le cinéma « qui illumine la vie culturelle de Bègles »

Autrefois Le Festival, le cinéma municipal de Bègles s’est transformé depuis septembre dernier. Toujours en lien avec le cinéma d’animation, le projet évolue néanmoins. Tourné sur son environnement proche, avec la volonté de créer des ponts avec d’autres structures et ouvert aux plus jeunes, La Lanterne se lance dans un contexte économique qui reste complexe. On a fait le point sur tous ces sujets avec la nouvelle équipe qui récupère la gestion de ce cinéma géré par une association indépendante.

Le Type : La Lanterne a rouvert le 1er septembre avec deux mois de fermeture et un changement de projet. C’est l’association Vive le cinéma à Bègles qui porter désormais ce projet. Comment cette association s’est-elle constituée et qu’est-ce qui l’a motivée pour reprendre le cinéma ?

La Lanterne : En début d’année, nous avons appris que la ville de Bègles allait publier un nouvel appel d’offre pour la gestion de son cinéma et que, cette fois, pour la première fois en quinze années, l’exploitant en poste ne souhaitait pas re-candidater. Nous avons donc formé un groupe d’une petite dizaine de personnes, travaillant essentiellement dans la culture et le cinéma et habitant toutes et tous à Bègles ou à proximité, pour monter le projet du cinéma de quartier que nous souhaiterions avoir : un cinéma art et essai, ouvert à la diversité du cinéma, avec des rencontres, des avant-premières, des festivals, des animations autour des films…

Ce projet a finalement été retenu par la ville de Bègles qui nous a donc confié le 1er juillet dernier la gestion de son cinéma pour les 5 prochaines années. Nous avons donc procédé à quelques petits travaux (peinture, création d’un petit café…) et avons décidé, à l’issue d’une consultation en ligne, de renommer le cinéma, pour marquer le coup et choisir un nom qui reflète ce nouveau projet : La Lanterne. Un lieu repère, qui illumine la vie culturelle de Bègles et des alentours. On peut aussi y voir une petite référence à l’architecture du bâtiment et bien sûr à la lanterne magique, ancêtre du cinéma.

Notre projet, c’est celui d’un cinéma ouvert sur la ville et sur ce qui s’y passe.

L’équipe de l’association Vive le cinéma, qui porte le nouveau projet de cinéma La Lanterne, à Bègles.

Quelle identité et ligne artistique entend défendre Vive le cinéma à Bègles avec ce nouveau projet ?

Notre projet, c’est celui d’un cinéma ouvert sur la ville et sur ce qui s’y passe. Nous avons notamment mis au cœur du projet l’aspect collaboratif : tout le monde peut adhérer à notre association et celles et ceux qui le souhaitent peuvent s’impliquer bénévolement dans son fonctionnement, au travers de différents groupes de travail : cela va de la distribution de programmes à la proposition d’animations, en lien avec l’équipe salariée et le conseil d’administration de l’association.

De fait, la ligne artistique sera donc celle d’un cinéma de proximité, élitiste sans être exigeante. Un cinéma où le blockbuster Barbie peut croiser le très beau documentaire russe Paradis. De la même manière, nous proposons – et préférons – les films en version originales, mais il est aussi possible de trouver des séances en version française.

Y-a-t-il y avoir une quelconque continuité avec le projet précédent de cinéma d’animation que porté Le Festival ?

Nous garderons une place privilégiée pour le cinéma d’animation. Ainsi, chaque mois, vous retrouverez toujours à l’affiche des films d’animation pour adultes. L’idée est d’avoir des films mieux accompagnés et mis en valeur, notamment par des présentations, des rencontres et une case bien identifiée au sein de notre programmation.

Nous souhaiterions également travailler avec les nombreuses structures locales qui opèrent dans ce milieu (école, studios) pour mettre en valeur leur travail et leur expérience.

Quelle place accordée à la jeunesse dans ce nouveau projet ? Et quelle politique d’inclusion ?

Faire venir – ou revenir – les jeunes au cinéma est un enjeu très important pour tout cinéma aujourd’hui. Il y a plusieurs pistes de réponse : d’une part, nous avons une politique tarifaire très accessible, avec des tarifs réduits pour les jeunes (selon les âges, pour les étudiant·es, les détenteur·ices de la Carte jeune Bordeaux métropole, etc.) mais d’autre part l’enjeu est d’apparaître comme un lieu de sortie, de vie, d’échange. Pour cela, nous allons mettre en place de nombreuses animations qui leur sont dédiées des rencontres, des séances croisées film & jeu vidéo, des blind-tests… mais aussi un ciné-club ados ou la mise en place d’un dispositif de jeunes ambassadrices et ambassadeurs.

Comment La Lanterne entend s’implanter localement et se connecter à l’écosystème associatif de son territoire ?

L’idée est de s’appuyer sur le très riche tissu associatif qui existe à Bègles. Nous avons beaucoup d’idées et déjà beaucoup de propositions pour faire des animations communes. Il y a également beaucoup à faire avec les structures culturelles de Bègles, que ce soit la Cité Cirque, le Musée de la création franche, la médiathèque ou encore la Maison Municipale de la Musique : des cartes blanches, des rencontres croisées… Nous souhaitons nous inscrire pleinement dans la vie associative et culturelle du territoire.

Le modèle du cinéma associatif semble ainsi être le plus résilient car nous sommes dans un rapport humain avec les spectateurs et spectatrices.

L’équipe de l’association Vive le cinéma, qui porte le nouveau projet de cinéma La Lanterne, à Bègles.

Quels modèles économiques inventer en 2023 pour un cinéma associatif ? 

Nous ne sommes pas tout à fait un cinéma associatif, mais un cinéma municipal en délégation, géré par une association. Cela change un peu les charges, puisque le bâtiment est donc un bâtiment municipal. Cela dit, nous avons vu avec le Covid que les petits cinémas de proximité ont mieux résisté que les gros multiplexes.

Le modèle associatif semble ainsi être le plus résilient car nous sommes dans un rapport humain avec les spectateurs et spectatrices. Il peuvent s’impliquer, interagir, mais aussi papoter un peu avant ou après la séance… L’associatif permet à chacune et chacun d’être un peu plus que spectateur·ice – même sans être bénévole-, d’une certaine manière cela permet de rendre ce cinéma comme un bien commun. Nous avons ressenti cette très forte envie d’avoir un lieu qui leur ressemble lorsque nous avons lancé les adhésions en juin dernier. En à peine quelques mois, nous en sommes déjà à 300 adhérentes et adhérents !

Quelles sont les grandes actualités à venir pour La Lanterne ? 

Il y a tout le temps un évènement à la Lanterne ! Chaque semaine, vous trouverez un débat, une présentation… Nous avons eu les 13, 14 et 15 octobre dernier notre week-end d’ouverture « officiel ». Nous y avons présenté pas moins de 3 films en avant-première, dont le film d’Eric Toledano et Olivier Nakache, Une année difficile. C’était un moment festif, avec un dîner « auberge espagnole » après le très beau Linda veut du poulet, un blind-test concert ou encore le baptême de la grande salle du nom d’Alice Guy, l’une des premières grandes cinéastes de l’histoire, une pionnière du cinéma !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *