DJ et producteur basé à Bruxelles, DC Salas sera de passage à Bordeaux à l’IBOAT samedi 20 à l’occasion d’un événement du collectif Lascar Capac. L’occasion de lui poser quelques questions sur la scène musicale bruxelloise, l’état du paysage médiatique culturel belge et ses projets en cours.
Le Type : Salut DC Salas ! Tu sera samedi à Bordeaux à l’IBOAT ; as-tu déjà joué ici ?
DC Salas : Hello ! Oui, la première fois c’était à l’IBOAT pour une soirée Correspondant avec Jennifer Cardini et Geoffroy Mugwump. La seconde fois c’était pour un incroyable open air de Bordeaux Open Air, où j’avais le plaisir de m’occuper de la curation, avec un plateau 100% belge.
Quels sont tes liens avec la scène musicale bordelaise ? Tu as des connexions avec certain·es artistes ou acteur·ices de la ville ?
Je ne connais pas superbement bien la scène locale, à part le crew Bordeaux Open Air qui font un taff assez incroyable et RIGO, que j’ai rencontré lors de ces mêmes Bordeaux Open Airs.
Notre scène n’a pas peur d’expérimenter et s’est aussi donnée les moyens de mieux s’exporter.
DC Salas
Tu es basé à Bruxelles où la scène électronique est riche, avec de nombreux clubs, labels, festivals, etc. Qu’est-ce qui fait la spécificité de cette scène selon toi ?
Alors, de nombreux clubs, je ne suis pas totalement d’accord (rires), mais c’est vrai qu’on a une nightlife et une scène électronique (mais pas que !) assez riche et florissante. La multiculturalité de la ville, sa taille relativement petite et l’ouverture d’esprit du public en ont fait ce qu’elle est aujourd’hui je pense. Notre scène n’a pas peur d’expérimenter et s’est aussi donnée les moyens de mieux s’exporter.
En tant que média culturel local on se pose la question de l’état du paysage médiatique indépendant culturel à Bruxelles ; comment se porte-t-il ? On se souvient de la très bonne publication The Word. Aujourd’hui en radio Kiosk s’est fait une place importante dans le paysage européen. Comment rester connecté avec l’évolution de la scène électronique bruxelloise via des médias locaux en Belgique ?
Je pense qu’il est assez difficile à Bruxelles, voire en Belgique, de survivre en tant que média culturel (relativement indépendant) : The Word en a fait les frais. Subbacultcha a revu son modèle (et s’appelle désormais Different Class). D’une manière plus large (et donc plutôt belge qu’uniquement bruxellois) il y a le très bon Nowadays Magazine. Certains médias tiennent encore le choc tels que Jam (radio DAB+ de la RTBF) ou Bruzz (media transversal TV, web et radio).
Mais évidemment, le centre névralgique de la culture alternative bruxellois, c’est notre Kiosk Radio chérie. Elle existe depuis plus de 5 ans, mais son importance s’est soulignée lors du COVID. C’était le dernier lieu culturel à rester ouvert, le dernier lieu où l’on pouvait jouer, hors de nos homestudios. C’est devenu un lieu de rencontres, d’afterwork, de release party, etc. Je suis vraiment très fier d’en être résident et je le redis : ce lieu est LE lieu culturel de Bruxelles.
Le politique a du mal à prendre la nightlife comme un véritable acteur de la culture bruxelloise
DC Salas
Récemment, il y a eu l’affaire du Fuse (où tu es résident) qui a fait beaucoup parlé de Bruxelles. Le club a semble-t-il pu rouvrir temporairement mais va peut-être devoir déménager… Qu’est-ce que cela dit de la place des clubs cultures et des musiques électroniques dans la capitale belge ?
Je pense que cette affaire (qui n’est toujours pas réglée au passage), a illustré une problématique qu’on a vu émergé pendant le COVID : le politique a du mal à prendre la nightlife comme un véritable acteur de la culture bruxelloise. Pendant les confinements, le milieu a dû mettre les bouchées doubles pour être respecté au même titre qu’un théâtre ou un cinéma.
Les choses ont fortement évoluées grâce à la création de la « nightlife federation » par Lorenzo Serra. Ce n’est pas toujours évident d’être pris au sérieux, à temps (le souci du Fuse aurait pu être mis sur la table il y a des années déjà), mais ça s’améliore. Comme dans toutes villes européennes à l’heure actuelle, la gentrification et les choix politiques poussent les clubs hors des villes. Mais on garde espoir, il n’est pas encore trop tard pour que ça change !
Au-delà d’être DJ tu es aussi producteur. Comment tu abordes la complémentarité entre ces deux dimensions ?
Mes DJ sets et mes séances de digging intenses nourrissent la direction de mes productions, plus que jamais. Auparavant, les deux vivaient de manière plus ou moins indépendantes. Ce qui n’est plus du tout le cas. Dans l’autre sens, mes productions me permettent de personnaliser mon approche du DJing, d’y apporter « mon » son. C’est toujours un plaisir de voir les gens réagir sur les démos que je teste.
Peux-tu nous parler de tes prochains projets à venir ?
J’ai quelques EPs prévus pour 2023. Le prochain sortira en juin sur le label collab entre RAND Muzik et Echocentric. Ensuite il y aura un EP sur Semi Delicious, le label de l’anglais Demi Riquissimo, puis le premier EP de mon side project Los Niños Del Parque sur mon label Higher Hopes (avec un splendide remix de Belaria) et un EP pour River Rapid, le label d’Eclair Fifi.
Outre l’EP de mon side project (qui a un BPM assez lent), on part sur 3 EPs plus rapides, qui font écho à ce que j’aime jouer en DJ set en ce moment et à ma manière de tenter de faire évoluer mon son, jour après jour. Energie et intensité seront les maîtres mots. Quelques remixes et participation à des compil’ sont aussi prévus.