Un lieu culturel atypique se cache entre les arbres à deux pas de la mairie de Bègles. Le Musée de la Création Franche, ancienne maison de maître rénovée, regroupe plus de 18 000 œuvres d’art brut. Comme toute l’offre culturelle béglaise, ce musée municipal est entièrement gratuit. On s’est rendu sur place pour découvrir et explorer les contours de cet « art brut ».
Crédits photo : Jean Cittone
Un musée d’art brut, qu’est-ce que c’est ? Pour l’artiste Jean Dubuffet, ce sont des « ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique ». Mais encore ? C’est « de l’art où se manifeste la seule fonction de l’invention ». L’art brut s’oppose à ce qu’on trouve habituellement dans les musées. C’est de l’art qui ne cherche pas forcément à en être, mais qui en est devenu malgré lui. C’est donc une expression artistique spontanée.
Un lieu historique pour l’art brut à Bègles
L’homme à l’origine de ce musée, Gérard Sendrey, intègre l’art brut dans un concept plus large, celui de la création franche. D’où le nom de cet endroit particulier. On y trouve donc des œuvres originales et inattendues. Elles se distinguent de « ceux qui veulent, pour la énième fois, mettre des moustaches à la Joconde ».
La galerie de Sendrey, Imago, est reconvertie en musée en 1989 à l’initiative de ce dernier et du nouveau maire de la commune, l’écologiste Noël Mamère. En 1996, le lieu devient musée municipal. Il est entouré d’un grand jardin où sont exposées à l’année plusieurs œuvres d’art. Le charme du lieu s’immisce avant même qu’on en passe la porte.
Tout est à vendre (ou presque)
En ce moment, deux expositions s’y côtoient. La première, occupant le rez-de-jardin et une partie du premier étage, est consacrée aux œuvres d’Alain Lacoste, « bricoleur de poésie ». Ses compositions sont exposées dans plusieurs salles thématiques : la matinée pour le détournement d’images, l’après-midi pour les « colleries » et le soir pour les « coulures ». Toutes les œuvres de cet artiste sont à vendre, pour une somme allant de 30 à 750 euros.
La seconde exposition, « Les Jardiniers d’Eden », rassemble des artistes du monde entier s’exprimant sur de nombreux supports : cailloux peints, emballages, sculptures de bois, bouchons de liège, papier mâché, etc. Il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs.
La plupart des artistes exposés ont eu une vie rude : problèmes de santé mentale ou physique, rupture familiale, enfance difficile… L’art leur a permis de surpasser ces épreuves, bien que tardivement pour certains. Plusieurs n’ont commencé leurs œuvres qu’à partir de 60 ans. Cette exposition semi-permanente restera en place jusqu’en janvier 2021.
José Bové en papier mâché
Mais si vous voulez voir la sculpture de « José Bové propulsé par les siens » d’Alain Lacoste, vous avez jusqu’au 6 septembre. Après cette date, le musée ferme ses portes pour trois semaines pour préparer sa prochaine exposition temporaire. « Visions & Créations Dissidentes » sera le rendez-vous de huit créateurs internationaux qui exposeront leurs œuvres dans les différentes salles du musée, du 26 septembre au 10 janvier 2021.
Prévoyez au moins une heure pour avoir le temps de visiter tranquillement. Le musée est ouvert tous les jours de 15 à 19 heures (sauf jour férié). Il peut ainsi accueillir 40 personnes dans le respect des mesures sanitaires. Il est accessible à pied depuis l’arrêt Stade Musard du tram C, ou également par les bus 11, 26 et 43. On y est allé d’un coup de vélo, et c’était encore plus beau !