5 photographes à découvrir au festival Itinéraires des photographes voyageurs

Pour sa 33ème édition, le festival Itinéraires des Photographes Voyageurs invite le public à découvrir les expositions de 10 photographes dans plusieurs lieux culturels de la métropole aquitaine, du 3 au 28 avril 2024. Cette année, l’événement revêt le thème « À la découverte de regards contemporains sur notre planète ». Pour l’occasion, nous nous sommes intéressé·es au travail de 5 photographes qui y sont exposé·es.

Crédit photo : Thierry Girard, l’un des photographe exposé dans le cadre de la 33e édition du festival 5 photographes à découvrir au festival Itinéraires des photographes voyageurs

Charlotte Auricombe, Cau Del Ilop : le pouvoir poétique de la photographie

Photographe formée au laboratoire argentique auprès de professionnel·les et aux ateliers photographiques de l’Espace Saint-Cyprien à Toulouse, Charlotte Auricombe a étudié l’histoire de l’art et les métiers de l’exposition à la Sorbonne, dont elle sort diplômée avec la réalisation d’un livre d’artiste.

Elle s’intéresse à la photographie pour son pouvoir poétique. Ses recherches se concentrent plus particulièrement sur la relation avec le paysage et toutes les questions qui le traversent : identité, croyance, mémoire… Charlotte Auricombe cherche à faire des images qui se lient à des sensations, qui racontent l’histoire de ce moment de rencontre avec les éléments, qui suspendent le temps et peuvent ouvrir à d’autres dimensions. 

Dans sa série Cau del llop (le trou du loup) qu’elle expose à Itinéraires des photographes voyageurs, Charlotte Auricombe retrouve un lieu qu’elle connaît depuis son enfance. Un village catalan dans lequel une légende raconte qu’un homme y aurait trouvé refuge. La légende accompagne donc le travail d’exploration de la photographe dans cette crique peuplée de différentes espèces et de son imaginaire. À la manière d’une archéologue, la photographe nous invite à un voyage intérieur et organique dont elle a rapporté ce qui se cache dans les failles et les profondeurs, l’histoire d’un paysage qui se transforme au côté d’une légende qui reste un mystère. 

Céline Clanet, Ground Noise : lieux reculés et secrets

Céline Clanet est une photographe française, basée à Paris et diplômée de l’École nationale supérieure de la Photographie d’Arles en 1999. Elle s’intéresse aux lieux reculés ou secrets, aux paysages sauvages et à leurs occupants. Des espaces naturels français à la Laponie russe et norvégienne, l’Arctique continental européen est un territoire d’exploration pour cette photographe qui expose partout dans le monde.

Cabane, près de l’étang Braque, Guyancourt / Cabin, near Étang Braque, Guyancourt

Céline Clanet présente à Itinéraires des photographes voyageurs son septième travail monographique Ground Noise, exposé pour la première fois aux Rencontres d’Arles en 2023 et publié aux Éditions Actes Sud, en octobre. Elle réalise un travail en noir et blanc mêlant des photographies, réalisées dans une quinzaine de forêts françaises, à des micrographies d’éléments organiques collectées sur ces mêmes territoires. 

« Ground Noise » est le nom d’une interférence dans un système électrique ou électronique. C’est donc un bruit parasite, considéré comme nuisible, semblable à celui d’un insecte. Ainsi, par le silence qui s’impose dans la forêt, la photographe a elle aussi dû se rendre invisible dans le paysage pour le comprendre et pour le photographier. Après trois années de travail en connexion avec le monde microscopique de la faune, Céline Clanet nous donne à voir d’un univers aussi familier qu’étranger de façon très poétique.

Cécile Genest, À nos terres troubles : patrimoine végétal

Née en 1979, Cécile Genest mène un travail au long cours à la chambre photographique interrogeant les territoires et leur patrimoine végétal. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Nantes, elle vit et travaille entre Nantes et Paris. Elle est lauréate 2024 de la résidence de recherche et de création des Photographiques, le festival de l’Image – Le Mans. 

Partant du constat que l’histoire géologique explique en partie la diversité des paysages, Cécile Genest s’attache à photographier de diverses manières le monde végétal vivant, terrestre et aquatique. Dans une démarche documentaire à la forme poétique, ses photographies nous emmènent à la découverte d’une terre et d’une flore primitive. Son travail fait écho à plusieurs problématiques contemporaines : environnementales, géographiques, et historico-géologiques. 

L’exposition À nos terres troubles est issue d’un travail de recherche photographique, sur les rives de la Loire, dans lequel Cécile Genest retrace l’histoire évolutive de la botanique. Elle y met en valeur l’ensemble de ces vivants et reproduit en parallèle des images de végétaux fossiles. Sous la forme d’un conte racontant ce paysage, la photographe interroge le temps proche et lointain, dans le sensible qui nous entoure, qu’il soit périssable ou pérenne.

Joel Van Audenhaege, Jusqu’où : monde mis à plat

Graphiste durant une quarantaine d’années, photographe et plasticien, Joel Van Audenhaege crée, avec Gilbert Fastenaekens, la maison d’édition ARP2 à Bruxelles, en 1993, pour joindre ses différentes aspirations. Parallèlement, il produit des projets photographiques autour de ses voyages (Vietnam, Islande, Népal, Groenland…) afin de garder une trace, mais surtout pour mettre en avant notre rapport au monde.

Jusqu’où est le dernier livre de Joël Van Audenhaege composé de ses photographies et accompagné d’un essai d’Antonio Guzman qui écrit : « Dans la photographie, le monde est mis à plat. » Cette série regroupant des paysages, en noir et blanc, prises en Irlande et en Islande sera exposée durant le festival. Ces images invitent au voyage dans un espace immense, mais vide de présence humaine. Elles amènent les spectateur·ices à se confronter à la démesure de la nature, à la force de ses espaces qui nous dépassent, ainsi qu’à notre place. « Jusqu’où sommes-nous prêts à l’humilité ? » C’est peut-être ça la vraie et seule question que soulève Joël Van Audenhaege.

Thierry Girard, avec deux expositions The Tenjin Omuta Line et The Yamanote Line : dérive urbaine

Originaire de Nantes, Thierry Girard est un photographe mondialement connu. Depuis la fin des années 1970, il construit son travail à partir de la question de l’itinéraire et du parcours, poursuivant une réflexion sur la représentation artistique des paysages urbains et périurbains. Il s’est ainsi fait connaître par ses périples à travers le monde entier.

Son travail, régulièrement exposé en France et à l’étranger, est présent dans de nombreuses collections publiques et privées. Aujourd’hui, deux de ses travaux réalisés au Japon seront présentés lors du festival Itinéraires des photographes voyageurs pour lequel il a bénéficié d’un financement de la ville de Bordeaux. Dans le premier, commencé en 2012, Yamanote Line, Thierry Girard photographie la ville de Tokyo depuis les quais d’une ligne de métro. Dans le second, The Tenjin Omuta Line, il a fait le choix de sortir sur les quais de gare d’une ligne de train traversant l’île de Kyushu pour changer de point de vue et documenter le paysage vernaculaire du Japon. Au travers ce projet artistique, il traduit la notion de dérive urbaine par la diversité de propositions architecturales et de situations paysagères dans lesquelles apparaissent des éléments de la culture traditionnelle.

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