Rencontre : Blackbird Hill duo blues-rock made in Bordeaux

Blackbird Hill, c’est un nom qui vous dit peut-être quelque chose. Le duo de rockeurs est un véritable couteau-suisse musical qui vient tout juste de sortir son premier opus. Entre rock, blues, stoner et folk US, Blackbird Hill c’est avant tout un univers, sensible et magnétique.

Un peu de garage, un peu de blues, des touches folk et on y est, le mix Blackbird Hill pour une fusion unique. Le duo bordelais a fait de la musique un métier passionnel. Le groupe c’est avant tout Maxime, guitariste et chanteur, il joue de la basse depuis ses 14 ans et bien qu’il ait mis la musique en stand-by pendant 3 ans pour le skate, il ne pouvait faire abstraction de cette partie de lui : « C’est revenu en force. Même si je devais faire autre chose de ma vie, je ne continuerai à ne penser et faire attention qu’à ça. » Il est la voix et le parolier du groupe.

C’est aussi Théo, batteur depuis ses 5 ans et ayant grandi dans un environnement musical, il est à la fois la voix et les battements de cœur de Blackbird Hill. Une formation qui n’a pas toujours été celle-ci puisque Théo n’a rejoint Blackbird Hill qu’en 2018. Maxime a démarré le groupe de rock avec un vieux copain de lycée en 2012, composant des morceaux inspirés des White Stripes ou de Black Keys… Le line-up change alors six ans plus tard pour une formation très intéressante guitare/batterie avec Théo, une nouvelle façon de penser la musique et d’expérimenter, et finalement donner vie à Blackbird Hill. Maxime : « J’ai eu cette envie parce que je venais de découvrir comment brancher une guitare sur plein d’amplis en même temps, c’est la recette du son de Blackbird Hill. Et Théo m’a rejoint à la batterie. J’ai l’impression que le groupe a vraiment démarré à ce moment là. »

Des inspirations musicales telles que les Queens of the Stone Age ou encore le groupe français SBRBS, un groupe très apprécié de Maxime et avec qui ils partagent leur pilier et agence de booking Lagon Noir. SBRBS, qui a joué avec le duo en compagnie de Steve Amber pour une release party au Krakatoa juste avant le confinement ! Une fierté pour le guitariste qui relève avec aisance les particularités d’écriture du trio rennais : « ils écrivent de très bonnes mélodies de chant. C’est peut être le fait de porter une attention particulière à ce que nous chantons qui nous rend similaires ».

Une formation duo qui permet aussi de les laisser s’abandonner à leurs instruments, leur laissant alors plus de place à chacun comme deux protagonistes ayant chacun une voix propre. Maxime indique ainsi : « Tout ce que je joue chante. Je ne peux pas me contenter de jouer une mélodie à la guitare, si je laisse tomber la partie rythmique il manque un truc. […] j’essaie de baisser la garde au maximum, de jouer avec le cœur sans me poser de questions techniques. C’est une forme de régression mais paradoxalement une évolution. »

Bien que le guitariste ait eu plusieurs autres groupes avant, Blackbird Hill n’en reste pas moins son projet le plus sérieux. Quant à Théo, il partage son temps musical et sa créativité avec son autre groupe, Mama’s Gun , trio de stoner qui devrait offrir au batteur d’autres perspectives et pourquoi pas enrichir les deux groupes de ses expériences parallèles qui évoluent chacune de leur côté : « Je trouve la musique de Blackbird Hill plus profonde et mature qu’auparavant, dans le sens où l’on peut ressentir je pense, de plus nombreuses inspirations et influences. »

Et les deux gars de Blackbird Hill n’ont pas chômé pendant ces deux années ; le premier résultat palpable et écoutable version studio est là. Leur premier album est sorti le 21 février 2020 sur Lagon Noir et Pschent Music et compte dix titres d’environ 4 minutes chacun. Écrit et enregistré en un an, il est venu à eux très simplement comme l’explique Théo : « Je ne crois pas qu’il y ait eu des difficultés, Maxime a apporté les morceaux au fur et à mesure, et ils ont formé un ensemble cohérent très naturellement. » Razzle Dazzle, comme le premier voilier de l’auteur Jack London, l’album vogue de morceaux en morceaux d’un courant fluide, avec quelques vagues à l’horizon. « Ça s’est fait tout seul » dit Maxime. L’album se décline alors presque comme un recueil poétique dont la composition, brute et réflexive, est apparue de façon naturelle aux deux musiciens. Lire le disque comme une histoire.

Des textes posés tels de petites histoires dont il faut cerner les détails, des fragments d’émotions, le tout exprimé en musique. L’album aborde différents thèmes, nous faisant parfois passer dans les montagnes russes émotionnelles : la passion primitive, le côté sauvage et sensitif, l’envie ou le besoin de fuir, la colère, la tension… Et lorsqu’on leur demande ce qu’ils ont voulu évoquer avec cet album, Maxime répond : « Nous n’inventons rien et tout est déjà dans la nature. Par exemple, l’hiver, quand les arbres ont perdu toutes leurs feuilles, je trouve que c’est très similaire à des vaisseaux sanguins sur une angiographie. En fait, dans les chansons, je fais ce genre de parallèle, mais avec des émotions.

Ce disque parle aussi de ce qui a disparu, de celles et ceux qui sont partis, mais qui continuent à avoir une influence sur nos vies, à exister à nos côtés. » Pour lui ses textes sont parfois une manière « d’exorciser certaines choses, et d’en assumer d’autres. » Une façon de s’évader, un moment de lâcher-prise qui peut inspirer les auditeurs de bien des façons différentes. Ils nous parlent du temps qui passe comme dans le track « Wreckage » où Maxime a expérimenté la technique du clawhammer (façon de piquer les cordes, ndlr) au banjo dont il a écrit la partition, « et je pense que c’est la meilleur méthode pour apprendre à jouer d’un instrument » ; ou encore de la sensation de constante culpabilité notamment dans l’héritage religieux avec « Wade in Black Water ». Un morceau fiévreux, transpirant de petites gouttes colérique, qui parle d’un baptème religieux au bord d’un ruisseau à la manière David Lynch.

lagon noirDes artistes de la scène bordelaise qui expérimentent toujours et se laissent vibrer. Ils suivent notamment pas mal de groupe du coin car comme le dit Maxime : « C’est comme pour tout le reste, consommer local, et indépendant, c’est important ! » Mars Red Sky, Sweat Like an Ape!, autant de projets qui les intéressent. Ils aiment particulièrement jouer au Krakatoa ou à l’Antirouille et s’inspirer aux bords de la Garonne ou de la Dordogne. Aujourd’hui, Blackbird Hill est accompagné par La Nef d’Angoulême et constamment soutenu par Lagon Noir.

Pour l’heure, les deux acolytes sont, comme nous tous, confinés, et jouent de la musique tous les jours : « j’ai de la chance d’habiter dans une maison isolée, ce confinement se passe très bien, parce que je voudrais que le monde ralentisse, et j’ai l’habitude de rester chez moi. Et j’en profite pour écrire de nouvelles chansons. » nous dévoile Maxime. Du côté de Théo : « J’ai beaucoup de chance d’être confiné en famille et de pouvoir jouer de la musique quotidiennement. On en profite d’ailleurs pour travailler à distance sur de nouvelles idées. » De nouvelles idées qui fleurissent déjà, accompagnées par quelques séries comme Twin Peaks et Six Feet Under que Maxime nous recommande chaleureusement : « Twin Peaks c’est bizarre, lent, parfois dérangeant et c’est aussi très beau. Pour une série qui raconte des choses vraiment étranges, je trouve que ça ressemble beaucoup à la vie. » Une philosophie qui décidément est au cœur de leurs occupations et se transmet dans leur passion et dans Razzle Dazzle. Un duo fasciné et fascinant.
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