Personnage hugolesque culte des misérable, Jean Valjean rappelle une lutte sociale toujours d’actualité. On comprend mieux le nom du groupe éponyme bordelais VALJEAN, aux idéologies marquées entre écologie, féminisme, révolte et anticapitalisme. Avec un rap rock maitrisé qui rappelle parfois Sopico, le quatuor davantage engagé et dénonciateur présage un sillon musical singulier et nécessaire. Lumière demandée en exclusivité sur leur titre « Tulipes », issu du prochain EP de 7 titres Anarchitecte.
Leur premier concert, six mois après la sortie de leur premier EP Verre de Lait s’était tenu aux Halle des Douves de Bordeaux en octobre 2018, et avait donné au groupe une dimension live qu’ils avaient continué de cultiver par la suite. En 2019, VALJEAN monte l’association BARRICADE, et propose le festival « La Nuit de la BARRICADE » chaque début de juillet. Avec une mise en scène de leur concert envisagé comme un « spectacle explosif, dissident et théâtral », VALJEAN guide le public lors des représentations vers un univers déguisé hybride, entre siècle passé et «culture rap contemporaine ». Toujours dans un soucis de cohérence, le nom bien huilé de leur festival rappelle l’épisode des barricades des Misérables, relatant l’échec de la naissance d’une révolte qui n’a pu rassembler assez de partisans.
Avec Anarchitecte, on souhaite que cet appel ne soit pas vain : déconstruire pour mieux retailler, repenser, refaire. Mojo indispensable d’un XXIème siècle bien abimé, l’EP au nom évocateur promet une (r)évolution musicale et politique triomphante. « Tulipes », premier morceau de l’EP à paraître, est une charge électrisante, entre prise de parole dénonciatrice du chanteur et tourbillon de guitare libérateur qui rappelle la temporalité musicale inclassable d’un groupe comme MUSE. « Bâtir des ponts sur des barrages qui pètent » ou « on sait faire un deuil et aller de l’avant » : chaque phrase chantée, rapée, clamée, scandée par le chanteur, pourrait être le slogan musical du morceau. « Faire pleuvoir des tulipes, sabotage contre milice, c’est comme ça qu’on milite » ; VALJEAN invite à faire les soldats fleurs au bout du fusil d’un monde à réinventer. Avec la ruine comme plus belle promesse, l’EP promet une reconstruction fédératrice à l’identité musicale affirmée.