Label « Club Culture » : reconnaître la valeur culturelle et sociale des clubs

Zoom sur le nouveau label « Club Culture », lancé par le Ministère de la Culture pour valoriser l’importance culturelle et sociale des clubs. 40 d’entre eux ont récemment célébré cette culture dans le cadre d’un festival dans différents lieux de l’hexagone. À Bordeaux, l’IBOAT est doté du label et s’inscrit dans cette dynamique de promotion d’une club culture engagée.

Crédit photos : Arthur Brémond

Le 16 mai dernier, différents dancefloors européens se sont alignés sur une même fréquence. En France, Espagne et en Allemagne, ces clubs se sont unis autour d’un événement inédit : le Club Culture Festival. Militant pour la reconnaissance de la culture club, les équipes de ces lieux entendent rappeler qu’ils ne sont pas seulement des espaces de fête, mais des vecteurs d’expression, d’engagement, de mixité et de création.

Les clubs, des lieux culturels à part entière

La pandémie de 2020 a provoqué l’arrêt des clubs et autres « boîtes de nuit ». Dans ce silence, le Collectif Culture Bar-Bars, actif depuis les États Généraux du Droit à la Fête,  a lancé un nouveau cri de ralliement autour du label « Club Culture ». Un projet fédérateur, structurant, qui a rassemblé 40 clubs français autour d’une volonté commune : faire reconnaître les clubs comme des lieux culturels à part entière.

Le Club Culture Festival était ainsi le premier rendez-vous festif d’ampleur européenne porté par cette nouvelle dynamique. Avec lui, une ambition claire : faire reconnaître l’importance culturelle et sociale de ces lieux de fête. Le 16 mai dernier était donc l’occasion de lancer officiellement le label soutenu par le Ministère de la Culture. Il vise à reconnaître les clubs comme lieux d’expression artistique, d’engagement sociétal et de fête inclusive, porteurs de valeurs fortes : parité et inclusion des minorités, prévention et lutte contre les violences sexistes et sexuelles ou encore accessibilité et diversité artistique.

Un label « fruit de longues années de mobilisation »

« Fruit de longues années de mobilisation et de travail pour notre Collectif, ce label “Club Culture – lieu d’expression artistique et de fête”, décerné par le Ministère de la Culture, est une avancée historique. » explique Chloé Le Bail, directrice-exécutive du Collectif Culture Bar-Bars. Interrogée, elle rappelle que l’idée est née pendant la crise du COVID, lorsque le statut flou des établissements hybrides entre discothèque et salle de concert a posé question. Le collectif a alors structuré un réseau national : « Un travail de longue haleine, mené notamment en pleine crise Covid, avec la création de notre branche “Club Culture” qui fédère aujourd’hui 40 clubs en France. »

Interrogée sur la portée politique de ce label, elle insiste : « C’est une reconnaissance institutionnelle et politique du travail culturel fondamental des clubs. Ce label, valable trois ans, impose aux établissements de s’engager activement dans le soutien à la création artistique, tout en œuvrant pour la prévention des violences sexistes et sexuelles. »

IBOAT, lieu labellisé « Club Culture ». Crédit photo : Arthur Brémond

L’IBOAT, un club labellisé « Culture Club »

À Bordeaux, l’IBOAT est l’un des rares clubs à porter haut les valeurs de cette club culture. Il a d’ailleurs accueilli une partie du festival le 16 mai dernier. Mais la reconnaissance institutionnelle locale reste ambivalente. Nathan Dassieu, membre de l’équipe du club partage un constat lucide : « Il y a un vrai engouement autour des musiques électroniques à Bordeaux. La ville donne accès pour des associations à des espaces publics, et valorise les acteurs locaux. Mais il y a encore un décalage. L’IBOAT est très visible, mais il reste l’un des seuls clubs à l’année. Il est toléré, accepté, mais pas toujours soutenu. »

On assure une vraie mission culturelle.

Nathan Dassieu (IBOAT)

Depuis la pandémie, le club dit rencontrer des difficultés financières sans réel accompagnement :« Bordeaux salue notre image, mais a du mal à s’engager concrètement. La culture club reste un sujet sensible pour les politiques. Pourtant, on encadre, on programme, on assure une vraie mission culturelle. »

Des engagements quotidiens pour une fête plus juste

Les engagements du Club Culture Festival se traduisent aussi dans les pratiques quotidiennes du club bordelais, comme l’indique Nathan : « C’est dans notre ADN. On représente plusieurs générations, plusieurs histoires, et on est à l’écoute de toute forme de discrimination. »

L’équipe du lieu s’est formée aux questions de consentement, de violences sexistes et sexuelles. Une manageuse de nuit s’y consacre particulièrement, et suit des formations spécifiques. Le club s’implique également dans des dispositifs de prévention, comme le Hangover Bus, une initiative conjointe de la mairie et de la préfecture autour des addictions. Sur scène, l’IBOAT agit aussi :« On travaille à des line-up paritaires, on remarque qu’il y a plus de profils féminins qui se lancent dans le DJing. On ouvre les portes, on facilite l’accès. C’est un changement en cours. »