Mama Killa VS Le Type

Le Type est récemment parti voir en live à l’Iboat le groupe Mama Killa. Boris Larzul et Stéphane Del Castillo nous ont offert une expérience scénique envoûtante, où la composition et le plaisir s’orchestre en duo. Ce fût également l’occasion de découvrir leur nouvel EP.  Alors, parlons musique.
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Boris, Stéphane, j’aimerais bien savoir comment vous en êtes arrivés à être des musiciens. Racontez-moi.

Boris : Et bien, pour ma part, la batterie, c’est un truc qui m’a toujours fasciné. Ce que je veux te dire c’est que j’ai vraiment été attiré par cet instrument très tôt et j’ai commencé à jouer sur une vrai batterie vers l’âge de 11 ans. Ce sont mes parents qui m’ont plongé dans le bain du rock. Ce qui était assez en opposition avec la mode de l’époque plutôt rap. Et donc je me suis amusé à décortiquer des morceaux de Led Zep, Nirvana, les Doors…. J’ai poussé le vice jusqu’à intégrer l’école Dante Agostini  et même maintenant en plus du projet que j’ai avec Steph j’y donne des cours. Donc c’est vraiment quelque chose qui me passionne littéralement.

Stéphane : De mon côté, c’est pas vraiment la même ambiance. Bien sûr c’est une histoire de passion également, je crois que ça c’est complètement indissociable de la pratique. Pour autant j’ai commencé avec du gros classique avec un professeur particulièrement rigoureux. Cela m’a un peu dégoûté de l’instrument, puis en écoutant les Red Hot quand j’étais ado j’ai eu envie de reprendre la guitare pour jouer et de composer le style de musique qui me plaisait. Le groupe qui m’a fait frissonner pour ma part c’est Radiohead avec ses mélodies riches, la violence de ses changements rythmiques et surtout l’émotion dégagée quasi palpable.

Boris : Pense à l’enfer de Whiplash ! (rires). Je crois que la pratique de la musique, en tout cas la partie technique, c’est quelque chose qui dépend beaucoup de la motivation et de l’âge du fait de la rigueur de travail que l’on doit s’imposer.

Je ne peux qu’imaginer les sacrifices et les efforts que ça demande. Mais j’imagine aussi que c’est souvent des moments de plaisir intense non ?

Boris :  Oh oui, t’imagines pas. C’est vraiment quelque chose de monter sur scène et de tenter de transmettre un truc. En fait, c’est un exutoire. Après le concert tu as tout oublié. T’es dans une phase complètement aérienne où tu t’abandonne totalement.

Stéphane : Je suis bien d’accord. Et en mon sens, là où ça devient vraiment puissant c’est justement quand tu as un partage qui se créé avec le public. Un lien. Tu as une espèce d’osmose qui se dégage, tu rentres dans une histoire où ce n’est plus seulement de la musique ou un concert mais une histoire d’émotions partagées. Et ça tu vois c’est un truc qu’on a d’abord eu la chance de mettre en place sur de petites scènes, c’est là où la proximité avec le public est la plus simple à établir.

Puisque vous rentrez dans le sujet du partage en concert, il y a un point que j’aimerais aborder avec vous. Sur la question du partage en grunge. Ma question est ; est-ce vraiment un genre qui peut être écouté sur piste ?

Boris : D’abord, il faut comprendre quelque chose. Quand tu regardes la présentation d’un groupe, c’est-à-dire le style, les genres qui leur sont attribués, c’est pas forcément les musiciens eux-mêmes qui ont une réelle volonté de dire nous on est comme ça on est comme ci.

Stéphane : C’est plutôt une façon de cataloguer les artistes si tu veux. C’est pour ça que tu as souvent des associations de genre comme nous. En soit « rock-pop-electro-grunge », ça ne veut pas dire grand-chose sorti du contexte. On dira new grunge pour associer l’influence des années 90 avec la modernité des musiques actuelles.

Boris : Ensuite, pour répondre à ta question, dans le grunge, c’est le traitement de la composition, pas la composition en elle même qui est grunge. Globalement, c’est à la base une super mélodie – comme Nirvana – posée sur une instru très énergique, avec un gros son, et une interprétation sincère, écorchée.

En parlant d’énergie, il y a une chose qui m’a frappé durant votre concert à l’Iboat. Et ça se voit aussi sur les clichés. Il y a des phases, des instants particulièrement calmes, qui précédent des moments d’explosion.

Stéphane : Dans mes compos il y toujours eu ce côté « saute d’humeur » ; on aime jouer sur les nuances et sur la surprise, la puissance d’un riff peut être vraiment accentuée lorsqu’un moment de calme le précède, ou qu’il n’arrive pas au moment où on l’attendait. Vu qu’on est que deux sur scènes, il faut penser à être efficace et à se suivre dans l’énergie qu’on dégage.

Donc c’est une histoire de duo ? Et vous ne cherchez pas à partager la scène avec d’autres artistes ?

Stéphane : Pour nous, oui. Partager la scène.. pas vraiment non. Enfin ponctuellement. Comme avec la danseuse que tu as réussi à photographier. On aime bien l’idée de faire occasionnellement des « shows éphémères » comme on avait fait à Barbey avec cinq danseurs complètements absorbés par leurs téléphones portables dans une rame de métro. Mais l’essence de Mama Killa c’est un duo.

Boris : Oui tout à fait. Mama Killa c’est l’intimité d’un duo. C’est assez différent des groupes que j’ai eu jusqu’à présent où l’on était plus nombreux, ça nous oblige à mettre en place quelque chose de plus brut, une composition particulière. Autant cela limite notre marge de manœuvre, autant cela nous canalise et nous fait aller plus vite à l’essentiel.

Comment la ressentez-vous cette manière de procéder ?

Stéphane : On se sent un peut comme des « guerriers » (rire). C’est hyper stimulant. Si l’un lâche l’autre aussi et forcément le show va en souffrir.

Boris : Oui complètement. C’est une pression très positive. Si on veut faire avancer les choses, on se doit d’être à l’écoute et très attentif à la volonté de l’autre, un peu comme dans un couple (rire). C’est un échange vraiment enrichissant. Pour nous, et pour la musique que l’on tente de proposer.

Justement, parlons maintenant de votre musique et de votre dernier EP. Que raconte t il ?

Stéphane : Alors, il y a pas mal de compositions qui marquent notre intérêt pour les années 90. Le but du jeu, là, c’est de marquer une période. On veut franchir un palier en posant ce que nous faisons et en le proposant clairement. En fait, cela fait une année que nous écrivons notre propre répertoire. Jusqu’alors c’était entrecoupé de covers.

Boris : Je rajoute que cela ne fait que quelques mois que nous nous sommes essentiellement focalisés sur Mama Killa. On a réussi à avoir la chance de pouvoir vivre de la musique, donc on se plonge presque entièrement dans ce projet. On essaye vraiment de mettre en route une dynamique de progression.

Peut être s’ouvrir à d’autres répertoires ? D’autres styles ?

Stéphane : Oui, peut-être. Après tout, cet EP on l’a mis en place assez rapidement. Mais au fond on est capables de jouer beaucoup de choses. Donc oui, l’envie est là. On est bien tentés de proposer quelque chose de plus élargi et donc tendre vers quelque chose de plus moderne.

Boris : En sachant que Steph doit apprendre à se canaliser ! (rires). Oui on a bien envie mais on sait très bien aussi que l’on peut nous reprocher parfois d’être assez hétérogènes sur nos travaux. Mais après tout c’est ça le processus créatif.

Il y a des éléments de la scène bordelaise qui sont une source d’inspiration ?

Boris : Il y a eu l’époque Noir Désir évidemment. Maintenant sur Bordeaux ce qui est plutôt pas mal c’est la multitude de musiciens. Donc personne en particulier mais une grande diversité. Et ce qu’il faut voir également, c’est aussi un déficit de scène malgré la diversité des musiciens. Beaucoup de salles se ferment dans le milieu qui s’attache au rock au profit des ambiances electro ou jazz car c’est plus simple à mettre en place.

Stéphane : La scène bordelaise se porte plutôt pas mal et il y a beaucoup d’artiste talentueux , alors tout ce qu’on entend à Bordeaux ou ailleurs, que ça nous plaise ou pas, rentre dans notre subconscient et est ensuite retransformé de façon innocente, cela s’appelle l’inspiration .

Vous arrivez tout de même à vous lancer dans des projets avec d’autre musiciens ?

Boris : Oui ! On fait parti du label La Tangente et du collectif La Veilleuse. L’idée c’est clairement d’étendre notre réseau et aussi d’échanger et de développer nos compétences. Le but étant que tous les groupes s’entraident et se tirent vers le haut afin de pouvoir tous étendre notre notoriété et vivre de notre passion commune pour la musique.

Merci Mama.

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