Rencontre avec un collectif bordelais polyvalent et innovant qui a pour leitmotiv la créativité et l’inventivité. Entre architecture, musique et scénographie, focus sur Cmd+O, une association pleine de ressources et d’idées.
Cmd+O est un collectif d’architectes bordelais « qui ouvre les horizons de la scénographie » comme ses membres l’expliquent eux-mêmes. Fondé en 2017 par 10 étudiant·es de l’École d’Architecture et Paysage de Bordeaux, l’association comprend actuellement 11 membres, dont 9 diplômé·es architectes, une juriste et un gestionnaire de projet culturel. Cmd+O entreprend des projets créatifs et associatifs, qui valorisent la culture, l’art sous toutes ses formes et la collaboration locale.
Les fondations
Tout commence lorsque le collectif souhaite opérer le retour d’Archibal, festival à Bordeaux inactif depuis plusieurs années. L’objectif de Cmd+O est alors de reconquérir leur école, afin de proposer de nouvelles éditions et mettre en lumière un événement existant depuis plus d’un demi-siècle (la première édition fut organisée en 1968), qui leur est cher. C’est de là que le collectif tire son nom : de cette ambition de renaissance. Un raccourci, comme pour ouvrir un projet existant.
En 2018, la première édition d’Archibal coordonnée par Cmd+O connaît quelques complications météorologiques. Le festival est annulé à la dernière minute. C’est alors toute une année d’organisation qui part en fumée, à quelques heures du début de l’événement. « Archibal est annulé, pas un euro n’est rentré dans les caisses de l’asso, notre point de départ se transforme de festival à dette immense à nos yeux » se souvient l’un des membres du collectif. Un coup dur financier et moral, qui n’a pas empêché le collectif de rebondir et de continuer de porter des projets toujours inventifs. Malgré cet événement, l’équipe reste soudée, se motive pour la suite.
Un collectif engagé, ancré dans son époque
Plusieurs valeurs font partie intégrante de l’identité artistique de Cmd+O. D’abord sur un plan social, en rendant la culture accessible au plus grand nombre mais aussi créer des biais associatifs et participatifs lors des événements du collectif. Dans une période où l’on ne peut se soustraire aux enjeux environnementaux, Cmd+O a su trouver ses propres alternatives écologiques. Et ce notamment en prenant en compte le bilan carbone des projets et des matériaux utilisés afin de mesurer son impact environnemental.
Un engagement qu’expliquent bien les membres du collectif bien eux-mêmes « Depuis le début, Cmd+O travaille la récupération et le réemploi des matériaux. Cette tendance va en augmentant, avec de plus en plus de projets 100% réemploi : aucune matière neuve n’est injectée » détaillent-ils. Cmd+O est par ailleurs très actif dans le milieu culturel à Bordeaux. Une activité qui se traduit par différentes collaborations avec d’autres collectifs locaux. Parmi eux : L’Orangeade, Medusyne, Amplitudes, ou encore des acteur·ices majeur·es de la scène culturelle et créative locale et d’ailleurs : artistes, institutions, technicien·nes, professionnel·les ou néophytes. Une approche toujours constructive et très valorisante pour ses projets et ses membres.
Approche sociale et innovante
L’’un des projets les plus importants et créatifs du collectif fut Darwin Playground. Axé sur l’entraide et l’aspect participatif, celui-ci va permettre à Cmd+O de mettre en œuvre son savoir-faire et son esprit d’équipe. Tout commence avec un squat à Lormont, démantelé, provoquant le relogement de plusieurs familles. Darwin, lieu culturel à Bordeaux (rive droite), va accueillir certaines des familles et proposer un projet de construction d’une aire de jeux pour les enfants. Le tout à base de matériel et objets récupérés, en deux semaines. « Ce fut un projet symbolique pour Cmd+O car il a été participatif, basé sur le 100% réemploi, hautement social. Bref, il coche toutes les cases des valeurs du collectif » explique un de ses membres.
Suite à ce projet, en 2022, l’équipe est appelée à travailler avec Yoann Hébert pour réaliser un cube de 3 mètres, entourés de miroirs sans tain appelé le Cube Infini. Cmd+O dessine et construit une partie de l’installation et collabore avec d’autres artisans pour la totalité du projet. Cette œuvre servira ensuite de lieu de performances pour divers artistes. Une réalisation spectaculaire aux possibilités sans fin, qui jusqu’à ajourd’hui impressionne par sa technicité ainsi que son originalité. C’est aussi une œuvre à l’image du collectif ; qui se régénère sans cesse : « De jour, c’est un cube de miroirs. De nuit, on voit l’intérieur et ce qui s’y passe se reflète à l’infini car les miroirs sont en face les uns des autres » détaille le collectif.
Cmd+O aux commandes à Bordeaux
En 2022, le collectif accentue sa couverture scénographique sur plusieurs événements locaux, notamment en compagnie de L’Orangeade, autre association bordelaise qui promeut la scène artistique du territoire. De l’IBOAT au parvis de l’Hôtel de Ville pour la Fête de la musique, en passant par des SMACS comme le Rocher de Palmer ou la Salle des Fêtes du Grand Parc, Cmd+O effectue une mise en lien artistique et matérielle nouvelle.
Déterminé, le collectif a récemment annoncé son nouveau projet HISSEZ+O, qui se déroulera à la Base Sous-Marine de Bordeaux. Un événement hybride, qui accueillera différentes formes d’arts: musique, danse, cirque dont l’épicentre est une bataille navale géante dans un des lieux les plus emblématiques de la ville. Plusieurs acteur·ices seront au rendez-vous, telles que L’école du Cirque de Bordeaux, Octofolies, L’Orangeade, du 27 au 29 octobre 2022.
Cmd+O partage aujourd’hui un lieu de travail avec le collectif Cancan et l’artiste Jonas au 507 Villenave d’Ornon, un espace partagé qui compte pour le collectif et dans lequel ses membres bâtissent leur vision artistique, dans un cadre d’occupation transitoire. Un ancrage qui a failli voir le jour au Silos à grains de Bassins à Flots, lieu au passé industriel et artistique. Quel que soit son lieu de vie, le collectif semble plus que jamais déterminé à marquer son empreinte au sein de la scène culturelle à Bordeaux en portant sa vision créative : celle d’un décloisonnement des pratiques et d’un art plus que jamais engagé.