Entretien avec l’équipe du disquaire bruxellois Crevette Records

Invitée à l’IBOAT le vendredi 13 mars par SUPER Daronne, l’équipe du disquaire Crevette Records a répondu à quelques-unes de nos questions avant son passage à Bordeaux. Scène bruxelloise, fonctionnement du shop, supports d’écoute… on a pu discuter avec Walrus, Pim et Jakob de pas mal de sujets avant que les gars viennent jouer les meilleurs disques de leur bac en ville.

Crédit photo : Marc Wathieu

Le Type : Salut l’équipe, pouvez-vous commencer par vous présenter ?

Michel (Walrus) : Je travaille sur la sélection de seconde main chez Crevette Records et je joue comme DJ Walrus. Je gère un label avec ma copine Elsa ; Basic Moves. Je suis dans l’aventure Crevette depuis les débuts. J’ai déjà joué à Bordeaux, au Bootleg (quand c’était encore vivant) ainsi qu’à l’IBOAT. Je connais bien la ville, j’ai quelques potes là-bas, ma copine a étudié, aux Beaux-arts.

Pim : Je joue comme Alfred Anders et j’ai commencé Crevette y a 3 ans et demi. Je gère aussi le label avec le même nom Crevette Records. C’est la première fois que je joue à Bordeaux, je suis très excité à l’idée d’y jouer et de découvrir la ville.

Alfred Anders

Jakob : Je m’appelle Jakob et je joue sous le même nom. Je travaille chez Crevette depuis le début. Mon travail est de faire la sélection et la distribution d’une trentaine de labels bruxellois. La dernière fois que je suis venu à Bordeaux j’étais tout petit, je ne m’en souviens plus trop, j’ai hâte de voir la ville !

Pouvez-vous nous présenter Crevette ? Qu’est-ce que vous souhaitez mettre en avant avec le shop et le label ?

Pim : Il y a trois parties dans Crevette ; le shop (et webshop), la partie label et la partie distribution. Pour la partie shop, on essaye de faire une sélection assez pointue dans des styles qui sont assez variés, de la techno, electro, house, rave, disco, ambient,… electro-house ou d’autres choses pour l’écoute. Pour le seconde main, c’est la même chose à peu près. Le principal c’est que la sélection soit bien faite. On y met beaucoup d’énergie dedans. C’est un boulot en continu. Sur la partie label, on a trois releases et on est en train de bosser sur les trois prochains disques. On gère cette partie-là sans trop de stress.

Quels sont les artistes que vous avez signé sur votre label ? Y-a-t-il une volonté de soutenir la scène bruxelloise à travers lui ?

Pim : Les trois sorties étaient des artistes bruxelloises. On envisage ce label comme une plateforme pour soutenir ce qu’il se passe ici musicalement. On a eu une release de Vitesse et de Weird Dust, ce sera une trilogie pour lui. Il y a aussi une compilation de DJ Sofa.

Comment se porte la scène musicale électronique bruxelloise ?

Walrus : Je suis un peu plus vieux que Jakob et Pim ; j’ai évolué aussi avec la génération précédente. Ce qui me permet de dire que c’est vraiment mieux maintenant. Aujourd’hui il y a une sorte de connexion entre les différentes scènes. Il y a 15 ans, tout le monde était sur son île, il y avait une scène très techno, une autre deep house, une autre electro… Il manquait un lieu pour que tout le monde puisse se voir. Il y avait un record shop pour chaque style, les gens ne se connectaient pas, n’allaient pas aux mêmes soirées. Il y a eu un gros passage à vide à Bruxelles à ce moment-là.

Crevette a permis aux scènes de se connecter. Maintenant les gens se connaissent et jouent sur leurs soirées respectives. Les scènes se sont connectées. C’est la première fois que je vois ça à Bruxelles.

Quels sont les collectifs, lieux ou festivals qui font de Bruxelles une ville active sur le plan des musiques électroniques et de la fête ?

Jakob : En club il y a le C12 qui a ouvert à peu près en même temps que Crevette. On a organisé beaucoup d’événements ensemble, on y fait notre fête d’anniversaire chaque année. Il y a aussi des espaces utilisés une ou deux fois par an par des promoteurs comme Basic Moves, Gay Haze, Technoon. Ce sont des ‘’petites’’ fêtes où des communautés très différentes se réunissent.

Walrus : On voit aussi avec les clients du shop que les nouvelles générations lancent des nouveau collectif. Beaucoup de choses éclosent et émergent avec des événements de moins de 100 personnes mais très motivés. C’est une bonne chose pour la ville. Même si par ailleurs Bruxelles manque d’espace, c’est un problème.

Pim : Les trucs les plus intéressants ici à Bruxelles ce sont les petites initiatives qui font bouger la ville. Il y a aussi le Listen!, un bon exemple de festival qui connecte ces acteurs locaux à travers un événement de quatre jours de musique électronique.

 En termes d’artistes, dj et producteurs bruxellois, vous avez quelques noms à citer à suivre ?

Pim : Comme producteur il y a Weird Dust dont on a sorti un disque. Ses live sont super bien, ses productions sont très propres. Il y a également Céline Gillain qui a fait une sortie sur Antinote et sa première release sur Lexi Disques, un label bruxellois. Comme DJ, on a quelqu’un qui est très connecté avec le shop qui s’appelle Aroh, Tele Talks, Vitesse… Il y a beaucoup de gens. Là, on cite notre crew mais il y a plein d’autres personnes.

Walrus : Dans la musique que je joue sur les Basic moves avec un esprit plus club, il y a aussi des jeunes incroyables qui sortent des disques super obscurs. Il y a Boudewijn Ericx, Hicham, Gurl, … C’est la nouvelle génération. Ils m’impressionnent beaucoup avec des disques que je n’ai jamais entendu !

Comment se font les connexions entre les autres scènes de Belgique et au-delà ?

La Belgique s’est petit, tout le monde se connaît. On est vite connectés avec tout le monde. On peut sortir facilement dans une autre ville comme. Il y a quelques différences d’esthétiques entre les villes, mais la Belgique reste un terrain de jeu à taille humaine.

Pour les scènes internationales, les connexions se font surtout via la partie distribution, à base d’échanges de mails qui nous permettent de nous connecter avec beaucoup de shops différents du monde entier, au Japon, Amérique, Canada…

Par rapport au « retour du vinyle » auquel on a assisté ces dernières années : est-ce que cette dynamique là s’est un peu essoufflée ? Est-ce que vous ressentez toujours de l’engouement pour ce format ?

Jakob : Dans notre cas, la plupart de nos clients sont des DJ actifs qui jouent régulièrement ou des gens qui essayent de le devenir. Ou des collectionneurs de longue date. La hype et la mode autour du vinyle de ces dernières années n’a pas trop changé de choses pour la musique électronique alternatives et underground. Pour nous, c’est toujours la même chose.

Vous-même, en tant que Crevette, vous jouez sur vinyles ?

Tous les trois : Oui, only vinyle !

Vous jouez à Bordeaux le 13 mars avec SUPER Daronne. Comment vous les avez rencontré ?

Pim : On ne s’est pas encore rencontrés. Peut-être qu’ils sont déjà venus au shop… Je pense surtout qu’ils doivent suivre ce qu’on fait à Bruxelles et ils ont dû apprécier l’esprit de notre projet.

Vous aviez identifié la scène bordelaise avant que SUPER Daronne vous invite à venir jouer à l’IBOAT ?

Walrus : Je connais Loner. J’ai hâte de le revoir ! C’est lui qui m’invitait au Bootleg, c’est un super DJ qui joue un peu plus UK.

Pim : On fait aussi une session d‘écoute dans le bar Mancuso avant la date de l’IBOAT.

Hormis cette date, vous jouez également cet été au Dekmantel ; vous allez cherché à développer ce projet ?

Pim : C’est les deux premières dates. On n’avait pas vraiment l’intention de faire ça puis on a reçu quelques propositions. Ça s’est fait assez naturellement, on verra pour la suite.
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