Entretien : la fusion électronique et orchestrale du JOSEM et de Banzaï Lab

Pour marquer ses 15 ans, le label bordelais Banzaï Lab s’est associé avec l’orchestre symphonique du JOSEM (Jeune Orchestre Symphonique de l’Entre-deux-Mers). L’objectif : réinterpréter ses plus grands classiques en mêlant musiques électroniques et musiques orchestrales. Clément Rouan, co-fondateur de Banzaï Lab, et Louis Tillhet, chef d’orchestre du JOSEM, reviennent sur les enjeux et défis d’un tel projet.

Rédaction : Alexis Faucher & Marie Tournier

Le Type : Qu’est ce qui a motivé Banzaï Lab à choisir le Jeune Orchestre Symphonique de l’Entre-deux-Mers (JOSEM) pour ce projet ?

Clément Rouan (Banzaï Lab) : On connaissait le JOSEM depuis longtemps. C’est un orchestre qui existe depuis 37 ans. On connaissait tout le travail qu’il avait mené dans le passé. Par ailleurs, notre collaboration sur le titre d’Al’Tarba et Senbeï en 2020 s’était bien passée. Il semblait donc assez naturel de retravailler ensemble pour ce projet.

Louis, quel a été votre réaction avec l’orchestre quand Banzaï Lab vous a fait cette proposition ?

Louis Tillhet (JOSEM) : Ça nous a semblé être une super opportunité et un projet très intéressant. Ça faisait plaisir aussi plaisir aux plus jeunes de l’orchestre, car on avait fait pas mal de collaborations différentes dans la chanson, le rock et un petit peu avec les musiques électroniques. Mais ce côté-là, plus urbain, on ne l’avait encore jamais exploité avec le JOSEM. On a pu se faire un kiffe à choisir dans tout le catalogue de Banzaï Lab pour cette compilation.

La sélection des morceaux à réarranger parmi les 600 titres sortis au fil des ans a dû être délicate. Quel a été le processus de ce choix, et comment l’orchestre a-t-il été impliqué dans cette décision ?

Clément Rouan : C’était vraiment des allers-retours entre Louis et nous. De notre côté, on avait envie d’arranger des titres qui étaient les plus connus et les plus représentatifs du catalogue de Banzaï. C’était donc obligatoire de travailler sur un morceau de United fools, qui est le groupe fondateur du label. Puis, c’était également des échanges entre ce qu’on avait envie de faire et ce qui était possible.

Louis Thillet : On avait beaucoup d’idées au début. Forcément, il y a certains titres qui se sont imposés, ça a fixé quelques repères. Mais le travail qui était intéressant, c’était de se dire : « C’est dommage, ce morceau est super, mais il ressemble trop à l’autre ». C’est ce qui nous a poussé à chercher d’autres choses, pour apporter de la fraîcheur à la compilation.

La musique classique peut sembler assez éloignée de la musique électronique. C’est une vision dépassée. Des projets mêlant musiques électroniques et formes orchestrales existent depuis plus de 20 ans.

Clément Rouan (Banzaï Lab)

La musique assistée par ordinateur d’un côté et l’orchestre symphonique de l’autre semblent a priori évoluer dans des sphères artistiques opposées. Quels défis majeurs avez-vous dû surmonter lors du processus de création de cet album ?

Clément Rouan : Je pense qu’effectivement, sur le papier et historiquement, la musique classique peut sembler assez éloignée de la musique électronique. En réalité, c’est une vision dépassée. D’autant plus que des projets mêlant musiques électroniques et formes orchestrales existent depuis plus de 20 ans. Au départ, l’idée de Banzaï c’était de mélanger les musiques électroniques et instrumentales parce qu’on est issus d’une culture où on écoute de tout. Il nous semblait donc intéressant de fusionner les styles.

Louis Thillet : Quand on retranscrit des samples ou quand on essaye de rejouer des effets sonores de ces esthétiques, ce n’est pas forcément évident. Il y a donc eu beaucoup d’annotations sur les partitions. Mais le plus grand défi, c’était de jouer au métronome ; ce qu’on appelle jouer au clic. J’avais ça dans les oreilles parce qu’on gardait aussi certains samples, certaines voix, les chants qui ont un tempo défini. Devoir rester sans bouger, ça n’arrive jamais dans un orchestre (rire).

Tout ce travail d’écriture, de rédaction des partitions et des répétitions vous a pris plus de 6 mois. Comment ces moments de préparation ont-ils amenés à deux journées d’enregistrement au studio HEY! ?

Louis Thillet : C’est compliqué. Le but c’était d’être efficace pour faire les 7 morceaux en 2 jours,donc on est venu installer le matériel la veille au soir.  On a bossé pour faciliter le mix derrière, ce qui a apporté des contraintes. Par ailleurs, c’était pendant l’été, il faisait donc chaud. Il y avait des instruments qui montaient, d’autres qui baissaient, on devait se réaccorder souvent. Malgré tout, les plus jeunes, âgé·es entre 12 et 25 ans, étaient super content·es.

Clément Rouan : C’était une grosse préparation ! HEY! est un beau studio d’enregistrement, à Mérignac, avec une belle salle. Mais voilà, ce n’est pas un studio qui est dédié à l’enregistrement d’orchestres.

Banzaï Lab, vous, qui êtes connus pour l’organisation d’évènements, comment s’est déroulé l’interprétation live de l’album ?

Clément Rouan : Dans ce projet, il  y a eu toute la partie live car le JOSEM a joué son répertoire sur 3 dates, c’était aussi quelque chose de fort.

Louis Thillet : On a fait ça à Musicalarue, le festival à Luxey, au Rocher de Palmer et à Targon dans une toute petite salle, espace René Lazarre. L’orchestre a pu voir ce que c’était de bosser un show dans 3 conditions différentes.

C’est un album qu’on peut écouter en famille. Un peu comme le JOSEM : c’est un projet transgénérationnel.

Louis Tillhet (le JOSEM)

Depuis sa sortie quelles ont été les retombées ?

On a eu de super retours, à la fois des artistes qui ont composé les titres originaux et du public. Pour un projet assez à part, on a fait de bons scores de streams. Ce sont des morceaux qui sont connus mais comme il s’agit de réinterprétations, ça suscite la curiosité. Je pense que c’est un album qu’on peut écouter en famille. Un peu comme le JOSEM : c’est un projet transgénérationnel.