Igouh, guide vers la Grande Section : entretien

Originaire de Lyon et passé par Bordeaux, Igouh nous a donné de son temps pour partager avec nous son parcours. De ses débuts dans la street puis dans le collectif La Grande Section ou encore dans l’équipe d’Indice 50 ; on évoque avec lui ce qui l’a amené à construire ce bout de chemin solo. Entre good vibes et partage détente, Igouh nous présente son projet Guide sacré et ses aventures en tant que rappeur.

Le Type : Salut Igouh, tu nous avais accordé de ton temps avec Indice 50. Aujourd’hui on te rencontre pour ton projet solo, sous une autre facette. D’abord ; comment ça va ?

Igouh : Écoute, ça fait longtemps qu’on ne m’avait pas demandé comment ça allait. Ça va super, le soleil est là, l’été est en train de revenir ça fait du bien au moral (l’entretien a été réalisé il y a quelques semaines, ndlr).

D’ailleurs comment s’est passé ton confinement artistiquement parlant ?

Alors il y a deux choses, un point négatif et un point positif. Premier point négatif, c’est que j’ai sorti un projet le 10 janvier dernier qui s’appelle Le Guide Sacrée , un EP de 7 titres. Depuis, je suis frustré à cause du confinement car je n’ai toujours pas pu aller défendre ce projet sur scène. En plus, comme on est auto-produit, les choses vont plus lentement que si j’étais signé en major. Des dates commençaient à être prévues, notamment au VOID. Le confinement a tout foutu en l’air. Maintenant j’ai hâte d’aller défendre ma musique en live, car c’est là où je me démarque vraiment.

Le point positif c’est que j’ai investi dans du matériel pour travailler chez moi ! Du coup, j’ai enregistré tout un projet qui s’apparentera à une série de freestyles qui sortira à la rentrée. Ça parle beaucoup de Croix-Rousse, le quartier (de Lyon, ndlr) où j’ai grandi. Tout ça ne se serait pas fait aussi vite s’il n’y avait pas eu le confinement ; c’était un autre rapport au taff, c’est-à-dire que j’étais tout seul pour faire monter la mayonnaise, je faisais mon petit chocolat comme je l’entendais, ce qui est complètement différent en studio.

Tu nous as dis que tu venais du quartier lyonnais de la Croix-Rousse ; c’est là bas que tu as commencé ?

J’ai commencé le rap quand j’habitais au Brésil, dans le cadre de mes études en cinéma. Je suis parti un an en 2014-2015. Le rap, j’ai toujours kiffé depuis que je suis gamin. Quand j’ étais au Brésil, j’ai commencé à kicker en parlant de Croix-Rousse pour rendre hommage à tous les frères qui me manquaient ; ça a été mon moyen d’expression.

Grâce au rap je me suis fais plein de poto à Bordeaux, essentiellement rappeurs, ce qui m’a fait progresser. On se retrouvait dans la rue, on se calait avec une enceinte et ça partait en freestyle.

Quand je suis rentré du Brésil, je suis arrivé à Bordeaux toujours dans le cadre de mes études. Le rap à ce moment là a été le moyen de rencontrer du monde. De là je me suis fais plein de poto, essentiellement rappeurs, ce qui m’a fait progresser. Grosso modo on se retrouvait dans la rue, on se calait avec une enceinte et ça partait en freestyle. Grâce à ça je me suis retrouvé avec Pale peu, membre d’Indice 50 dans le collectif de la Grande section. Ça a été hyper formateur.

À l’heure actuelle, avec qui collabores-tu ?

Radja, mon super pote d’enfance, autant passionné de rap que moi. Il s’est investi dans mes projets et est devenu mon manager. C’est grâce à lui que j’ai obtenu une interview avec vous, c’est lui qui gère mes relations presse, les dates des concerts, les plans avec les graphistes, etc. Concrètement, le but c’est de se professionnaliser, de faire les choses plus carré. Ce qui me laisse davantage de temps pour me concentrer sur le côté artistique.

Justement, tu as sorti le 10 janvier dernier Le Guide sacré, projet composé de 7 titres. Tu peux nous en parler ?

Le projet s’est construit en un an, peut-être un an et demi. C’est assez varié en termes de sonorité car il est vrai que je me cherche encore. Puis comme il y a pleins de trucs qui me font kiffer, j’ai pas envie de me limiter, ce qui me donne envie d’aller chercher à droite, à gauche. À l’avenir, mes projets n’auront qu’une couleur, il n’y aura pas un morceau qui sonne salsa africaine suivi d’un gros rap sombre. Je chercherai à avoir plus de cohérence, ce qui n’est pas toujours le cas dans Guide sacré.

C’est le rap jeu qui veut ça, et je te montre pourquoi je suis plus chaud que toi.

Sur ce projet, j’ai bossé avec 3 producteurs différents, que sont Huachito, beakmaker qui fait parti du collectif Majin Killaz , RAVL pote de Croix-Rousse et Namu, beatmaker d’Indice 50 . Le Guide Sacré c’est clairement de l’égo trip , un titre très arrogant de ma part qui t’explique que je suis en train de te proposer la référence ultime en termes de musique mais aussi de lifestye. C’est clairement de la prétention. C’est le rap jeu qui veut ça, et je te montre pourquoi je suis plus chaud que toi.

Tu as d’autres projets à nous faire découvrir ?

Parallèlement au Guide Sacrée, j’ai sorti une série que j’ai appelé la Guidance. Vous pouvez la retrouver sur ma page Instagram. En gros, c’est un questionnement sur la façon de devenir un meilleur être humain, dans le respect et l’amour. Comment se faire respecter à la station service ou au super marché. La Guidance c’est la relation direct avec le guide sacrée.

Guidance, dernier projet d’Igouh

Comment tu observes la scène rap à Bordeaux ?

Bordeaux est la seule ville de cette taille-là qui n’a pas d’artiste mainstream. Peut-être que je me trompe, je ne connais pas tout le rap ici, mais je peux te citer facilement des Parisiens, des Lyonnais, des Marseillais voire des mecs de Montpellier qui font des millions de vues, qui sont en radio, sur Skyrock… mais pas à Bordeaux. Historiquement c’est une ville plutôt rock/punk. Il y a quand même une grosse scène rap, je peux citer des noms d’artistes qui n’ont pas forcément explosé mais qui sont chauds et qui ont tout pour percer.

Tu peux nous citer des artistes locaux que tu fréquentes ou qui t’inspirent ?

Je traîne pas mal avec le collectif Majin Killaz. Je les fréquente personnellement, c’est devenu des potes depuis qu’on a bossé ensemble. Typiquement, Merlin, l’ingé son de Majin Killaz, a mixé tout mon projet. J’ai passé beaucoup de temps au bunker, le studio de Merlin. Tous ses potes sont ultra chauds. Je vous conseille d’aller écouter Igee, je ne le connais pas très bien mais il fait tout ce qu’il faut pour que ça marche. J’espère qu’il va exploser ! Après je n’écoute pas énormément de rap français, d’où le fait que ma connaissance du rap à Bordeaux soit limité.

Quelles sont les autres scènes rap que tu scrutes hormis celle de Bordeaux ?

Je suis très inspiré par un mec qui s’appelle Infinit’, un rappeur de Nice que je trouve très très fort mais aussi très inspiré par des mecs comme Prince Waly, Népal, paix à son âme… Des mecs qui ont des vibes qui me parlent ; je ne saurais pas te dire pourquoi eux en particulier. Alpha Wann en termes de technique et de rap pur je le très trouve très fort, ça m’inspire à fond, tout comme Freddy Gibbs et 50 Cent. Il y a aussi du rap bien mais qui me parle moins. En fait j’aime écouter des mecs qui prennent le temps d’écrire, qui mettent du sens et de la réflexion. C’est construit, il y a une logique.

Igouh

Dans l’ensemble j’ai besoin d’écouter du rap hyper varié, car c’est un ensemble de plusieurs styles qui m’inspire. Un mec comme Marvin Gaye m’influence aussi énormément dans la musicalité. Je kiffe les mecs qui transpirent la classe, qui ont du charisme sur scène ! Ensuite, j’ai aussi une grosse influence dans le cinéma, j’apprécie les films un peu sombre, aux ambiances de gangster, avec des coups de pressions. J’aime m’inspirer de ça pour créer une musique. Typiquement le morceaux « Recel Crow » dans le Guide Sacré c’est du storytelling, on se doute bien que ce n’est pas ma vie et que je raconte une histoire.

Est-ce que tu as d’autres projets en cours ou à venir ?

J’ai deux-trois trucs en tête, mais je ne vais pas trop m’avancer tant que ce n’est pas concret. Je vais sortir une série de freestyle à la rentrée qui s’appellera X.R.U, parce que ça parle de Croix Rousse. Je suis aussi en train de préparer un projet qui sera entièrement produit par Evans, un producteur de Bordeaux. Voilà, je lâche rien, et la prochaine étape importante sera un gros projet avec minimum 10 titres !

Un truc à rajouter ?

Big up à tout mes petis du collège Cassignol où je travaille, qui me pousse à fond ! Et big up au Type pour l’interview surtout !

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