Rencontre avec William, Elliott et Basile du groupe bordelais WEB. Les trois artistes indépendants ont récemment participé au projet La Tournée 2023, évènement organisé par la Rock School Barbey réunissant 4 groupes mêlant indie rock, soul et rap. Accompagnés du batteur Matt Bouriat, ils feront le tour de la région Nouvelle-Aquitaine avec 5 dates uniques dès le 23 octobre.
Le Type : Est-ce que vous pourriez chacun vous présenter ? Comment avez-vous démarré la musique, et comment est né le groupe WEB ?
Basile : Je m’appelle Basile, j’ai toujours baigné dans la musique ; que ce soit avec mon père qui est bassiste, ma mère qui a fait de la batterie, mon frère du violon, ma sœur de la flûte… J’ai commencé par la flûte traversière. Au début, je ne trouvais pas vraiment une passion dans la musique, je n’étais pas réellement investi dans ce que je faisais. C’est venu plus tard, de fil en aiguille au lycée, notamment quand j’ai rencontré Elliott en terminale. C’est là où j’ai commencé à vouloir faire des chansons, des compositions, du rap.
Elliott : J’ai commencé la musique très tôt avec mon grand frère, en jouant de la guitare. Depuis, je ne me suis jamais arrêté. J’ai beaucoup appris par moi même ; j’ai continué en faisant des compositions, j’ai essayé de monter un petit studio chez moi où j’enregistrais des artistes – c’est d’ailleurs là où j’ai rencontré Basile. La musique pour moi ça a toujours été une raison de vivre, quelque chose qui m’a beaucoup apporté dans pleins de domaines. Ça m’a aidé intérieurement et mentalement. Au début, c’était quelque chose dont il m’était difficile de parler aux autres, de dire que je voulais vivre dans le domaine de l’art et de la musique, à cause du milieu dans lequel j’étais. Depuis que le groupe existe, ça a vraiment été un déclic pour moi, et ça n’a fait que confirmer ce que je voulais faire de ma vie.
William : J’ai toujours eu un rapport très étroit avec la musique, notamment grâce à ma famille. Plus jeune j’ai fais de la danse, du piano… En déménageant en métropole en 6ème j’ai stoppé la musique pour me consacrer au handball et au sport de manière générale. À ce moment-là, je pratiquais très rarement le chant ou le piano. C’est durant la période de fin de terminale que j’ai beaucoup réfléchi sur ma voie professionnelle, et c’est là que j’ai décidé de prendre des études en rapport avec la musique, car je me suis rendu compte que c’était quelque chose qui me manquait et que j’aimais profondément, malgré le fait que j’avais abandonné tout ça pendant un temps. Je me suis donc consacré à 100% à la musique depuis. C’est quand je suis arrivé à Bordeaux que j’ai rencontré Elliott et Basile. Je suis très content d’avoir pris cette décision.
Elliott : Le groupe WEB a émergé en deux temps. Lors de l’été 2020, on s’est rencontré avec Basile suite à un message qu’il m’avait envoyé pour venir dans mon studio. On s’est dit qu’on allait tous les deux faire une licence de musicologie à la fac. Sauf que Basile n’a pas été accepté. Lorsque j’ai fait ma pré-rentrée, j’ai rencontré William, à qui j’ai directement présenté Basile. Depuis ce jour où on s’est rencontré, on ne s’est plus jamais lâché. Ça fait maintenant 3 ans qu’on a ce projet en commun qu’est WEB !
Vous avez sorti l’EP WEB : ATMOSPHÈRE le 28 avril dernier, un 8 titres d’une vingtaine de minutes. Est-ce que vous pouvez revenir sur le processus de création de ce dernier ?
William : La conception de l’EP a pris plus d’un an. Le premier son qu’on a sorti c’était « FUCKED UP ». Au début, on n’avait pas en tête la conception d’un projet en particulier. Il faut savoir que tous les sons qu’on a fait ne sont pas nécessairement des sons qu’on a fait pour l’EP, mais plus des créations qu’on a fait sur le moment ou des inspirations qui sont venues un peu comme ça où on s’est dit que ça rendait bien. Cet EP représente d’une certaine manière notre progression sur plus d’un an, comment on a pu évoluer en tant que musiciens chacun de notre côté mais aussi ensemble, en tant que groupe.
Basile : D’où le fait qu’on a décidé d’appeler l’EP WEB : ATMOSPHÈRE. Une fois que le projet était fini, il s’en dégageait une certaine atmosphère. Tous les sons sont composés différemment. Il y a des choses qu’on a écrit ensemble, d’autres séparément – comme « FUCKED UP » qui date d’il y a plus d’un an maintenant.
L’idée, c’était que celui ou celle qui écouterait les 8 titres de notre EP puisse cerner l’énergie et les ambiances de ce qu’on voulait transmettre.
Elliott (WEB)
Elliott : On avait sorti un premier EP qui s’appelle Genèse. Comme le nom l’indique, c’était vraiment la genèse du projet, on avait mis plusieurs idées différentes. Il y avait du rap, un peu de rock, mais c’était vraiment pas très organisé, c’était l’immaturité. Du coup, on avait l’envie de sortir quelque chose qui reflétait plus notre musique et notre atmosphère, la synthèse de nos créations. L’idée, c’était que celui ou celle qui écouterait les 8 titres de notre EP puisse cerner l’énergie et les ambiances de ce qu’on voulait transmettre.
Pour ce projet, on a eu des influences très rock qui sont arrivées, notamment grâce à YUNGBLUD qu’on écoutait beaucoup tous les trois lors de la conception. Dans l’ensemble, on est très content du résultat et ça reste de très beaux souvenirs, étant donné que chaque son a été construit en parallèle de nos premiers lives, nos premières scènes, nos premiers tremplins et nos premières rencontres musicales.
Il y a un réel sentiment d’achèvement : c’est à dire qu’après cette tournée ça va être un arc qui se termine pour nous mentalement, pour diverses raisons. Même si on a fait beaucoup de scènes, cette tournée nous touche et a énormément d’importance pour nous.
Basile (WEB)
La semaine du 23 octobre, vous avez entamé votre toute première tournée de concerts avec 5 dates prévues, la première s’étant déroulée à Bordeaux à la Rock School Barbey. Quelle valeur particulière accordez-vous à cette tournée ?
William : On a déjà eu l’occasion de faire plusieurs scènes, notamment le festival PLAY en plus de pleins de petits tremplins. On a donc pas mal d’expérience sur scène. Maintenant, cette tournée, c’est une expérience unique pour nous car on va enchainer 5 dates uniques d’affilée dans de très grandes salles, avec de très gros moyens, avec de vrai·es professionnel·les. Pour notre âge et à notre niveau, cette tournée est quelque chose d’inestimable.
Basile : Il y a un réel sentiment d’achèvement : c’est à dire qu’après cette tournée ça va être un arc qui se termine pour nous mentalement, pour diverses raisons. Même si on a fait beaucoup de scènes, cette tournée nous touche et a énormément d’importance pour nous.
Elliott : Depuis qu’on a créé le groupe, on a toujours été dans cette optique de prendre tout ce qui s’offrait à nous et d’aller au bout de ce qu’on pouvait faire. Le groupe nous a tiré vers le haut à chaque fois, notamment pour ce qui relève de l’inscription aux tremplins. Le premier qu’on a gagné c’était le XL tour, un tremplin organisé par le département des Landes. Suite à ça, on a été suivi pendant 2 ans par des professionnel·les qui nous ont aidés sur les shows, des formations théoriques et pratiques. À la fin de ces 2 ans, ils nous ont proposé de participer à cette tournée, organisée par la Rock School Barbey. C’est une expérience de fou encore une fois pour chacun de nous, c’est le plus grand moment de notre vie de groupe à 3 qui va arriver, on a très hâte et on est très émus, c’est vraiment une concrétisation.
Quel regard portez-vous sur la scène musicale à Bordeaux ? Quels sont vos lieux préférés, les endroits où vous préférez jouer ? Est ce que vous avez des affinités avec d’autres artistes locaux ?
Elliott : Pour avoir rencontré beaucoup de personnes et avoir fait pas mal de recherches autour, je trouve que Bordeaux est une ville incroyable pour ce qui est de la culture et ce qu’elle propose aux artistes. On est à PAMA (salle de studio de répétition à Pessac, ndlr) ici par exemple, y a énormément de petits studios de répétition, de tremplins, des salles qui sont très ouvertes à tout type de groupe et de proposition. Dans l’ensemble il y a une grande ouverture à la culture, je pense à un endroit comme Le tROCKé par exemple qui est très accessible musicalement parlant, il y a aussi des scènes ouvertes sur Bordeaux tous les soirs un peu partout comme au BMF, au Grizzly, au Starfish, ou au Singe Vert pour ne citer qu’eux.
Basile : En ce qui concerne les lieux où l’on préfère jouer, ça nous arrive rue Sainte Catherine ou aux Miroirs d’Eau sur les Quais. On joue souvent avec la guitare électro-acoustique d’Elliott, on a des enceintes et notre petit kit. Ça nous arrive fréquemment et nous fait gagner en visibilité. On joue aussi parfois dans des bars, on a déjà cité le tROCKé où on avait joué lors du festival PLAY, on avait également organisé un évènement là-bas qui s’appelait le Love Event.
Ce sont des gens avec qui on se tire vers le haut mutuellement, on va voir leurs concerts, ils vont voir les nôtres, ce sont des échanges et des affinités qu’on a développés avec beaucoup d’artistes locaux.
William (WEB)
William : En deux ans, on a fait beaucoup de rencontres musicales, étant donné que toutes nos rencontres tournaient autour de la musique. Pour commencer je vais citer Hominguest, qui participe au tremplin des deux rives actuellement. Il y a aussi des gens comme Logan à la Mélodie, Kaiido Tropical, Purple Abolition, pour ne citer qu’eux.
Ce sont des gens avec qui on se tire vers le haut mutuellement, on va voir leurs concerts, ils vont voir les nôtres, ce sont des échanges et des affinités qu’on a développés avec beaucoup d’artistes. Je trouve que Bordeaux est une des villes les plus avantageuses quand on est musicien·ne, et je trouve ça dommage que certain·es artistes n’arrivent pas à émerger et à se faire connaître plus que ça quand on sait tous les énormes talents qui sont autour de nous.
Au-delà du rap et du rock, vous essayez de mêler plusieurs styles de musique différents. D’où est ce que vous tirez vos inspirations ?
Basile : Alors personnellement je trouve mes plus grandes inspirations dans le rap, surtout le rap US ; Kanye West, Nicki Minaj, Lil Uzi Vert, Travis Scott… Mais ces derniers temps il y a aussi des inspirations rock qui se sont mêlées ; YUNGBLUD, Arctic Monkeys… j’aime beaucoup ce style et que ça soit conscient ou inconscient je m’en inspire, et ça m’aide à m’affiner musicalement parlant.
William : C’est vrai que dans notre musique on a beaucoup d’inspiration rap et rock. Pour le reste je dirais juste qu’on est très ouvert musicalement. On essaie de faire de tout, on ne se met pas vraiment de limites, on aime beaucoup de styles de musique différents et on aime bien tout mélanger parce qu’on n’a pas envie de tout catégoriser. Au final ça donne le style WEB, c’est un peu différentes personnalités et différentes singularités qui forment le groupe donc on essaie de transmettre ça dans notre musique. Après, pour citer des artistes, personnellement j’ai beaucoup écouté Youv Dee durant une période de ma vie, beaucoup de rap français et US, mais aujourd’hui je suis plus dans une vague pop avec Olivia Rodrigo, Maggie Lindemann et Måneskin.
Elliott : J’ai grandi avec des influences très diverses ; que ça soit du classique, du rock, du métal, du folk…Aujourd’hui le groupe qui m’influence le plus c’est Bring Me The Horizon, mais l’artiste qui m’a fait découvrir un tout autre aspect de la musique c’est Machine Gun Kelly, qui est notamment très critiqué pour son changement de style du rap au rock, mais moi c’est quelque chose que j’admire ; être capable de faire ce qu’on aime et ce qu’on a envie de faire avant tout. Pour ce qui est du groupe, on essaie vraiment de faire de la musique en s’affranchissant des codes des différents styles, de faire quelque chose qu’on aime et qui nous ressemble.
Est ce que vous pouvez nous en dire plus sur vos futurs projets ?
William : Je pense que notre futur projet arrivera dans longtemps. Déjà pour une raison : on devra faire une petite pause de WEB, on a besoin de temps pour créer quelque chose de nouveau et de consistant. On doit se renouveler et créer plus, pour avoir à choisir la crème de la crème pour notre futur projet. Ensuite, je pense qu’on va vouloir prendre un peu de temps chacun de notre côté pour développer nos projets personnels, car à côté du groupe on a tous l’ambition de faire des projets en solo. Ceci étant dit, le groupe en tant que tel n’a pas prévu de s’arrêter définitivement à un moment ou à un autre, on a l’ambition de continuer à faire de la musique ensemble toute notre vie et on espère qu’on pourra amener ce projet le plus loin possible.
Elliott : Ce qui a donné une autre couleur à notre groupe par rapport à d’autres qu’on a pu croiser, c’est le fait que je nous ai toujours distingué en 3 entités très différentes, et je pense qu’on a un certain potentiel en solo également. On a à l’heure actuelle des opportunités folles pour nous et notre groupe, qui vont bien au delà de ce qu’on aurait pu imaginer à la base, et c’est entre autre la raison pour laquelle le groupe connaitra forcément des pauses, qui nous permettront de créer encore plus et de revenir plus fort.
Qu’est ce que vous écoutez en ce moment ? Auriez-vous des recommandations de tout genre pour nos lecteurs et lectrices ?
Basile : En tant que gros gros fan, je suis de nouveau dans une période où j’écoute tous les albums et tous les feats de Kanye West, mais j’ai récemment écouté l’album To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar que je trouve plus qu’excellent. Sinon je recommande « When The Sun Goes Down » des Arctic Monkeys et « Paradise » de LL COOL J, deux sons que j’ai énormément écouté et que j’adore.
Elliott : Un artiste que je recommande et que je trouve bien trop fort c’est NF, un rappeur américain. Sinon mes artistes du moment sont Bring Me The Horizon, Mac Miller et Dominic Fike. Mac Miller étant une inspiration personnelle de longue date.
Willliam : Moi j’écoute beaucoup Olivia Rodrigo, c’est-à-dire que ses deux albums tournent en boucle dans ma playlist. Une artiste rock féminine que je trouve très sous-cotée c’est Maggie Lindemann que j’ai déjà cité précédemment, pour moi c’est la nouvelle Avril Lavigne. Mis à part ça j’écoute un peu de chanson française : « Ne me quitte pas » de Jacques Brel.