5 films à aller voir au festival Cinémarges 2024

Le festival de cinéma LGBTQIA+ Cinémarges est de retour à Bordeaux pour une 19e édition du 31 mars au 8 avril. Avec cette année pour thème « L’activisme et l’amour », l’événement propose une grande diversité de films, courts-métrages, invité·es ainsi qu’un hommage à la réalisatrice étasunienne Barbara Hammer. Gros plan sur 5 films à découvrir lors de cette nouvelle édition.

Visuel : Pyrale Roxanne Gaucherand

Norvegian Dream de Leiv Igor Devold (Norvège-Pologne, 2023)

Robert, immigré polonais, travaille, depuis peu, dans une usine de poisson situé en Norvège afin de subsister à ses besoins et à ceux de sa mère, veuve et endettée. Il fera la rencontre d’autres immigré·es polonais, dont Mark, son colocataire, mais aussi et surtout d’Yvar, fils du patron de l’usine. Ce dernier veut être acteur. En attendant, il chante, danse – ou les deux à la fois – dans des spectacles de drag queen. Rapidement, Robert développe pour Yvar un intérêt qui transmutera en sentiment. Le film a pour ambition de traiter à la fois de cet amour naissant entre les deux hommes, avec de belles séquences d’intimité pleine d’intensité, mais aussi de présenter un fort discours social. Sur fond de cet amour, la grève gronde et finira par éclater et se répercutera sur la relation des amants.

Norwegian Dream est l’histoire d’un homme congestionné par la pression de l’hétéronormativité et celle de son rang social, condamné au plus dur travail, pour le plus faible salaire, tiraillé par ses attirances et par leur négation. Tiraillé aussi par ses principes et le besoin monétaire. Comme dans un conte cruel, Robert semble devoir renoncer à dix vœux pour en obtenir un, mais Yvar, pourrait bien représenter, pour lui, la possibilité d’un ailleurs, jusqu’alors inenvisageable.

  • Quand ? Jeudi 4 avril, 18h30
  • Où ? Cinéma Utopia, Bordeaux
}

Lover Other : the story of Claude Cahun and Marcel Moore de Barbara Hammer (État-Unis, 2006)

Lover Other sera cette année l’unique film de la programmation à être projeté au CAPC. Le film raconte l’histoire de Claude Cahun et Marcel Moore, deux artistes lesbiennes qui, dans les années 1940, ont vécu sur l’île Britannique Jersey où elles ont pu expérimenter diverse composition photographique proche du surréalisme, sans finalement jamais se revendiquer d’aucunes étiquettes. Moore et Cahun ont également milité contre le régime nazi qui a occupé l’île, à l’aide de prospectus appelant les soldats nazis à se soulever contre leur hiérarchie.

Dans la mesure où la réalisatrice du film Barbara Hammer est elle-même une artiste expérimentale, militante et lesbienne, elle était sans doute la plus à même de rendre hommage à ses ainées. Aujourd’hui, c’est d’ailleurs au tour de son œuvre d’être célébrée. Cette année, le festival Cinémarges lui consacre tout un pan de sa programmation avec la diffusion de deux autres de ces films : Nitrate Kisse et History Lessons. Se rendre au CAPC le dimanche 7 avril est donc une façon de rendre un hommage à deux générations d’artistes, femmes, lesbiennes, malheureusement aujourd’hui disparues, mais qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de l’art et celle du militantisme.

  • Quand ? Dimanche 7 avril, 15h
  • Où ? CAPC, Bordeaux
  • Pour compléter le cycle Barbara Hammer, la journée du mardi 2 avril lui sera consacrée avec un atelier à 18h, suivie des projections de Nitrate Kisse et History Lessons à partir de 20h30 au théâtre de La Lucarne, Bordeaux
}

Screaming Queen De Victor Silverman et Susan Styker (États-Unis, 2005)

« It was the first know instance of collective, militant, queer resistance to police harassment in United States history… » Cette phrase prononcée dans Screaming Queen résume parfaitement les événements historiques que ce documentaire présente. Cette histoire, c’est celle de Tenderloin, un quartier de San Francisco. Au cours des années 1960 on pouvait, au détour d’une rue, y trouver le Compton’s Cafeteria.  Ouvert toute la nuit, il s’agissait d’un véritable lieu de rassemblement des communautés queers, en particulier transgenres. L’espace est souvent perturbé par les forces de police. Humiliation et parfois même arrestations y seront subies principalement par des femmes transgenres. Jusqu’à ce jour d’août 1966, où à coup de cafés jetés au visage, de vitres brisées et de voitures brûlées, les victimes ont choisi de dire « stop ! ».

Le film est coréalisé par Susan Strycker, elle-même femme transgenre dans les États-Unis des années 2000. Elle s’interroge sur l’histoire de sa communauté, sur le chemin déjà parcouru et celui qui reste encore à accomplir avant l’acceptation et l’égalité. Dans le film, jamais Strycker et son coréalisateur Victor Silverman ne choisissent un ton grave et résigné. Le film est à l’image de ces intervenantes : joyeuse et combatif.

  • Quand ? Samedi 6 avril, 15h00
  • Où ? Bibliothèque Municipale de Bordeaux
  • Diffusion conjointe dans cette journée « activiste » » avec LE FHAR-Front Homosexuel d’Action révolutionnaire. Autres documentaires, datés de 1971, et qui traite, lui aussi, d’une révolte LGBTQIA+ ayant eu lieu quelque années après les événements de Screaming Queen, cette fois en France. La soirée sera ensuite clôturée par un débat sur le sujet « Ce que les luttes doivent aux trans » avec le collectif La Boite sous le lit et l’association trans 3.0 . Entrée libre.
}

Pyrale de Roxane Gaucherand (France, 2021)

Le film Pyrale sera présenté dans la sélection court-métrage. Le film situe son histoire quelque part dans la Drôme où la Pyrale du buis, une espèce de papillon, nuit aux habitant·s. À cause de leur surnombre, elle empêche les riverain·es de sortir le soir, forçant par exemple les restaurants à fermer. Surtout, la sur-présence de cette espèce provoque l’assèchement du buis, conduisant à des incendies. À bout, les habitant·es sont capté·es par la caméra de Roxane Gaucherand. En parallèle, le film raconte l’histoire de Lou qui, sans jamais vraiment se l’avouer, porte un intérêt bien plus qu’amical à son ami d’enfance, Sam.

Si la mise en perspectives de l’exaspération des villageois, dans un format témoignage/documentaire, et la relation entre Sam et Lou dans un format de fiction semble à première vue décorrélée, les deux sont au cours du récit subtilement et symboliquement liées. On en ressort avec une expérience poétique au sein d’une œuvre hybride, mais jamais informe.

  • Quand ? Vendredi 5 avril, 20h30
  • Où ? Cinéma Utopia, Bordeaux
  • Le film sera projeté au sein d’une collection composée de trois autres courts-métrages consacrés au lesbianisme dont le clip de la chanson « Break » de Maud Geffray également réalisé par Roxane Gaucherand. Les deux autres courts-métrages sont : La Tentation Du Panda Roux de Haiga Jappain et Queen Size d’Avril Besson. Les projections seront suivies d’une rencontre avec la réalisatrice Roxane Gaucherand.
}

20 000 Espèces d’abeilles de Estibaliz Urresola Solaguren (Espagne, 2023)

Initiative intéressante du festival, les projections dites « délocalisées ». Celles-ci consistent à proposer à plusieurs cinémas de Gironde de profiter d’une sélection de trois films projetés lors du ciné-club de Cinémarges. 

Les spectateur·ices ayant donc manqué sa projection à l’Utopia, pourront découvrir 20 000 espèces d’abeilles. Il s’agit du portrait de Coco. Enfant de 8 ans, elle est venue passer l’été avec sa mère, son frère et sa sœur chez sa grand-mère dans un village basque espagnol. Comme de nombreux·ses enfants, Coco se cherche. Plus que cela, elle se questionne aussi sur son genre : pourquoi devrait-elle rester garçon, au yeux des autres, si elle se sent fille ? À travers les corps des femmes de sa famille, qu’Estibaliz Urresola Solaguren filme sans concessions, l’enfant se questionnera sur son propre corps et son propre genre. Et comprendra, peu à peu, que l’un n’est pas un obstacle à l’autre.

  • Quand ? Jeudi 4 avril (Créon), Jeudi 11 Avril (Blaye)
  • Où ? Cinéma Max Linder, Creon, Cinéma Zoetrope, Blaye
  • Les séances seront suivies d’une rencontre avec les associations Trans 3.0 et Contact
  • À noter que la comédienne Sofia Otero, interprète de Coco, est la plus jeune comédienne de l’histoire à être récompensée de l’ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinade en 2023. Le tout à l’âge de seulement 9 ans.
  • Les deux autres films décentralisés seront Levante de Lillah Halla, le mardi 9 avril au cinéma d’Andernos et le mercredi 10 avril au cinéma de Montségur ; ainsi que Sans Coeur de Nara Normande et Tiao, le mardi 13 avril au cinéma de Blanquefort.
}