5 films à voir au FIFIB 2023

Révélations, transformations et imaginaires sont quelques-unes des pistes explorées dans cette nouvelle édition du FIFIB, le Festival International de Film Indépendant de Bordeaux du 18 au 23 octobre 2023. Présentation de cinq d’entre eux à voir lors du festival, entre audace et mutation.

La Vénus d’Argent de Héléna Klotz

Après L’âge atomique, son premier film très remarqué et plusieurs fois primé, et le court-métrage Amour Océan présenté l’année dernière au FIFIB, la française Héléna Klotz revient cette année avec son nouveau long métrage, La Vénus d’Argent. Jeanne, 24 ans, vit à l’intérieur d’une caserne de gendarmes, entourée de ses jeunes frère et sœur et d’un père rugueux. Désirant échapper à ce monde dont elle se sent prisonnière, elle choisit de se lancer dans l’univers du trading international et des analystes « Quant ».

Si les deux premiers films de la réalisatrice nous faisaient part du désir et de la perception esthétique du monde par ses personnages entre adolescence et âge adulte, l’héroïne de La Vénus d’Argent, elle, est toute déterminée à y prendre sa place. Interprétée par Claire Pommet, connue sous son nom de scène Pomme, cette jeune femme androgyne est hors des normes de genre et hors du sérail de certaines élites. Et même si elle désire passer dans ce monde périlleux des Quant dont elle n’a pas les codes, elle reste singulière et quelque peu inadaptée.

Grâce à une mise en scène à la fois fluide et photographique, la réalisatrice Héléna Klotz joue sur le rythme, alternant un déroulé rapide de l’action et de plus longues séquences, renvoyant à l’espace mental de sa protagoniste. Une héroïne contemporaine qui au delà d’une apparente distance ou d’une simple ambition personnelle, affiche sans détour qui elle est, et ce qu’elle compte bien réussir.

  • À voir le vendredi 20 oct. à 19h15 (Utopia) et le samedi 21 oct. à 17h00 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta)
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The Hypnosis de Ernst de Geer

Véra et André forment un jeune couple d’entrepreneur·euses, modèle et moderne. Ils lancent ensemble une nouvelle application sur la santé féminine. Pourtant, alors qu’elle a décidé d’arrêter de fumer par l’hypnose, le caractère de Véra semble avoir été modifié. Car suite à l’expérience, elle apparait de plus en plus désinhibée. André ne reconnait plus sa femme. Comment va-t-il réagir ?

Telle est la question que se pose le suédois Ernst de Geer dans son premier long-métrage, The Hypnosis. Et pour y répondre il ne lésine pas sur la plongée dans un malaise de plus en plus grinçant. Cette femme qui est toujours restée polie, gentille, disciplinée, refuse maintenant de sourire, réagit vraiment, attaque et cela « terrifie son partenaire », pourtant loin du mâle alpha dominant. Peu à peu, André qui se croit en accord avec lui-même, se fourvoie dans les faux-semblants. Et celle qui « a changé », sa femme Véra, revient à ses émotions premières, longtemps refoulées. The Hypnosis inverse les rôles, dans un jeu de miroir pervers et étourdissant jusqu’à la scène finale.

  • À voir le jeudi 19 oct. à 21h30 (Utopia) et vendredi 20 oct. à 14h00 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta)
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Toll de Carolina Markowicz

Révélée l’an dernier avec son premier film Charcoal au festival de Toronto, la brésilienne Carolina Marcovicz revient cette année au FIFIB 2023 avec une comédie acide, Toll (Pedágio). Suellen, qui travaille dans une cabine de péage (« toll » en anglais), décide de s’allier au trafic d’un gang de voleurs, pour maintenir à flot sa famille dans le besoin. N’acceptant pas l’orientation sexuelle de son fils gay, elle envisage alors d’utiliser cet argent pour financer une couteuse thérapie de conversion, proposée par un prêtre renommé.

Dans un décor étrange d’usines et d’échangeurs routiers perdus au milieu de la nature, le film explore différentes thématiques. La vie d’une femme, mère célibataire qui doit se battre pour élever son enfant, et sa relation à un fils qui s’émancipe, à l’orée de l’âge adulte. Il dépeint aussi l’omniprésence de la religion et le poids de la délinquance.

Mais plus centré sur le personnage de la mère, la mise en scène dévoile avec complexité les multiples contradictions d’une femme, soumise à une société intolérante et hypocrite. Toll confronte ainsi l’émancipation d’un fils à l’acceptabilité de sa mère. Un fils, qui lui, semble déjà bien lancé sur sa voie.

  • À voir le dimanche 22 oct. à 20h30 (Utopia) et lundi 23 oct. à 17h00 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta)
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Le Vourdalak de Adrien Beau

Perdu au milieu de la foret, le marquis d’Urfé, émissaire du Roi de France, trouve refuge auprès d’une étrange famille qui attend dans l’angoisse le retour du père. À moins que ce ne soit, au terme du sixième jour, le « maudit Vourdalak ». Le réalisateur de ce film étrange et hors-norme, Adrien Beau, est sculpteur de formation, a étudié les arts du spectacle, a ensuite été designer dans la mode et a déjà mise en scène une pièce de théâtre. Ceci expliquera surement les dimensions multiples de son premier film, Le Vourdalak, conte gothique jouant sur les codes du théâtre, de la transformation des corps, de la peur et de la fascination de créatures à la fois envoutantes et monstrueuses.

Tourné en pellicule 16 mm, le film revendique son côté artisanal et minimaliste, préférant le vampire de Murnau à celui de Coppola, dans l’ambivalence imaginaire et fantomatique de ses personnages. Librement inspiré d’une nouvelle d’Alexeï Tolstoï, Adrien Beau ajoute aussi sa touche personnelle et contemporaine en s’affranchissant de certains codes de l’époque. Il développe ainsi le rôle de personnages féminins comme celui de Svenska, interprétée par la fascinante (et inquiétante) Ariane Labed.

  • À voir le samedi 21 oct. à 21h30 (Utopia) et dimanche 22 oct. à 14h15 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta)
https://www.youtube.com/watch?v=6iXMnhLVsSE
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After de Anthony Lapia

Petit budget mais réel impact à venir pour ce film présenté dans la section « En Contrebande » du FIFIB 2023. Évoluant dans la juxtaposition de deux huis-clos hédonistes et intimes, After s’articule entre le rythme obsédant et le kaléidoscope de visages d’un petit club de techno underground, et le calme, la profondeur des échanges que se livrent dans le secret d’une chambre, Félicie et Saïd, tout justes rencontrés au cœur de la nuit.

De cette nuit sonore vue comme un espace de liberté face à un monde conventionnel ou contraint, des visages et des corps s’échoppent et s’interpellent. Mais ils reflètent aussi, en même temps que leur besoin d’exulter, une certaine réalité sociale et politique que le réalisateur Anthony Lapia choisit de ne pas cacher. Elle apparait furtivement, mais dès le départ, car elle définit en partie ses protagonistes. Ainsi, sous le dôme des pulsations des basses techno, dans l’intimité d’une chambre, deux êtres se confrontent, entre idéalisme et pessimisme, comme deux idées défendues par des personnages antagonistes, qui pourtant, le temps d’une nuit, s’agrippent l’un à l’autre et se dévoilent.

  • À voir le jeudi 19 oct. à 21h00 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta) et vendredi 20 oct. à 14h15 (Utopia)

Après l’aurore de Yohann Kouam

Après des études de cinéma en Belgique et de langues en France, Yohann Kouam voyage et vit à Barcelone, Séville et Berlin. De ce nomadisme, il tire un goût des cultures et de l’exploration de la vie des êtres, qu’il fait se rencontrer dans des lieux aux frontières indéfinies. S’attachant ainsi à rendre palpable les perceptions sensibles des pensées intérieures de ses personnages, il développe dans ses films une approche sensorielle et intime. Dans Après l’aurore, présenté dans la section courts métrages, trois âmes solitaires tâchent d’appréhender le monde nouveau qui les entoure, et découvrir comment y façonner leur propre vie.

  • À voir le vendredi 20 oct. à 17h00 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta) et samedi 21 oct. à 11h15 (UGC Ciné Cité Bordeaux Gambetta)
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