Début juillet, le week-end du 6-8, on s’est rendu pour la première fois au festival Astropolis. L’occasion de s’extraire du Sud Ouest et d’aller explorer un rendez-vous qui convie depuis 24 éditions la fine fleur de la scène électronique mondiale. Petit résumé d’un pèlerinage en terres bretonnes, entre forêt enchantée, rythmiques musclées et territoire valorisé.
Crédit photo : Axel Fontaine
Un festival bien ancré sur son territoire
Comme on l’expliquait dans notre présentation d’Astropolis, l’ancrage territorial d’un festival est une dimension essentielle. Celle-ci lui confère une légitimité auprès de ses habitants tout en l’inscrivant dans un circuit et des réseaux locaux indispensables à sa bonne tenue et à sa réussite. Certaines grosses machines de l’industrie font le choix inverse. Ils s’implantent sur une zone géographique sans prendre en compte la réalité du tissu économique ou associatif local et, avec leurs gros sabots, se contentent de programmer des gros noms et d’afficher des tarifs prohibitifs. La récente polémique sur l’arrivée de Live Nation et de son festival Tomorrow Land dans les Alpes Duez est une illustration flagrante de ce genre de dérives.
Astropolis s’inscrit à rebours de cette logique. Depuis sa première édition en 1995, le festival s’est entouré de l’ensemble des acteurs du terrain et propose chaque année un événement inclusif qui convie l’ensemble du pays de Brest et de Navarre à la fête. La première soirée de cette 24ème édition illustre bien cette volonté, puisque le festival, sans jamais faire cavalier seul, met à contribution deux des principales salles de la ville ; La Suite (avec un line up musclé avec notamment Peter Van Hoesen) et La Carène (pour les 30 ans du Rex Club, avec sa résidente Molly et le nouveau live d’Agoria entre autre). Contents de découvrir deux spots musicaux, on ne s’attarde malgré tout pas éternellement : il faut être en forme pour le lendemain.
Journée rythmée…
La journée du samedi est ponctuée de différents événements qui forment une sorte de circuit dans toute la ville. Le défi ? Enchaîner au mieux pour ne rien louper. On commence donc par une croisière avec le collectif local TBD. Celui-ci propose un embarquement en port de Brest et un voyage (non-sonorisé malheureusement pour problèmes techniques) d’une vingtaine de minutes. Direction le Tapecul, un rade de Plougastel avoisinant Brest. À l’arrivée de la traversée, on est accueilli par la joviale équipe du bar sur le ponton qui nous sert un punch bien chargé, parfait pour entamer les festivités. Sur place, les platines sont installées en terrasse et le son résonne déjà. La team de TBD se succède derrière le booth pour un mélange de techno et de micro house sans prétention mais bien calibré. Crêpes bretonnes et bières locales sont proposées tandis que le public s’éparpille, la tentation de se prélasser sur la plage étant forte.
Grâce à une bonne âme, on repart en ville en fin d’après-midi en voiture pour aller assister à Beau Rivage, institution de la partie journée d’Astropolis. Là-bas, le public est présent en masse et la bonne ambiance est de mise. Une grosse fête en open air en plein cœur de Brest : parfait pour se préparer pour la suite. On regrette juste l’annulation d’Or:la qui a eu des problèmes d’avion. On se rattrape avec Zaltan, le boss d’Antinote aux sélecta toujours impeccables. Après s’être rassasiés, on se dirige tranquillement vers les navettes, passage obligé pour se rendre sur le spot nocturne plein de promesse : le bois de Keroual.
… et nuit enchantée
Arrivés sur place en bus aux alentours de minuit, on traverse la forêt pendant une bonne dizaine de minutes avant d’arriver au cœur du festival. L’expérience, singulière, est très agréable et l’immersion est totale. Le cadre est incroyable et les souvenirs du documentaire de Sourdoreille sur Manu le Malin et son lien étroit avec le festival remonte à mesure qu’on découvre l’étendu du festival et la beauté de son site. On jette un coup d’œil à la fameuse scène de la Cour du Manoir où JASSS est déjà en train de foutre un sacré feu. Après avoir chopé quelques tokens, on se dirige vers la nouveauté cette année à Astropolis : la scène du Red Bull Music Boom Bus.
On loupe Ramzi (dommage) et Shelter s’affaire d’une belle manière pour mettre l’ambiance sur une scène pas encore très bien identifiée par le public. Petit tour du propriétaire : Madben et son live solide sont suivis par un gros set de Nina Kraviz sur la scène Astrofloor. La scène Mekanik est une expérience à part entière avec un line up qui toute la nuit ne fera aucune concession (entre techno, hardcore voire gabber). Le Dôme est également artistiquement intéressant par sa dimension immersive et sa programmation artistique avec une belle flopée d’artistes émergents au poil (CZR, 440HZ, SZ, Unklevon…). On repasse à La Cour où, là-aussi, on a le droit à une prestation énergique et énervée avec l’étoile techno Dax J puis le trio LSD (Luke Slater, Function et Steve Bicknell) qui envoi bombes sur bombes.
On retourne finalement sur la scène la plus intimiste du festival, celle du bus Red Bull Music où le back-to-back le plus cool du festival a commencé : celui entre Zaltan (déjà croisé dans la journée) et le lyonnais Sacha Mambo. Ces deux diggers hors-pairs enchaînent pépites sur pépites et parviennent in fine à rameuter un beau monde sur leur dancefloor, sous les arbres. La fin de soirée se fera entre l’Astrofloor où Laurent Garnier rassemble une grosse partie des festivaliers et La Cour où toute la soirée les lumières et la scéno nous ont bien fait voyager. Sans vraiment nous surprendre, le tonton de la scène techno hexagonale parvient malgré tout à conserver une cohérence qui lui est propre et semble convaincre la plupart des derniers survivants (il est 7 heures du matin). Après l’avoir écouté droppé l’obus « Your Mind » d’Adam Beyer et Bart, on se dirige vers la sortie, épuisés.
On ne reviendra pas le lendemain, même si les plus courageux et téméraires pourront festoyer jusqu’au petit matin au Vauban en compagnie de The Driver (aka Manu le Malin) notamment. Fatigués mais des souvenirs plein les mirettes, on repart à la maison heureux d’avoir découvert un tel repère enchanté en pleine forêt, un public aussi bienveillant et une organisation sans fausses notes. On souhaite une belle route à Astropolis qui a déjà accompli un beau parcours. Et à l’année prochaine, bien entendu.