Les flux d’énergies de Vibeke Mascini au CAPC

Depuis la fin du mois de mars et jusqu’au 28 septembre prochain, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux propose Le monde est un verbe ; une plongée dans l’univers intriguant de Vibeke Mascini. Une exposition immersive qui rassemble les œuvres récentes de l’artiste néerlandaise, pensées entre 2020 et 2025, autour d’un sujet central : l’énergie.

Crédit photos : Arthur Pequin

Le monde est un verbe marque une première pour Vibeke Mascini. C’est la première « exposition institutionnelle d’envergure » de l’artiste. Entre poésie visuelle et réflexions sur les questions écologiques, elle y explore notre manière d’interagir avec l’environnement, en mettant en scène des œuvres qui interrogent autant qu’elles fascinent. L’artiste s’intéresse aux flux invisibles qui traversent notre monde, aux transferts d’énergie, à ce qui circule, transforme, se recycle. L’occasion de découvrir l’œuvre féconde et stimulante d’une artiste aux inspirations et supports multiples.

Énergie, électricité, cycle de transformation : l’œuvre de Vibeke Mascini

Née en 1989 aux Pays-Bas, Vibeke Mascini est artiste et autrice. Partageant son temps entre l’Europe et le Mexique, ce va-et-vient nourrit ses réflexions sur des questions d’ordre globales : l’énergie, la matière, la décomposition, le vivant. Des sujets qu’elle explore à l’aune de l’hybridation des disciplines, notamment en mêlant les approches artistiques et scientifiques. Au fil de ses œuvres, elle construit des installations, fabrique des sculptures, écrit aussi beaucoup, collaborant régulièrement avec des scientifiques ou des ingénieurs dans cette conceptualisation. Ce mélange de formes donne à son travail une richesse particulière : chaque œuvre est à la fois visuelle, intellectuelle et sensorielle.

Vibeke Mascini a un vrai goût pour l’électricité. Pas simplement comme une source d’énergie. Elle l’envisage comme un symbole de vie, de mouvement, de lien entre les êtres et les choses. Elle s’intéresse à son histoire, à ce qu’elle dit de notre rapport au monde, et imagine aussi ce qu’elle pourrait être amenée à devenir.

Une autre facette centrale de son travail, c’est le cycle de transformation. Comment ce qui meurt ou se décompose peut redevenir énergie ? Elle utilise ainsi des matériaux organiques, parfois des déchets, des dispositifs électriques simples ou complexes, des textes… Et compose des œuvres qui invitent à réfléchir aux traces qu’on laisse, ce qu’on transforme, ce qu’on transmet.

Une exposition qui fait vibrer la matière

Avec Le monde est un verbe, le CAPC donne à voir une sélection cohérente et forte du travail de Vibeke Mascini. Des œuvres récentes, ainsi que quelques pièces revisitées, toutes tournées vers l’idée que le monde est en mouvement constant. Rien n’est figé, tout se transforme. Ses installations présentées au musée bordelais font dialoguer des matériaux bruts (terre, os, métal) avec des systèmes électriques ou mécaniques. Pas besoin d’être expert·e pour y trouver du sens : on comprend les liens à établir avec le monde qui nous entoure, le Vivant, la technologie, les cycles.

Ce qui frappe dans l’œuvre de l’artiste néerlandaise et ce qu’elle présente au CAPC, c’est cette alliance entre une simplicité formelle – lignes épurées, objets posés dans l’espace – et la densité des idées. Le tout sans tomber dans une forme de discours inaccessible, décorrélé du réel. Vibeke Mascini crée des œuvres qui laissent de la place au doute, à la réflexion, à la rêverie. Dans un contexte où les questions d’énergie, de ressources et de protection de l’environnement prennent de plus en plus de place dans le début public, Le monde est un verbe tombe à pic. Sans donner de leçon, l’exposition ouvre des pistes et rappelle la nécessité de penser et panser notre rapport au monde en croisant les perspectives et les approches, artistiques et scientifiques.