« Laver les ombres » de Jeanne Benameur

Critique du roman « Laver les ombres » de l’auteure Jeanne Benameur sorti en 2008 chez Actes Sud.

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Quand les mots ne viennent pas spontanément, qu’on ne vous a pas appris à vous exprimer par la parole, il vous reste votre corps. Et ça, Léa l’a bien compris. Tout commence par un appel de Romilda qui inquiète Léa. Sa mère n’a jamais su exprimer quoi que ce soit, c’est pourquoi Léa sait reconnaître les signes d’un appel inhabituel. Quelque chose est amorcé : le moment est venu des questions qu’on ne pose pas mais qui permettraient pourtant de comprendre ce qu’elle n’a jamais compris.

Alors revient à Léa tous ces souvenirs d’enfance, indices potentiels pour la compréhension de cette relations muette qui l’a toujours reliée à sa mère.

«  Quand Léa ne travaille pas dès le lever, juste après le premier café, ça ne lui vaut rien.

Il lui faut saisir la façon dont son corps va s’articuler au monde avant que la journée ne commence. Seule, dans le jour qui vient, par des exercices répétés, elle tisse ses liens avec l’air. Une grammaire sensible, improbable, à ré expérimenter chaque matin.

Elle s’oriente. »

Tout au long de ce magnifique roman, le récit alterne entre souvenirs d’une mère meurtrie par un passé compliqué et le présent, l’impact de ce passé sur la vie de sa fille, Léa. Ce mélange entre passé et présent permettra alors petit à petit de recomposer le puzzle dont certaines pièces manquaient depuis tant d’années à Léa pour qu’elle puisse y voir plus clair.

Puisque les mots manquaient, conséquences de non dits, Léa a appris une autre langue, celle de la danse et c’est ainsi que, plutôt que de mettre des mots sur ses émotions, la protagoniste y mettra des gestes, plus précisément des chorégraphies : la danse est son dialecte et celui ci nous touche. Jeanne Benameur nous emmène et réussit à nous parler au travers de ce dialecte inhabituel.

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