Exposition « Sauvages » par Julie Portal et Charlotte Sz

Le 13 avril dernier a eu lieu le vernissage de « SAUVAGES » aux Glacières de La Banlieue, exposition réunissant deux artistes plasticiennes bordelaises, Julie Portal et Charlotte Szymendera, ayant en commun le travail du métal. Une plongée dans leur art brut et hybride, où se mêlent voyages, féminité, et démesure.
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Le Type : Bonjour Julie et Charlotte, comment vous êtes-vous rencontrées ?

Charlotte : Nous nous sommes rencontrées aux Vivres de l’Art. Julie y avait son atelier avec son collectif LCDC (Les Chattes du Cimetière) depuis 2008. Moi je suis arrivée vers 2010 pour faire un stage avec Jean-François Buisson, et j’ai pu y rencontrer les acteurs et artistes du lieu. Julie et moi avons directement lié des liens d’amitié mais jusqu’à présent nous n’avions encore jamais travaillé ensemble.

Comment en êtes-vous venues à monter ce projet d’exposition commune ?

Julie : C’est avant tout parti d’un délire de copines. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble, et en septembre dernier nous sommes allées à une exposition dans ce lieu, Les Glacières de la Banlieue, qui est de base un cabinet d’architecte, situé dans le quartier de Caudéran. On m’a alors proposé d’y exposer mes œuvres, et je me suis dit : « pourquoi pas me lancer dans un projet avec Charlotte ? ». L’idée était de reprendre nos travaux respectifs et de créer une œuvre en commun spécialement pour le lieu, avec une scénographie qui permette à nos différents travaux de se confronter, et de répondre à une intention commune.

Quelle était l’intention de ce projet ?

Julie : Premièrement, il y a une part de féminité, plus ou moins sous-entendue, car nous sommes deux femmes qui travaillons le métal, ce qui est plutôt assez atypique pour une pratique qui est habituellement réservée aux hommes. Autant dans notre façon de travailler que dans le rendu final, de la conception à la réalisation, il y a une façon féminine, même si le travail, lui, reste ultra masculin.

Charlotte :  Nous avons aussi toutes les deux des thèmes assez ethniques qui peuvent se répondre par le biais de cette exposition. L’œuvre commune est la coiffe indienne, qui est un assemblage de nos deux compétences et reste totalement dans le thème ethnique.

Votre façon de travailler a-t-elle changé pour cette exposition ?

Charlotte : Nous n’avons pas forcément changé notre façon de procéder, mais nous avons assemblé nos compétences.

Julie : La façon dont on travaille le métal est très différente. Nous avons mélangé nos techniques pour la pièce commune, chacune prenant le pas sur une chose etc, tout cela s’est fait très naturellement.

Vous aviez déjà exposé vos œuvres lors de Transfert 5 à Casteja en 2015 ; comment ça se passait à cette époque ?

Julie : On était déjà potes, même avec les graffeurs, c’est une famille.  Tout Transfert c’est une famille d’artistes, on est tous devenus comme frères et sœurs. J’avais déjà bossé avec Odeg (Les Frères Coulures), avec qui j’avais fait une association sur une pièce ou encore Marion des LCDC, mais c’est vrai qu’avec Charlotte on s’était toujours côtoyées et nous n’avions jamais pris cette décision de vraiment faire quelque chose ensemble.

Charlotte : Je pense que c’était le moment venu, avec les techniques qui aboutissent au fil des années et qui nous donnent un rendu plus qualitatif que si nous avions commencé à cette époque là.

 

Comment c’était le travail à deux ?

Julie : Charlotte m’a donné l’énergie pour travailler à deux, et c’est plaisant de travailler avec quelqu’un pour cela. J’ai fait des expos toute seule, je fais de grosses pièces qui sont quand même assez lourdes en terme de poids, et là de se retrouver à deux ça donne une dynamique, une force. Quand l’une de nous deux baisse en régime, l’autre est là pour prendre le relais et c’est super plaisant. On s’est aussi bien trouvées toute les deux, car en dehors de tout ça, nous sommes super copines, mais ça ne fonctionne pas forcément comme ça dans le travail.

Comment pourriez-vous traduire vos œuvres ?

Charlotte : Par la nature premièrement : j’ai toujours été fascinée par les animaux, je les étudie, ainsi que les mouvements qu’ils génèrent. Les origamis que je crée le reflètent très bien, les poses que j’utilise ne sont pas anodines, ce sont souvent des poses où ils sont surpris, comme à l’état sauvage. C’est aussi une étude anatomique.

Julie : Je dirais l’énergie, que l’on a en commun, mais pour moi c’est plus l’énergie dans l’idée de la confrontation avec la matière. Je vois vraiment ma pratique artistique comme un combat, je ne sais jamais si c’est moi qui vais gagner ou le matériau. A un moment donné tu vas lâcher prise, tu vas laisser agir la matière car tu ne pourras pas la tordre ou autre finalement.

 

« Je vois vraiment ma pratique artistique comme un combat, je ne sais jamais si c’est moi qui vais gagner ou le matériau. »

Pourquoi représenter des Gris-gris ou Totems à grande échelle ?

Charlotte : C’est intéressant de grossir des objets qui sont à la base minimisés, cela les rends plus visibles, leur redonne plus de valeur. Le Totem lui est représenté sous forme animale dans certaines cultures et tribus.

Julie : C’est mettre en avant, redonner un sens à l’objet et à sa culture. C’est pour cela aussi que cette exposition s’appelle SAUVAGES : on vient croiser des cultures, des sens, et dans l’histoire de la femme le bijou est quelque chose d’assez intemporel, cela peut traverser les âges. En fait, nous sommes en plein dans le thème de l’humanité et ses origines, avec un mélange d’influences et de connaissances, sans forcément représenter une ethnie en particulier.

Est-ce que tout cela ne traite pas simplement de la folie ?

Julie : Oui, on peut dire clairement que ça vient de la folie (rires) ! Autant dans l’idée de création que dans l’installation, qui pour certaines pièces a pris plus de deux semaines. Donc c’est s’infliger des choses mais pour obtenir un résultat important à mes yeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • L’exposition Sauvages est visible jusqu’au 15 juin aux Glacières de la Banlieue (121 Avenue Alsace Lorraine, 33200 Bordeaux)
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