Cette semaine on sort du placard un vieux classique qui se dépoussière avec toujours autant de plaisir ! Saut dans le temps à travers le Bordeaux de 1986, entre la place Meynard, le Jardin Public et les ruelles d’époques : monter dans le manège infernal de Francis Veber avec Pierre Richard et Gérard Depardieu aux commandes.
La vie est dure pour François Pignon (Pierre Richard), papa désespéré qui décide un beau jour de rassembler tout son courage pour opérer son premier braquage de banque. Au même moment, Jean Lucas (Gérard Depardieu) fini de purger ses 5 ans de prison pour hold up et autres magouilles, et choisi d’inaugurer sa nouvelle vie d’homme libre en ouvrant un compte…Dans la banque en question. Vous le sentez venir ? Mauvais endroit, mauvais moment, mauvaise pioche. L’ancien truand devient l’otage d’un criminel brinquebalant, et nous propulse dans le bal fou des comédies géniales, drôles et légères. On ajoute à ça trois bonnes raisons de voir (ou revoir ! ) Les Fugitifs, juste parce que ça fait du bien.
L’évidence Richard/Depardieu
Dans Les Fugitifs, le duo n’en est pas à sa première collaboration. Francis Veber (La Cage aux folles, Le dîner de cons et bien d’autres) sait qu’il joue ses meilleures cartes en mettant en scène deux acteurs truculents qu’on ne présente plus. Pour l’anecdote, on dit du tournage qu’il était cauchemardesque pour le réalisateur, désespéré et dépassé par leurs frasques. Pierre Richard, qu’ARTE considère comme l’un des « derniers grands acteurs burlesque français » est en terrain connu dans son rôle de bandit maladroit. Comme monté sur ressort, il incarne ce clown éminemment grotesque sans arrêt en conflit avec son environnement. Il tombe, dérape, glisse, se relève, retombe, s’emmêle, se démêle… Les mots n’ont pas trop de sens et les grands gestes sont légions ! Face à lui, Gérard Depardieu, le voyou, le sérieux, le professionnel au cœur tendre. Apitoyé par l’incompétence de son ravisseur, il se retrouve sans vraiment le vouloir à l’entrainer dans un buddy movie effréné entre cavalcades et catastrophes.
Une farce jubilatoire
La comédie est ici poussée jusqu’à la farce, on y enlace burlesque et pittoresque dans un joyeux mélange du rire où on retrouve le charme extravagant des personnages de films muets. Entre un Gérard Depardieu parfois exécrable sous le bistouri d’un vétérinaire gâteux, parfois attendri devant une petite fille silencieuse et un Pierre Richard en cavale aussi touchant que touché, l’histoire pourrait être vraisemblable. Mais chaque scène est régie par un florilège d’étourderies, de maladresses, de quiproquos intenables qui donne à la bêtise la consistance suffisante pour ne pas basculer dans la puérilité. Pouvait-on s’attendre à moins de la part de deux pontes de la comédie ?
Virée bordelaise
Balloté dans la fuite des fugitifs, c’est Bordeaux pressée qui se découvre, 40 ans plus tôt, lorsque les façades étaient encore sombres et la rue Sainte Catherine à peine piétonne ! Plaisir de traverser la Galerie Bordelaise sous son meilleur jour, ou de sentir l’effervescence familière du marché place Saint Meynard. On déambule dans le Jardin Public, on entre dans la bijouterie Mornier sur Sainte Catherine, et on découvre que la banque où à lieu le braquage à Saint Michel abrite aujourd’hui un salon de thé.
Il faut croire que parfois l’humour voyage avec le temps et ici les années 80 ne semblent pas si loin que ca. Les Fugitifs a résolument bien vieilli, et offre une fusion espiègle des talents pour une course poursuite jubilatoire.
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