Les défis liés à l’organisation d’événements, avec La Superlative

Le collectif bordelais La Superlative revient sur un de ses événements organisés pendant la Fête de la musique qui n’a pas porté ses fruits. L’occasion d‘évoquer les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre d’un tel projet et d’envisager des pistes pour la suite. Entretien.

Créé en décembre 2022, le collectif La Superlative organise des événements en lien avec les cultures électroniques à Bordeaux. Ses membres défendent une diversité musicale en conviant au sein de différents lieux de la scène bordelaise des artistes aux profils singuliers, comme par exemple Emma B à la Salle des Fêtes du Grand Parc.

Récemment, le collectif a organisé un événement dans le cadre de la Fête de la Musique à Bordeaux. Dans un contexte local chargé en propositions, la soirée a peiné à rencontrer son public. Pour comprendre les défis et difficultés liées à la mise en place d’une telle manifestation, Alex, son fondateur, revient pour Le Type sur les enseignements qu’il tire d’une telle soirée.

Le Type : Avec le recul, qu’est-ce qui a fait que la soirée du 21 juin n’a pas rencontré son public ?

Alex (La Superlative) : Pendant plusieurs semaines après l’événement, j’ai cherché à comprendre pourquoi notre soirée n’avait pas fonctionné. Notamment parce que, ce même soir, beaucoup d’autres propositions à Bordeaux ont rencontré un vrai succès. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette faible affluence.

D’abord, la configuration technique prévue n’a pas pu être respectée. Nous devions proposer une immersion quadriphonique avec notre système Funktion One, mais certaines enceintes avaient été réquisitionnées par les experts des assurances à la suite de l’effondrement d’un chapiteau lors du festival Madame Loyale. Cela nous a empêchés de maintenir le format 360° intimiste que nous affectionnons tant. Cette situation nous a contraint à installer une grande scène, impressionnante mais souvent dissuasive lorsqu’elle reste vide.

Ensuite, selon les commerçant·es du quartier, le Parvis des Frères Pouyannes attire traditionnellement peu de public lors de la Fête de la Musique. Cela a sans doute joué en notre défaveur. Enfin, notre communication a été insuffisante. Nous pensions que l’événement, porté par le simple nom de la Fête de la Musique, suffirait à attirer un large public. Nous nous sommes trompés : la concurrence était forte, les « grands » collectifs avaient massivement communiqué, et il s’avère particulièrement difficile de capter l’attention des publics ce soir-là sans faire de réel effort de promotion.

L’événement s’est soldé par un déficit de 8 000 euros. Un véritable coup dur pour l’association.

Alex (La Superlative)

Quels étaient vos objectifs pour cette soirée et quels ont été les résultats ?

Nos ambitions pour cette soirée étaient élevées. La déception n’en a été que plus grande. La production représentait un investissement considérable, que nous comptions en partie amortir grâce aux ventes de boissons. Malheureusement, celles-ci n’ont pas été au rendez-vous. L’événement s’est soldé par un déficit de 8 000 euros. Un véritable coup dur pour l’association.

En quoi cette expérience remet-elle en question votre manière de penser, organiser ou de programmer vos futurs événements ?

Nous étions dans une phase très dynamique pour l’association, d’autant que nous venions de réussir une grande soirée chez Alriq. Cet échec a donc été l’occasion d’une vraie remise en question. J’ai compris qu’il n’était pas simple de déléguer certaines tâches et que, si je voulais qu’elles soient menées à bien, je devais moi-même y consacrer du temps et de l’énergie.

Pour un collectif, la communication est un axe essentiel.

Alex (La Superlative)

Quelles leçons concrètes avez-vous tirées de cette soirée ?

La principale leçon que nous retenons de cet échec est claire : pour un collectif, la communication est un axe essentiel. Sans visibilité et sans affluence, une soirée ne peut tout simplement pas exister.

Comment abordez-vous désormais vos prochaines soirées ?

Nous préparons notre prochaine soirée avec une certaine appréhension, car nous n’avons plus le droit à l’erreur sur le plan financier… Cette fois, il nous faudra redoubler d’efforts et de travail pour assurer une vraie visibilité.

Quels sont ces projets à venir pour la suite et tourner la page ?

Notre prochain projet immédiat est une co-production avec Bien Public, où nous aurons l’honneur d’inviter Tijana T, une artiste serbe que j’apprécie énormément. Ce sera le vendredi 19 septembre, de minuit à six heures du matin, pour notre toute première soirée au format club. Ensuite, le vendredi 3 octobre, nous accueillerons Maison Blanche chez Alriq. Puis, le 14 novembre, ce sera au tour de Rebekita de se produire à la Salle des Fêtes du Grand Parc.