Entretien avec le collectif La Superlative, « entité éco-consciente »

Samedi 9 novembre, le collectif bordelais La Superlative invite l’artiste Emma B à la Salle des Fêtes Bordeaux Grand Parc. L’occasion de poser quelques questions à Alex, membre de cette entité de la scène électronique locale. Sa dimension « éco-consciente », sa vision sur la vie nocturne bordelaise, son prochain événement : rencontre.

Le Type : Peux-tu commencer par présenter La Superlative ?

Alex (La Superlative) : La Superlative est une entité éco-consciente, comme nous aimons la décrire. Il s’agit d’un collectif de DJ spécialisés en musiques électroniques, engagé activement pour la protection du climat et de la biodiversité. Le choix du nom « La Superlative » reflète notre conviction que l’on peut faire beaucoup avec peu, tout en créant de la beauté.

Nous voulons prouver qu’il est possible d’organiser des soirées réussies sans avoir à faire venir des DJs en avion depuis l’autre bout du monde pour un set de deux heures.

Alex (La Superlative)

Nous voulons prouver qu’il est possible d’organiser des soirées réussies sans avoir à faire venir des DJs en avion depuis l’autre bout du monde pour un set de deux heures, ni investir dans des scénographies à plusieurs milliers d’euros. À travers nos événements, nous souhaitons montrer qu’une sobriété heureuse est non seulement envisageable, mais aussi nécessaire. Nous sommes en pleine crise climatique et face à un effondrement de la biodiversité, mais il n’est pas trop tard pour agir.

Chaque petit geste compte et nous sommes très heureux d’avoir pu nous associer à Greenpeace Bordeaux pour parler de leurs combats et actions dans la région. Par ailleurs, nous allons par exemple reverser 50% de nos bénéfices pour notre prochaine soirée à l’association Aux arbres citoyens ! Bordeaux Métropole.

Quels ont été les projets que vous avez mené à Bordeaux depuis votre création ?

Nous avons travaillé en collaboration avec l’hôtel JOST pour nos quatre premières soirées à Bordeaux l’an dernier. Ils proposaient un format de coproduction intéressant dans un lieu possédant une acoustique exceptionnelle qui nous plaisait beaucoup. Il est très bien conçu pour accueillir des évènements musicaux. Deux soirées furent organisées dans le Lieu Chéri, leur salle de concert, ainsi que deux soirées pendant l’été sur leur rooftop au 7ème étage de l’hôtel.

L’équipe de La Superlative sur le rooftop de l’hôtel JOST

Pour notre dernière soirée au Lieu Chéri nous avions invité Djedjotronic pour un grand moment de musique. Le bâtiment du JOST se distingue par une qualité exceptionnelle, peu commune à Bordeaux. Quelques difficultés pratiques nous ont poussées à rompre notre collaboration, mais nous sommes heureux d’avoir contribuer à faire connaître ce lieu aux Bordelais·es.

Comment percevez-vous la scène culturelle – notamment électronique – bordelaise ?

La scène culturelle bordelaise, notamment électronique, est bien présente, même si Bordeaux est parfois surnommée « la belle endormie ». En réalité, de nombreux collectifs travaillent dur pour proposer une offre culturelle à la fois diversifiée et innovante. D’où notre envie de créer un collectif différent, engagé sur des valeurs fortes telles que l’écologie. 

Bordeaux laisse la part belle aux artistes de tout bord, notamment dans la musique et spécialement dans la musique électronique. De grands noms de la scène électronique sont originaires de Bordeaux, on peut citer Djedjotronic, Mezerg ou Anetha qui rencontrent un franc succès mais il y en a d’autres.

À Bordeaux, les gens sortent différemment et plébiscitent d’autres formats (que nocturnes), tels que des open air en journée ou en début de soirées.

Alex (La Superlative)

Le monde de la nuit est parfois encore vu d’un mauvais œil par les autorités locales qui peuvent mettre des bâtons dans les roues des acteur·ices de cette industrie. De plus, les gens sortent différemment et plébiscitent d’autres formats, tels que les open air en journée ou en début de soirées. C’est donc aux acteur·ices des musiques électroniques de s’adapter et de proposer ce que les gens recherchent. 

D’où notre motivation de créer des évènements dans des lieux différents (comme la salle du Grand parc pour notre prochaine soirée) avec des horaires qui peuvent attirer un public qui voudrait sortir sans pour autant se coucher au petit matin.

La Salle des Fêtes Bordeaux Grand Parc où La Superlative organise son prochain événement, le 9 novembre, avec Emma B.

À propos de la vie nocturne locale ; vous avez organisé un certain nombre d’événements dans plusieurs lieux de la ville ; quel regard portez-vous sur le nombre de lieux de diffusion à Bordeaux à l’heure où beaucoup ferment ces derniers temps (Tapage/One Percent/L’Eglise…) ?

Il est vrai que plusieurs lieux de Bordeaux, comme Tapage, One Percent ou L’Église, ont fermé récemment, ce qui soulève des inquiétudes. Ils ont fermé pour des raisons différentes chacun. Certains ont évoqué leur désaccord juridique et administratif avec la ville de Bordeaux. C’est une situation regrettable, mais il est important que les lieux de diffusion respectent les règles pour garantir un cadre sécurisé et durable.

Si ces espaces ferment, cela risque de rendre la scène nocturne plus exclusive et de réduire les options culturelles.

Alex (La Superlative)

Dans le cas de l’Église et de One Pourcent, ils ont annoncé leur fermeture car les lieux n’étaient plus viable économiquement à la suite de l’arrêté préfectoral qui interdit aux bars associatifs de servir de l’alcool après deux heures du matin. Cette mesure peut avoir des effets négatifs sur la vie nocturne bordelaise, en particulier pour les étudiant·es et les jeunes qui cherchent des alternatives plus abordables aux clubs. Les bars associatifs jouent souvent un rôle essentiel en offrant des lieux plus accessibles et conviviaux. Si ces espaces ferment, cela risque de rendre la scène nocturne plus exclusive et de réduire les options culturelles.

L’IBOAT est également dans une phase de grande difficulté financière avec un redressement judiciaire repoussé au jeudi 30 octobre. Ce qui est plus inquiétant car c’est vraiment l’acteur majeur de la musique électronique depuis 13 ans à Bordeaux. On espère vraiment qu’ils s’en sortiront car ce serait une grande perte pour notre ville.

Le One Percent à Bordeaux

Cela étant dit, la scène culturelle bordelaise reste très vivante, avec de nombreux nouveaux espaces pour accueillir du public comme Village 59 qui ouvrira bientôt ses portes. Ces fermetures nous rappellent l’importance de soutenir les initiatives locales tout en veillant au respect de certaines normes, afin de préserver une offre culturelle dynamique et respectueuse.

Vous accueillez Emma B à la Salle des Fêtes Bordeaux Grand Parc le 9 novembre ; comment se déroule une collaboration avec une telle institution, et pourquoi avoir choisi ce lieu ?

Nous avons choisi la Salle des Fêtes du Grand Parc car c’est une véritable salle de concert, dotée d’un système sonore et d’une acoustique incroyables. Ce qui en fait un cadre idéal pour une artiste comme Emma B. Nous apprécions également le format des soirées proposées ici, avec des concerts qui se terminent à 00h30, offrant une expérience différente de celle des clubs.

De plus, c’est une salle subventionnée par la ville de Bordeaux, ce qui permet de proposer un tarif de location attractif. Nous avions aussi envie de mettre en avant cet espace, encore méconnu du grand public, et nous avons tout de suite imaginé Emma B y faire un set.

Peux-tu nous parler de cette prochaine date et de votre invitée ?

Cette prochaine date du samedi 9 novembre est un projet que nous préparons depuis plus d’un an, avec des investissements conséquents pour une petite association comme la nôtre. C’est un peu de pression pour nous, car la salle a une grande capacité, peu connue comme on l’a dit et qu’il n’est pas facile de faire déplacer les Bordelais·es au Grand Parc. Cependant, nous allons tout donner pour assurer une communication efficace et faire comprendre aux gens que cette soirée vaut le déplacement dans ce quartier du Grand Parc mal perçu malheureusement.

Pour notre évènement majeur, nous avions à cœur de bien choisir notre artiste invitée. Comme une évidence, le nom d’Emma B nous est venu à l’esprit, car on aime énormément la musique qu’elle joue et l’énergie qu’elle dégage lors de ces sets. Nous avons immédiatement envisagé qu’elle pourrait proposer un set immersif, en format 360°, en étant au centre du public. Ce sera une première à la Salle des Fêtes du Grand Parc, et on ne peut en être plus fiers.

Emma est sans conteste une étoile montante de la scène européenne. Son univers musical est unique et peu d’artistes jouent de la house aussi bien qu’elle en mélangeant des sonorités atypiques et de très bon goûts avec des sets pleins de vie. À seulement 28 ans, elle est une artiste accomplie. C’est un plaisir de pouvoir l’accueillir à un moment clé de sa carrière, alors qu’elle est en pleine ascension. Son style, à la fois innovant et accessible, correspond parfaitement à la ligne artistique qu’on veut donner à La Superlative.

Emma B

Quels sont les projets à venir pour La Superlative ?

Nous aimons aborder les évènements les uns après les autres, et c’est vrai qu’il est difficile de parler de la suite alors que nous avons la tête dans le guidon pour celui- ci. Mais pour l’été prochain on aimerait beaucoup avoir notre premier format open air dans un espace public. Après l’annulation de notre open air à la Fabrique Pola fin septembre à cause de la météo, on aimerait se racheter. C’est un objectif pour nous qui avons organisé la plupart de nos soirées en intérieur. Les places sont gardées par les gros collectifs qui ont l’habitude de ces formats, et c’est bien normal, mais on ne désespère pas d’avoir notre créneau un jour.

Pour le moment nous allons nous concentrer sur l’évènement qui arrive mais une chose est sûre, c’est que nous souhaitons avoir une démarche toujours plus éco-responsable tout en présentant des événements innovants dans des lieux surprenants avec des artistes engagé·es.