Nina Laisné à l’artothèque : spectres d’histoires et de mémoires collectives

Diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux en 2009, Nina Laisné revient dans la région de ses études pour exposer Spectres à l’Artothèque de Pessac. Zoom sur cette exposition qui se déroule du 23 mai au 31 août 2024. 

Crédit photo : Gaëlle Deleflie

Voyager, créer et dévoiler

Entre Madrid et Besançon, en passant par New York ou Berlin, Nina Laisné voyage et tient des expositions dans le monde entier. Cette dimension internationale se retrouve fortement dans son travail, qui s’inspire de folklores et d’histoires collectives de nombreuses régions. Plus particulièrement, les mémoires sud-américaines telles qu’exprimées dans les musiques traditionnelles et que l’artiste a étudiées auprès d’un guitariste argentin tiennent un rôle central dans ses œuvres.

Ces dernières, construites sur une étude poussée d’archives et de traditions orales, posent un regard sur les marginalités, leur place dans les mémoires et leur perception. Le travail de Nina Laisné se veut alors politique. Il est empreint d’une transnationalité engagée qui questionne les discours hégémoniques.

Nina Laisné est spécialisée en photographie et vidéo. Son art, constamment à la recherche de renouveau, est polyforme et polysémique. Elle travaille également sur les arts vivants et ouvre des dialogues avec des créations musicales ou plastiques. En 2017, de sa rencontre avec François Chaignaud est ainsi né le spectacle Romances inciertos, un autre Orlando, tandis qu’en 2019, son film L’air des infortunés remportait le prix du meilleur court-métrage à l’International Short Film Festival de Moscou.

Les spectres de Nina Laisné

Cette dernière œuvre, installée face à un autre court métrage intitulé Mourn, O Nature!, est au centre de l’exposition Spectres, actuellement à les arts au mur artothèque. Le lieu accueille une grande partie du travail de Nina Laisné, donnant l’occasion aux visiteurs et visiteuses d’admirer les fluctuations et la profonde diversité de son art depuis sa sortie d’école jusqu’à aujourd’hui.

On y retrouve des installations, des films ou encore des photographies prises par l’artiste, un ensemble qui suit toujours la volonté de mettre en lumière ce que l’Histoire officielle a pu masquer sous l’épaisseur des années. Le titre de l’exposition fait par ailleurs référence à ces traces fantomatiques persistantes et cachées entre les lignes des archives ou à la rencontre de mémoires plurielles.

L’œuvre la plus récente de Nina Laisné, aussi exposée aux arts au mur artothèque, illustre bien cette dynamique. Vou esperar a lua voltar, une composition de linogravures, présente à l’encre rouge (couleur du bois de pernambouc, arbre brésilien) un poème de capoeira. Les références au pernambouc, à la lune, aux traditions brésiliennes se croisent finalement pour mettre en lumière la responsabilité de la France dans la colonisation des côtes brésiliennes et dans la spoliation de ses ressources et biens culturels. Spectres s’impose dès lors comme un incontournable pour celles et ceux qui apprécient les arts engagés et révélateurs de récits trop souvent invisibilisés.